En marge de son succès, historique, dans les salles, le film Joker de Todd Phillips sera devenu en l'espace de quelques semaines un nouveau symbole de contestation à différents endroits du monde. Si les sociétés d'Occident auront, pendant un temps, accusé cette adaptation "libre" de promouvoir la violence faite aux femmes et d'encourager les comportements individuels déviants (en particulier aux Etats-Unis, où la peur du tueur isolé et des fusillades croît un peu plus chaque année), la sortie du film aura précédé ou accompagné différents mouvements de protestations dans des zones plus défavorisées.
Sur place, au Liban, en Irak, au Chili, à Hong Kong et même en Espagne, les manifestants auront embrassé l'imagerie de cette foule en colère, notamment, contre le politique et les inégalités, galvanisée par les actes du déséquilibré Arthur Fleck. Certains auront choisi d'embrasser le symbole comme un commentaire sarcastique sur le pouvoir en place, comme en Angleterre, où le Premier Ministre Boris Johnson aura été caricaturé en Joker, dans les rangs des anti-Brexit. En Irak, l'artiste Ahmed Shawqi aura inséré Joaquin Phoenix en clown dans les photos de scènes d'affrontement avec les forces de l'ordre, tandis qu'au Liban, à Beyrouth, le collectif Ashekman se sera amusé à faire du Joker une figure du street art contestataire.
Tandis que différents éditorialistes commencent à s'intéresser à cet étrange phénomène sociétal, on a également pu apercevoir des clowns dans les manifestations parisiennes récentes. Moins présent pour le moment que dans d'autres endroits du monde, le symbole commence à pénétrer dans les couches parisiennes, forcément compatible avec les revendications des Gilets Jaunes (mais si, c'est Juan Branco qui l'a dit). A voir si d'autres Fleck se déclarent d'ici les prochaines semaines - le 5 décembre en ligne de mire - en n'oubliant pas le collectif Désobéissance Ecolo Paris.