Il y a quelques jours, les éditions Marvel annonçaient la fin programmée de leur exploitation des droits en bande-dessinée de la propriété intellectuelle Conan le Barbare. La structure Cabinet Entertainment, détenteurs du personnage de Robert E. Howard aux Etats-Unis, compte effectivement faire cavalier seul dorénavant avec leurs propres projets de comics, à terme. En Europe, la fin du contrat de Marvel n'aura pas d'impact réel sur l'importation des comics Conan sur les différents territoires couverts par le groupe Panini - l'enseigne a tenu à faire cette précision auprès du lectorat, dans un communiqué.
A l'Ouest, rien de nouveau
Titulaires de longue date des droits de Conan, Panini était effectivement déjà en contrat avec Conan Properties International, une sous-division de Cabinet Entertainment dédiée à la gestion des droits du barbare, longtemps avant que Marvel ne récupère le personnage pour publier de nouvelles bandes-dessinées aux Etats-Unis. Un accord signé qui s'étend d'ailleurs à de nombreux pays en dehors de la France, et qui concerne à la fois les archives et les nouvelles créations. Les Chroniques de Conan (Savage Sword of Conan) avait par exemple entamé sa parution dès 2008 chez Panini, à un moment où le groupe Marvel n'avait pourtant plus les droits d'utilisation de cette propriété intellectuelle.
En somme, l'éditeur restera bel et bien le seul garant des comics Conan le Barbare - en parallèle d'autres projets plus diffus. Pour rappel, le micmac juridique des droits sur le personnage de Robert E. Howard fonctionne différemment en fonction des législations. En France, certaines nouvelles de l'auteur sont ainsi tombées dans le domaine public, permettant notamment à la maison d'édition Glénat d'en adapter plusieurs dans le cadre d'une collection d'albums réalisée, au départ, par le scénariste Jean-David Morvan sous le titre Conan le Cimmérien. Cette ligne existe depuis plus de quatre ans, en parallèle des projets développés par Marvel aux Etats-Unis sous accorde de licence, et transportés de notre côté de l'Atlantique par Panini Comics. La méthode qui permet ainsi à la structure d'échapper à l'oeil vigilant des avocats de Cabinet Entertainment.
Cette différence de traitement s'est multipliée pour une double exploitation des aventures du personnage à rythme soutenu et avec des équipes créatives variées (un nouvel album, Xuthal la Crépusculaire, était encore édité en janvier de cette année par Christophe Bec et Stevan Subic). En somme, l'éditeur italien restera maître des comics, tandis que Marvel paume les droits aux Etats-Unis et que Cabinet compte relancer sa propre franchise - qui passera toujours par la maison Panini - et que la France bénéficie d'un genre d'exception culturelle. Et dites vous que si ça tout ça paraît compliqué, le cas des droits pour d'autres supports (ou la situation particulière du personnage de Red Sonja) sont encore un autre sujet. Côté BD à l'américaine, au moins, le cas reste assez clair.
