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The Wanderer's Treasures #8, WILDCATS : Nemesis

The Wanderer's Treasures #8, WILDCATS : Nemesis

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Notre note

Bienvenue dans la nouvelle édition de The Wanderer’s Treasures. Au programme cette semaine, un complot millénaire, une héroïne seule contre le monde et même Sherlock Holmes. Tout cela se trouve dans WILDCATS : Nemesis, mini-série publiée en 2006 écrite par Robbie Morrison (The Authority) et dessinée par Talent Caldwell (Fathom, Gen 13) et Horacio Domingues (Incorruptible, Welcome To Traquility : One Foot In The Grave).

Ne vous laissez pas abuser par le titre, bien plus que les Wildcats, c’est bien la belle Nemesis (Charis des Adrastea de son vrai nom) qui est la véritable héroïne. Les ‘Cats seront ses adversaires puis ses alliés, mais cette histoire c’est la sienne. Tout commence par l’attaque d’un convoi lourdement armé par Nemesis, qui en plus de massacrer les gardes se débarrasse avec la même aisance des membres des Wildcats qui tentent de l’arrêter (le porte flingue Grifter, la guerrière Zealot, le Superman-like Majestic et Savant, la scientifique qui se téléporte). A noter d’ores et déjà que ces quatre membres de l’équipe sont les seuls qui joueront un véritable rôle. Voodoo, Maul ou encore Warblade auront bien droit à leur petite apparition mais surtout pour faire plaisir aux fans. A la fin de la confrontation, Charis finit par enlever une petite fille nommée Kara, sa cible, et disparaît. On enchaîne alors sur un flashback nous amenant en 995 av. JC sur le Vésuve. Là on voit Charis en train de trahir les siens au profit des cruels Daemonites (les grands méchants de l’univers Wildcats, opposés aux Kherans) et le premier numéro s’achève sur une image de la belle immortelle sur le point de tuer Zealot pour leur prouver sa loyauté.

Les rebondissements seront évidemment légion tout au long de la série et ce jusqu’à une confrontation finale en apothéose. On apprendra tout sur les véritables motivations de Nemesis, son histoire, le complot qui se trame dans l’ombre au fil de l’histoire du monde et ses auteurs. Je ne vous en dis volontairement pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte, mais sachez que le tout est orchestré de main de maître par Robbie Morrison. Non seulement les révélations sont distillées avec à propos (essentiellement par le biais des flashbacks), mais surtout l’auteur réussit la prouesse de concilier le fan service pour les lecteurs de longue date et l’accessibilité pour les néophytes. En effet, nul besoin de suivre les titres Wildstorm ou même la série Wildcats depuis des années pour apprécier le sel des révélations sur l’histoire secrète de leur monde. On découvre au contraire avec plaisir un univers riche et passionnant à mesure qu’on en apprend plus sur la société Kheranes et ses castes (les guerrières Coda, les parias Adrastea, les Bladesmen…) ou sur la naissance du complot que tente de déjouer Nemesis. Et pour les fans, on a droit à une pléthore de détails savoureux comme l’appartenance des divers membres des Wildcats aux diverse castes Kheranes, ou la narration des flashbacks qui se fait par le biais du fameux Planetary guide (le journal de l’histoire secrète du monde tenu par Elijah Snow dans Planetary). Bref chacun y trouvera son compte sans que l’histoire ait eu à être édulcorée ou simplifiée.

Les fameux flashbacks font aussi partie des points fort de la série. Non seulement par la profondeur qu’ils confèrent au personnage de Charis, mais aussi par le rythme qu’ils donnent au récit. Ainsi, si la plupart nous permettent de comprendre comment Nemesis est devenu la paria absolue qu’elle est au début du récit, d’autres narrent simplement sa lutte contre le complot à travers les âges. Drôles et haletantes, ces séquences sont de parfaits intermèdes qui nous amènent au far west ou dans l’Angleterre Victorienne en compagnie de Sherlock Holmes (avec une référence savoureuse à l’œuvre d’Arthur Conan Doyle). Chacune de ces séquences aurait pu mériter un one-shot à elle seule, mais Robbie Morrison réussit à les intégrer à son récit sans forcer et sans donner l’impression de les tronquer. Là encore, c’est de la belle ouvrage.

