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Lively Genesis #5: Daredevil

Lively Genesis #5: Daredevil

chronique

Il y a des personnages qui subissent des fortunes diverses, qui jouent aux montagnes russes de la publication. Daredevil en fait sans nul doute partie. Après les runs, acclamés par la critique et plébiscités par les lecteurs, de Brian M. Bendis puis d'Ed Brubaker, celui d'Andy Diggle a laissé un mauvais arrière-goût d'inachevé, l'event Shadowland ayant reçu un accueil plus que mitigé, à raison. Le résultat est tellement controversé que l'on nous a récemment annoncé un reboot de son titre. Pourtant, c'est l'un des héros le plus intéressant de Marvel, son histoire, ses contradictions, sa profondeur psychologique, tout cela en fait un terreau propice pour planter la graine d'une histoire marquante. Nous allons donc revenir sur son passé, en espérant un avenir à la hauteur.

 

Avant les toits, les ruelles

 

Par Bill EverettDaredevil et son alias Matt Murdock apparaissent dans Daredevil #1, en 1964, sous l'égide de Stan Lee (évidemment) et du dessinateur Bill Everett. Mais même s'il n'est pas crédité, c'est Jack Kirby qui a designé le premier costume du protecteur d'Hell's Kitchen, un costume jaune, noir et rouge, Everett n'apportant que quelques modifications (sans vouloir dénigrer ce dernier, il est tout de même le créateur du Sub-Mariner). Dans ce premier numéro, nous découvrons comment Murdock acquiert ses capacités, et pour ce personnage, Stan Lee a voulu partir a contrario de son propre procédé. Au lieu de lui donner un grand pouvoir compensé par un handicap, il part de l'handicap qu'il dépasse pour en faire un avantage. On touche là deux composantes essantielles du personnage, non seulement son caractère est celui de quelqu'un qui se bat pour aller "au-delà", de l'handicap, de l'injustice et de la peur, au point qu'il en devient parfois borné, obstiné à en foncer droit dans le mur. Mais aussi qu'il est une somme de contradiction, il est un fervent catholique mais il s'habille en diable, il est avocat mais il rend la justice par luî-même le soir, et il est aveugle et pourtant il perçoit avec beaucoup plus d'acuité le monde qui l'entoure que la moyenne des gens. C'est avec autant de pistes intéressantes que Daredevil débute sa carrière. Cependant, dès le premier numéro, les obstacles s'accumulent. En effet, Bill Everett ne parvient pas à finir les dessins à temps, et Steve Ditko, qui passait par là, est obligé de finir le travail en une nuit, avant le départ à l'imprimerie. Pendant quelques numéros on assiste à une valse des dessinateurs, Stan Lee étant très ennuyé puisque tous les artistes de son sérail ont déjà leur charge de travail. La solution arrive avec le numéro 5 puisque Marvel signe le grand Wally Wood, qui déjà à l'époque a obtenue une grande renommée, grâce à son travail chez EC Comics durant les années 50. Celui-ci dure un petit moment et en profite pour créer pour le numéro 7 le costume rouge que l'on connait aujourd'hui, plus emblématique du diable. A partir du #12, c'est John Romita Sr. qui dessine le justicier d'Hell's Kitchen, où il trouve le gimmick visuel du balancement au bout du filin de sa canne. Et à partir du numéro 20, c'est le génial Gene Colan qui rentre en scène, et le diable sans peur trouve enfin son dessinateur puisque celui-ci restera jusqu'au #100. L'identité du personnage se développe au sein de ce run, alors que Gene Colan développe un graphisme réaliste, Stan Lee écrit des histoires proches de ce qu'il écrit pour Spider-Man, des aventures enlevées, mêlées de romance et d'humour. C'est sans doute pour ce differencier du Tisseur que Daredevil est délocalisé dans les années 70 dans la ville ensoleillée de San Francisco. Mais c'est assez mal inpiré puisque le quartier d'Hell's Kitchen est une composante importante du personnage, et que sa love story avec la Veuve Noire est assez inintéressante. Donc il revient sur New York. Mais malgré les grands noms qui se succèdent sur le titre, le succès n'est plus au rendez-vous. Comme si tout était dit.

 

