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The Wanderer's Treasures #7, The Lost Books Of Eve vol.1

The Wanderer's Treasures #7, The Lost Books Of Eve vol.1

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Notre note

Bienvenue dans la nouvelle édition de The Wanderer’s Treasures. Au programme cette semaine de l’aventure, de l’action et la bible comme vous ne l’avez jamais vue avec The Lost Books Of Eve de Josh Howard (Dead @ 17) publié en 2006 (et ré-édité en trade paperback en 2008) chez Viper Press.

Le pitch de cette mini-série en quatre numéros est des plus simple : nous sommes au début de la création et tout va pour le mieux dans le jardin d’Eden, jusqu’à ce qu’Adam (oui, LE Adam) disparaisse mystérieusement alors qu’il naviguait avec Eve. Celle-ci décide alors de partir à sa recherche. Sa quête l’amènera à quitter le jardin d’Eden et à s’aventurer dans un monde peuplé de toutes sortes de créatures fantastiques dont elle ne connaît rien.

Commençons tout de suite par dissiper un éventuel malentendu : The Lost Books Of Eve n’est pas une série anticléricale ni anti-religion. Les seuls qui pourraient se sentir offensés par son contenu sont les plus acharnés des néo-conservateurs américains et autres adeptes de la mouvance tea-party. La mini de Josh Howard est même beaucoup moins subversive que le Preacher de Garth Ennis, la seule « provocation » résidant dans le fait que pour le coup c’est Eve qui a le beau rôle au lieu d’être la seconde moitié d’ « Adam et… ». Mais (heureusement) avoir pour personnage principal une femme forte et indépendante n’est pas aujourd’hui ce qu’on pourrait appeler le comble de l’audace, même s’il s’agit d’Eve.

Puisqu’on parle d’elle, il convient en premier lieu de souligner que l’auteur/dessinateur fait la belle un personnage extrêmement attachant. Elle est innocente et  même un peu naïve, car elle ne connaît rien du monde (elle est la dernière création en date de Dieu), mais aussi intelligente, curieuse, déterminée et courageuse. Bref, une héroïne très réussie, loin des clichés tant de la bad girl que de la demoiselle en détresse. Et elle se débrouille aussi plutôt bien quand il faut en venir aux mains. Adam, s’il est logiquement moins présent, n’en demeure pas moins lui aussi intéressant. Cela notamment parce qu’il est imparfait, et finalement assez touchant. En bref, lui est Eve sont on ne peut plus humains. Le reste du casting est à l’avenant, avec des personnages bien écrits et qui réservent même quelques surprises. La plupart sont tirés de la Bible Hébraïque (qui correspond plus ou moins à l’Ancien Testament avec quelques fioritures en plus) et on saluera le travail de recherche de Josh Howard. Le Créateur et un certain rebelle (jamais nommé mais on devine facilement de qui il s’agit) sont bien entendu de la partie, de même que le serpent (celui de la pomme) qui pour le coup est appelé par son véritable nom : Nakash. Mais on croise aussi des personnages beaucoup moins connu tels qu’Asherah. Il s’agit d’une divinité sémite qui est ici reconvertie en gardienne du jardin d’Eden et qui accompagne Eve dans sa quête d’Adam. Et surtout il y a Melchizedek (dit Mel, on appréciera), personnage mystérieux des écritures bibliques et Lilith. Je n’en dis pas plus sur eux car les détails de leur identité font partie des meilleurs rebondissements de l’intrigue.

Intrigue qui se révèle elle aussi efficace et très dynamique. On ne s’ennuie jamais, notamment grâce à des ellipses judicieuse (entre la fin du premier chapitre et le début du deuxième par exemple), mais sans que l’histoire ne paraisse hachée. En effet, l’auteur alterne scènes d’action et moments plus posés selon un rythme impeccable jusqu’au cliffhanger final annonçant une suite qu’on attend avec impatience. Et l’épilogue de deux pages est la cerise sur le gâteau avec des références théologiques parfaitement amenées (sur l’existence du Diable, le sacrifice du Christ…). Les thèmes de la connaissance, de la curiosité qui pousse à l’acquérir et du libre arbitre sont aussi parfaitement intégrés à l’histoire, notamment par le biais des scènes où Eve est tentée par la pomme.

Mais ce qui fait encore plus la force de The Lost Books Of Eve, c’est la richesse de l’univers créé par Josh Howard. Le monde qu’il imagine est digne des meilleures œuvres d’héroic fantasy avec sa pléthore de créatures fantastiques (golems, démons, les êtres qui peuplaient le monde avant les humains…). Et la petite touche en plus, c’est qu’il intègre la mythologie gréco-romaine à celle de la bible d’une façon inédite, faisant de Zeus un personnage à la Lucifer (plutôt le roi Babylonien qui voulut s’élever au rang de dieu que le Diable). Ainsi le seigneur de l’Olympe règne ici sur Jupiter city (ça ne s’invente pas) en se faisant passer pour un dieu alors qu’il était un gardien chargé de veiller sur la Terre.

Au niveau du dessin, Josh Howard livre une prestation tout aussi remarquable (avec l’aide de Jim Reznowski pour les mises en page). Son style cartonny, dans la droite ligne de ce qu’il montre sur Dead @ 17, fonctionne à merveille. Il confère à l’histoire une légèreté et un dynamisme qui la rendent encore plus agréable à lire, sans nuire aux moments plus dramatiques ou sombres. Les mises en pages et compositions sont classiques, et tiennent bien compte du format un peu particulier du trade paperback (intermédiaire entre comic et manga) pour préserver la lisibilité. Les designs des personnages sont irréprochables. Eve est sexy en diable (le costume en feuilles est un clin d’œil sympathique), et parfaitement à l’image de son caractère : on perçoit bien son innocence, sa force, sa vulnérabilité, son intelligence… Son visage très expressif (comme ceux des autres protagonistes) y est pour beaucoup. Et  Josh Howard réussit des prouesses visuelles pour s’accommoder de la censure lors des (nombreuses) scènes où elle est dans le plus simple appareil. Nakash a des airs de Quetzalcóatl avec ses ailes bigarrées, Asherah et Lilith évoque plutôt les bad girls des années 90 et Melchizedek a quelque chose de Conan. Ce pot pourri de références éclectiques donne un résultat séduisant. Et mention spéciale pour le Créateur. Les décors sont eux aussi très inspirés, qu’il s’agisse de Jupiter city ou de la planète Tiamat, et contribuent à donner vie à l’univers de la série. Enfin les couleurs très vives (assurées par Howard avec l’aide de Nicc Balcce et Ramon Espinoza) sont la cerise sur le gâteau.

The Lost Books Of Eve s’avère donc être avant tout une excellente histoire d’aventure, très enlevée, qui se passe dans un monde riche et captivant et portée par des personnages attachants. Les nombreuses références à la Bible et les thèmes évoqués (la recherche de connaissance, le libre arbitre) lui confèrent une profondeur bienvenue. Et Josh Howard confirme qu’il est aussi à l’aise en tant que scénariste qu’en tant qu’artiste. Alors n’hésitez pas à vous procurer cet excellent trade paperback (malheureusement disponible uniquement en V.O.) et à le savourer au soleil en croquant dans une pomme bien fraîche…

Jeffzewanderer
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