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Royal Space Force, la review

Royal Space Force, la review

ReviewDelcourt
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Notre note

Les grands auteurs ont une ou plusieurs obsessions qui reviennent en boucle, on entend même souvent dire qu'ils écrivent toujours la même histoire. Sans aller jusque-là, il faut admettre que Warren Ellis a des thèmes récurrents qui s'adaptent et épousent ses différents ouvrages. Et Royal Space Force ne fait pas exception à la règle. Revenons-donc sur cette mini-série que Delcourt a récemment édité.

God Bless The Space

Royal Space Force est une mini-série en trois volets parue chez Image sous le nom Ministry of Space. Les deux premiers numéros étaient sortis en 2001, et le dernier en 2004 (aucune idée de la raison de ce retard), elle est déjà parue en France chez Semic sous le nom de Ministère de l'Espace. Cet ouvrage appartient à une trilogie informelle, puisque chaque histoire est indépendante mais abordant toutes le thème de la conquête de l'espace, comprenant aussi Ocean et Orbiter. Cette fois-ci, Ellis nous présente une uchronie où les Anglais ont subtilisé les savants allemands, responsables de la fusée V2, aux Américains, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Ce qui en découle est une réalité alternative, où la première puissance spatiale n'est ni les USA, ni l'URSS, mais bien l'Empire britannique. Et ce n'est pas une faute que de dire qu'il s'agit d'un Empire, puisque celui-ci se maintient grâce au rayonnement qu'acquiert la couronne avec son Ministère de l'Espace. Car là est la force du scénariste britannique, car tout en évoquant, avec précision et moult détails qui traduisent son travail de recherche, ce pan de l'Histoire, il analyse l'impact qu'aurait eu ce changement sur l'ensemble des événements de l'époque. Et en négatif, cela démontre quels ont été les grandes avancées du Royaume-Uni causées par la perte de sa grandeur passée. Car il est ici question en filigrane de la décolonisation, de la ségrégation et des acquis sociaux, ainsi que des relations diplomatiques de la Guerre Froide, tout ce que les britanniques ont obtenu quand ils ont perdu leur statut de super-puissance.

Uchrony In The U.K.

Quand on évoque une oeuvre de Warren Ellis, on oublie souvent d'évoquer les artistes qui l'accompagnent, alors que celui-ci a tout de même travaillé avec des dessinateurs de génies comme John Cassaday (Planetary), J. H. Williams III (Desolation Jones) ou Juan José Ryp (Wolfskin) ppar exemple. Ce serait encore une fois faire une erreur, puisqu'ici le dessinateur est Chris Weston, qu'on a notamment pu voir sur The Twelve. Son style, qui emprunte beaucoup à Don Lawrence ou Al Williamson, colle à merveille à cette épopée spatiale. Et si on lui associe Laura Martin, sans doute l'une des meilleures coloristes actuelles, alors visuellement, c'est tout bon. L'écriture d'Ellis est assez classique, il va vite et ne se perd pas en circonvolutions. Il perd peut-être un peu d'humanité et de force dans sa démonstration en voulant aller si vite, ce qui est assez dommageable, tant on aurait voulu qu'il creuse cette idée. De plus, le mystère du financement du Ministère de l'Espace, ce fameux budget noir qu'on évoque dès les premières pages, est révélé par un twist facile à la fin, alors même que l'on s'en doutait fortement pour peu qu'on connaisse un peu cette période de l'Histoire. Mais un scénario du l'écrivain natif de l'Essex, même léger comparé à d'autres oeuvres plus travaillées comme Transmetropolitan ou Planetary, est toujours agréable à lire. Et la dernière image de cette mini-série est un véritable coup de poing au plexus qui traduit tout le talent que peut avoir Warren Ellis.

On peut conclure en disant que tout en abordant un sujet qui lui tient à coeur et qu'il maîtrise, Ellis nous livre un ouvrage en demi-teinte. Mais ne serait-ce que pour les détails nombreux qui ornent les planches de Weston et le plaisir de voir les Américains une nouvelle fois ridiculisée par le scénariste anglais, cette oeuvre mérite qu'on y jette un coup d'oeil. Surtout que comme à son habitude, Warren Ellis écrit avec une réelle intelligence et beaucoup de finesse. Et l'édition de Delcourt est à la hauteur de la série, avec sa préface de Mark Millar, jurant comme à son habitude, qui déclare son amour pour Ellis, et la postface de l'auteur lui-même qui revient sur la genèse de l'oeuvre.

 

La note d'Alfro: 3,5/5

Alfro
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