Rouge comme le diable, rouge comme le sang

Par Frank MillerEt pourtant, il va retrouver une prime jeunesse, comme s'il naissait à nouveau. Mais l'accouchement se fera dans la douleur, sans péridurale. En effet, Frank Miller, qui déjà dessinait le titre, va devenir en devenir le scénariste à partir du numéro 168, en 1979. Et il va redéfinir l'univers de l'Homme sans Peur. Fini l'humour bon enfant, l'atmosphère s'assombrit, Miller va chercher le Caïd dans la galerie de vilains de Spidey, puis introduit des ennemis qui ne sont plus des vilains costumés mais le crime organisé. Il rajoute en plus de cela un univers qu'il réexplorera plus tard dans Ronin, le japon médiéval, avec des ninjas, les Chastes et même Elektra. Et il détruit les repères précedemment acquis, le Caïd n'use pas de sa force, pourtant exceptionnelle, mais de sa ruse, une fourberie qui mine le monde de maître Murdock comme de son alter-ego. Le scénariste britannique mène son personnage sur les chemins de l'angoisse, de l'introspection et du doute. Le point d'orgue de ce jeu de démolition intervient lorsque Bullseye poignarde Elektra et que dans sa furie vengeresse Daredevil laisse le psychopathe paralysé. Cet événement conduira notre héros vers une dépression nerveuse, une première dans les comics! Frank Miller, avant son passage sur Batman, redéfinit ici le genre super-héroïque, il redescend ces figures mythiques de leur Olympe. Le futur père de Sin City explore l'inconscient de son protagoniste comme un être humain qui pratique une activité hors-norme, voire, qui relève de la psychose. En 1983, il fait une petite pause, puis revient en 1985 accompagné aux dessins de son compère de Batman: Year One, le talentueux David Mazzucchelli. Il revient à la charge sur l'analyse des tourments intérieurs, cet arc où Daredevil livre un combat contre ses démons intérieurs est un monument de narration et d'innovation graphique. Juste avant de partir du titre, Frank Miller lance une campagne de destruction du monde de Matt Murdock. Il fait intervenir l'ancienne assistante de l'avocat, Karen Page, qui revient à New-York et ex-pornstar au bout du rouleau, aux abois, elle livre contre rétribution au Caïd, Wilson Fisk, l'identité civile du Diable Rouge. Le chef de la pègre en profite pour démolir la vie professionnelle et personnelle de son vieil adversaire. Et en point d'orgue , un adversaire inhabituel lui est envoyé, le grand malade de Nuke, militaire psychotique et adepte de la démolition en règle. Il faudra l'intervention de Captain America pour sauver Daredevil. Quand Frank Miller laisse à ses successeurs, en 1986, le personnage torturé et au bord de la dépression. Son passage sur la série aura marqué le mode des comics, et est l'un des chefs-d'oeuvre du catalogue Marvel.

The Man Without Fear

Par Alex MaleevAprès s'ensuivra des histoires évidemment de moindre qualités. Aucun scénariste ne réussissant à atteindre les sommets atteints par Miller. Beaucoup d'événements font d'ailleurs écho avec le run du scénariste anglais. Bullseye tue une autre proche de Murdock, Karen Page cette fois-ci. Daredevil, comme avec Elektra, tombe amoureux de l'une de ses ennemies, Mary Typhoïd, créée pour l'occasion. Et Mystério, à la manière du Caïd, essait de détruire les repère du Diable Rouge, mais avec des plans moins retors (un comble pour ce génie de la manipulation). Même un duo aussi talentueux que celui composé de Kevin Smith et Joe Quesada ne parvient à égaler la période des années 80, même si ce qu'ils livrent est assez sympa. David Mack, à leur suite, en arrive au même résultat, mais il à l'avantage de faire venir chez Marvel, et plus particulièrement sur Daredevil, le scénariste Brian M. Bendis. A partir de Daredevil (vol.2) #26 (en 2001), celui-ci s'associe à l'illustrateur Alex Maleev pour un run qui durera près de quatre ans et qui sera unanimement reconnu comme l'un des meilleurs comics du moment. On remarque très vite qu'ils se démarquent de leurs prédécesseurs, par un dessin plus réaliste et sombre, et une narration plus introspective et torturée. Mais Bendis n'emprunte pas le chemin tracé par les pas de Miller, même si l'influence de ce dernier est évidente, à la différence de son aîné, il approche le personnage comme un être tourmenté mais dont les faiblesses sont celles d'un homme ordinaire, l'obstination, une fierté exacerbée et une colère qu'il ne maîtrise pas toujours. Et partant de là il jette l'acrobate costumé dans la tourmente, en faisant révélant son identité à la presse, le poussant dans ses retranchements, et en faisant revenir Wilson Fisk. Pour contrer le chef de la pègre, Daredevil le combat puis prend sa place. Ainsi, Bendis place le personnage sur le parapet fait de pierres friables qui sépare le Bien du Mal. C'est le prolongement naturel de cet être tourmenté et dichotomique qui a toujours été partagé entre damnation et rédemption, entre la Justice et l'Ordre. Ed Brubaker prendra sa suite et continuera avec le même talent cette voie.

Par Michael Lark

 

/!\Spoiler pour lecteurs VF/!\

Après, Andy Diggle reprend le titre. Daredevil prend la tête de la Main, et pense pouvoir utiliser la secte d'assassins pour rendre la justice. Mais il se laisse corrompre et passe du côté obscur. Dans le discutable event Shadowland on apprend en fait que le justicier était sous l'emprise d'un démon. Guéri par Iron Fist, il cherche désormais, dans les pages de Daredevil: Reborn à remettre de l'ordre dans ses pensées et sa vie, loin de toute l'agitation urbaine. Mais le crime rôde toujours, et il ne peut s'empêcher de défendre l'innocent.

 

Top 5 des histoires relatives au personnage

-Daredevil #1 (1964): Création de Daredevil

-Daredevil #181 (1982): Elektra meurt dans les bras de Daredevil après avoir été poignardée par Bullseye

-Daredevil #231 (1986): Miller explore l'inconscient tourmenté de Matt Murdock

-Daredevil: Yellow (2001): Jeph Loeb et Tim Sale réexplorent les origines de Daredevil

-Daredevil (vol.2) #71 (2005): DD prend la place de Fisk. Le tout orchestré par Bendis et sublimé par Maleev

Alfro
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