
C'était en la journée du 8 octobre que s'ouvrait officiellement la nouvelle édition de la New York Comic Con, le mercredi étant généralement une journée professionnelle réservée aux retailers - soit les libraires spécialisés qui tiennent des comic shops aux États-Unis. Entre les nombreuses annonces faites par les éditeurs (qui seront toutes relayées en temps et en heure dans nos colonnes), c'était aussi l'occasion pour certaines personnalités importantes de l'industrie de faire des discours à l'ensemble des professionnels présents. Là-dessus, Jim Lee s'est fendu d'un long discours dont une partie (voire deux) mérite qu'on y revienne sous forme d'article. En l'occurrence, l'actuel président de DC Comics a tenu à s'exprimer sur l'IA et adopter - enfin - une position officielle de la part de la maison d'édition.
Il aura peut-être fallu attendre longtemps pour que l'un des Big Two s'exprime officiellement et sans détour sur l'utilisation de l'IA générative, mais c'est désormais chose faite. Si Jim Lee avait déjà pu faire quelques déclarations sur le sujet (voir notre rappel en fin d'article), les mots utilisés aujourd'hui sont sans appel et ne laissent plus de doute à l'interprétation. Une chose qui paraîtrait évidente de la part d'un éditeur de bande dessinée, mais les choses n'ont pas forcément été aussi claires ces dernières années, et cette clarification apparaissait sûrement nécessaire, tant pour les retailers que l'ensemble des artistes et auteurs travaillant avec DC Comics. Voilà ce que Jim Lee a prononcé sur l'IA lors de son discours.
"Il est impératif pour les comics de changer et évoluer, et c'est notre rôle, à nous gardiens, de faire de même. Nous voyons un futur perturbant. Un futur fait de bien de nuages sombres à l'horizon. Des défis comme la génération de scripts et de dessins par IA, le déficit d'attention des gens, les personnages qui tombent dans le domaine public, et la guerre sans fin du numérique contre le papier. Voilà une chose : chaque période a ses abeilles tueuses. Je ne sais pas si tout le monde dans cette salle aura la référence. Des abeilles tueuses. Quand j'étais gamin dans les années 1970, on nous disait que des essaims d'abeilles tueuses allaient venir de l'Amérique du Sud et ravager le monde. À l'évidence, ça n'est pas arrivé mais c'est un sujet qui m'a donné bien des insomnies. Puis on nous a dit que la nouvelle économie miracle du Japon allait emporter et réduire en bouillie tous ses concurrents. Ce qui n'est pas arrivé. Puis il y a eu le bug de l'an 2000, puis les NFT [ndlr : M-D-R], et maintenant l'IA.
L'histoire a sa propre façon de ridiculiser les prédictions. Le futur ne devient que rarement ce dont les gros-titres nous avertissent. Mais laissez-moi faire une prédiction à laquelle je sais que je peux me tenir aujourd'hui. DC Comics ne soutiendra aucune forme d'IA, en dessin ou en scénario. Ce ne sera pas le cas aujourd'hui, et tant que je resterai en poste. Parce que ce que nous faisons, et pourquoi nous le faisons, est enraciné dans notre humanité. C'est une magnifique et fragile connexion entre l'imagination et les émotions qui est le terreau de notre média, c'est la matière qui rend notre univers vivant. C'est notre esprit imparfait, le risque créatif, le geste du dessin de la main qu'aucun algorithme ne peut répliquer.
Quand je dessine, je fais un tas d'erreur. Mais c'est justement le principe. Les bavures, les traits trop raides, l'hésitation. C'est mon travail. C'est mon voyage. C'est ce qui rend le tout vivant. C'est le produit d'un effort bien réel, de l'inspiration et de la transpiration. Les fans le savent. Ils le perçoivent. Ils peuvent sentir quanq quelque chose a été fait avec soin, que ça a demandé à l'artiste du temps, de l'énergie, du coeur et de l'effort. Les gens réagissent instinctivement à l'authentique. On a une réaction de rejet envers ce qui est faux. C'est là qu'est l'importance de la créativité humaine. L'IA ne rêve pas. Elle ne ressent pas. Elle ne crée pas d'art. Elle en fait un aggrégat. Notre travail en tant que créateurs, en tant que narrateurs et éditeurs est de faire ressentir aux lecteurs quelque chose de réel. C'est pour ça que nous créons, et pour ça que nous sommes toujours là."
De quoi trancher assez radicalement avec le discours que le même Jim Lee tenait il y a un peu plus d'un an - et par exemple, en réponse à notre propre question sur le sujet lors de sa venue en France, où il exprimait le fait qu'il était encore trop tôt pour DC de se prononcer, et où son avis personnel laissait place à des arrangements légaux ou éthiques. Depuis, de nombreux cas d'utilisation d'IA ont fait irruption dans le domaine des comics, avec la même réaction hostile du public. Jim Lee essaie peut-être aussi de montrer à des Tom Brevoort quelle est la position à tenir lorsqu'on est éditeur d'un grand groupe.
Pour mémoire, notre interview de Jim Lee et son affirmation de l'époque pour les IA à 9'00
Dans la foulée, le discours de Jim Lee a immédiatement été salué par de nombreux artistes de l'industrie, légitimement inquiets de la façon dont l'utilisation de l'IA menace leur travail - alors qu'elle sera potentiellement génératrice d'une immense catastrophe sur l'emploi et l'économie américaine quand, comme les NFT avant elle, sa bulle spéculatrice explosera.
09 Octobre 2025
deviantUne haine ?
1991 , il fait virer Claremont des Xmens , bonne chance pour les scénarios
1992 , 11 numéros des Xmens et au revoir
1992 , Image avec Wildcats , 13 numéros en 2 ans ?
1993 Deathmate crossover avec Valiant , qui devait durer l'été finalement terminé en 94
1995 chute des ventes Image , annonce de Heroes Reborn
1997 Divine Right , 2 ans pour 12 numéros
1998 Signe Alan Moore chez Wildstorm avec ABC mais vend le tout à DC sans le dire à l'avance
2001 annonce label adulte chez Wildstorm , annulé à cause du 11 septempbre
Censure du Authority de Millar
2002 Hush
Disparition du Comics avec Alan Moore
Fin de ABC
2006 annonve de wildcats avec Grant Morrison , 1 numéro
2010 fin de wildstorm
Pour devenir President de DC Comics.....
09 Octobre 2025
Jimmy_WayneJ'ai une haine viscérale contre Jim Lee pour avoir vendu le rêve indé pour une place en tant que roi des voleurs mais même lui voit le soucis de l'IA.
On prend les alliés où on les trouve