Mais ce qu’il y a de mieux dans cette mini-série, c’est incontestablement son héroïne. Alors qu’elle n’aurait pu être qu’une énième bad girl armée d’un katana, Charis se révèle un personnage extrêmement bien écrit et complexe. Et surtout touchant. Drôle, charismatique, provocatrice et même casse-cou, elle est aussi faillible et réellement courageuse. Sa détermination est telle qu’elle accepte de passer pour la méchante et d’être méprisée et traquée par ceux qu’elle aimait pour la bonne cause. On ressent une réelle empathie pour elle, pour ses blessures. Et ses histoires d’amour, du flirt avec Grifter à celle avec Majestic, sont toutes très bien écrites. Bref Charis est un excellent personnage dont il est déplorable qu’il n’ait pas été exploité par la suite. Un jour peut être…

Au niveau du dessin, Wildcats Nemesis réussit non seulement à contourner un obstacle mais en plus à en faire un atout. Je m’explique : Talent Caldwell est le poulain le plus connu du regretté Michael Turner (Witchblade, Fathom). D’abord assistant chargé des arrières plans sur Fathom, il a su se faire sa place dans l’industrie, notamment grâce à son travail sur le story arc Godfall de Superman et chez Aspen. Il livre ici une excellente prestation. Son trait n’est pas sans rappeler celui de son illustre mentor, notamment par son aspect un peu anguleux ou ses personnages au physique très années 90 (dans le bon sens du terme : les hommes sont des armoires à glace et les femmes sont sculpturales). Mais il sait aussi s’émanciper, surtout pour ce qui est des visages, avec des traits pour le coup plus ronds et des yeux plus grands. L’encrage de Matt Banning se révèle au passage remarquable. Au niveau des mises en page c’est plus classique que ce à quoi on pourrait s’attendre, mais parfaitement efficace. Et au niveau des designs, c’est excellent, à commencer par le costume de l’héroïne, qui est un modèle du genre.

Malheureusement, Talent Caldwell n’est pas l’artiste le plus rapide du monde. Aussi, pour assurer un rythme de parution décent à Wildcats Nemesis, il a fallu faire appel à un autre dessinateur, j’ai nommé Horacio Domingues. Celui-ci se charge de tous les flashbacks et le résultat est des plus convaincants. Son style est très différent de celui de Caldwell, plus en courbes. Il évoque un peu celui de Joe Chiodo (Danger Girl Special, les covers de Codename : Knock-Out) en cela. Même le grain de l’image est différent, avec un côté presque peinture pour les couleurs et des lignes qui font plus crayonnées qu’encrées. Et pourtant, loin de choquer, cette rupture dans le style graphique aide à mieux séparer séquences présentes et passées et sert finalement le récit. Hélas, malgré cette astuce brillante, on a quand même droit à un fill-in pour le numéro 6 dont les séquences au présent sont dessinées par Andy Smith. Mais bon, pas de quoi gâcher le plaisir de lecture, l’artiste livrant une prestation honorable même si un peu en dessous du reste de la série. Et tout revient à la normale au numéro suivant.

Wildcats Nemesis s’avère donc être une excellente mini-série. L’action y est intense, le scénario bien ficelé et plein de rebondissements, l’univers fouillé et néanmoins accessible. Et surtout l’héroïne est attachante et remarquablement écrite. Un trade paperback regroupant l’intégralité de la série a été édité en VO. Il n’existe malheureusement pas de version française. Sur ce, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne lecture en compagnie de Lady Nemesis. Mais faites attention, elle aime vivre dangereusement…

Jeffzewanderer
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