Si vous ne le saviez pas encore, sachez que le nouveau film de Jon Favreau, Cowboys & Aliens (Cowboys & Envahisseurs en VF), est en fait adapté d'un graphic-novel sorti en 2006 aux éditions Platinium Studios Comics et édité par Emmanuel Proust récemment en parallèle de la sortie ciné. Nous avons donc pu relire ce titre ô combien décevant.
Le pitch est des plus simples : les aliens envahissent la Terre lors de la fin du XIX et Apaches et Cow-Boys vont devoir coopérer pour repousser les intrus. Bien sûr, des liens entre chaque clans vont se former... Sans aller plus loin, sachez tout d'abord que je n'ai pas encore vu le film donc je ne pourrais dire si il y a juste inspiration ou si c'est une véritable retranscription mais, au vu des
trailers, j'en doute (fort) et j'aurais surement votre confirmation qu'il n'y a presque aucun rapport entre les deux formats à part ce synopsis douteux.
En effet, pas de bracelet, pas de filles aussi jolies qu'Olivia Wilde, pas de James Bond bref, une toute autre histoire ! Mais malgré tout, la qualité est-elle au rendez-vous ? Oui et non. Le récit de Scott Mitchell Rosenberg, Fred Van Lente et Andrew Foley reste classique durant tout son déroulement, sans chercher à trouver l'originalité à tel point qu'en lisant les 10 premières pages on devine rapidement la fin. Cela ne peut que nuire au récit et à l'envie de tourner chaque pages en se disant :"qu'est-ce qu'on me prépare maintenant ?"... Le schéma narratif est des plus simples : invasion alien, coopération Cowboys/Apaches, trahison à gauche et à droite, aliens renvoyés chez eux. Tout est balisé, tout est du déjà-vu et seule la conclusion pourrait nous intriguer. Même les différents sentiments qui se lient entre les protagonistes sont inintéressants et pitoyables. Cependant, il faut bien avouer que certains passages peuvent nous faire sourire avec certains dialogues franchement réussis (le coup du disque) et une auto-dérision assez visible (trop peut-être vu que ça en devient risible à la longue). Un récit trop classique mais qu'on suit avec un certain plaisir grâce à ce second degré qu'on ne retrouve (à ce qu'on dit) pas dans le film.
Malheureusement, les personnages sont eux aussi inintéressants. Eux aussi sont vus et revus : le cowboy jaloux de la femme cowboy qui aime le gentil Apache, les aliens bêtes et méchants (non mais aucune intelligence, c'est grave docteur - outre un design franchement hideux, mais on y revient rapidement). En plus, comme dit plus haut, les différents sentiments intra-personnages sont très mal écrits. On nous propose donc un récit écrit à la va-vite et terriblement bancal... Nous sommes donc devant un concept franchement original et qui peut promettre de grands moments de lectures mais malheureusement, les scénaristes ont en décidé autrement en n'entrant jamais en profondeur et en restant à la surface de toute les bonnes choses qu'on aurait pu nous offrir. Du gâchis qu'on vous dit ! Et ce n'est pas le prologue semi-pédagogique qui va relever le niveau...
De plus, on ne peut pas dire que les dessins relèvent le niveau puisque, autant ne pas y aller par quatre chemins, c'est tout moche. Plus mauvais qu'un mauvais web-comics. Certes, ça se lie au récit très "second-degré" mais on est en droit d'attendre quelque chose d'autre vu la piètre qualité des décors, des scènes d'actions, des personnages, des designs aliens. Ah parce que oui, les aliens sont TRES moches. De plus, ce ne sont pas les couleurs qui vont réhausser le niveau... C'est bien simple, la planche la plus jolie est la couverture. Donc si vous pensez (comme beaucoup de monde) que la couverture est moche, passez votre chemin et on comprend facilement pourquoi Emmanuel Proust a décidé de mettre l'affiche du film - outre l'envie de surfer sur le succès (?) du film en France. Dennis Calero était peu inspiré à ce moment là et on le ressent...
On ne peut que donc vous dire de garder votre argent et d'acheter à la place le magnifique Rocketeer.
Cowboys & Aliens est un mauvais comic-book. Malgré un concept intriguant et pouvant déboucher sur de belles choses, les scénaristes se sont perdus dans les limbes de la médiocrité en nous proposant un récit ô combien ennuyeux et tristement réfléchi. Passez votre chemin et ne regardez surtout pas les dessins !
