Dans le détail des grandes périodes de la carrière d'Alan Moore, beaucoup tendent à considérer les années WildStorm comme le moment le plus intéressant à suivre ou à commenter, au vu de la quantité de bouquins importants imprimés dans cette enclave. Après avoir claqué la porte de DC Comics suite à un litige sur les droits de Watchmen et la vente de produits dérivés, le scénariste se réfugie, après quelques aventures, dans les bureaux de la jeune maison d'édition fondée par Jim Lee sous la toiture d'Image Comics.
En parallèle de travaux importants pour son propre imprint America's Best Comics, Moore, beau joueur, participera à différents projets lancés par les jeunes loups de Todd McFarlane. Une mini-série Voodoo, quelques épisodes de WildC.A.T.S., un peu de Deathblow, de Spawn, de Youngblood et, plus tard, beaucoup de Supreme pour la société Awesome Comics de Rob Liefeld. En ces heures de confinement, l'éditeur Scott Dunbier, responsable des projets America's Best Comics à l'époque et actuel employé d'IDW Publishing, s'est laissé aller au jeu du nettoyage de printemps, trouvant dans le foutoir des archives quelques documents historiques dignes d'intérêt.
L'ancien collaborateur de Moore nous apprend que l'auteur avait aussi pour projet de travailler sur la série Gen 13 de Jim Lee, Brandon Choi et J. Scott Campbell à l'occasion d'un Annual de 48 pages. Dunbier partage sur les réseaux sociaux l'ouverture d'un script jamais illustré ou publié. S'agissant d'une proposition de Moore, la première des quatorze pages prévues, un énorme bloc de texte compact peuplé d'indications adressées au dessinateur, ne couvre qu'une seule case du numéro avorté. A ceux qui n'auraient pas envie de se ruiner les yeux à déchiffrer cet amas chaotique de pixels, BleedingCool a pris le temps de transposer la page sous forme manuscrite (voir lien source).
L'éditeur partage quelques autres trésors d'archives, parmi lesquels se retrouve la proposition originale d'Alan Moore à WildStorm pour l'imprint America's Best Comics, et une page du script de Promethea. Reste à espérer que Scott Dunbier apprenne l'existence de cette technologie expérimentale ou avant-gardiste que les fondus d'informatique appellent le "scanner", histoire de laisser au monde le plaisir de découvrir de plus près ces perles d'une époque plus simple, où le scénariste croyait encore pouvoir échapper aux interminables tentacules de ses anciens patrons.