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La Grande Aventure LEGO 2 : Un peu de désordre dans le coffre à jouets

La Grande Aventure LEGO 2 : Un peu de désordre dans le coffre à jouets

ReviewCinéma
On a aimé• Pacific Rim, c'était quand même le feu
• Oh, y a The Lonely Island au générique
• Plus, toujours plus de raptor-lasers
• Il n'y a pas de Funkos dans ce film
On a moins aimé• Il est où Spider-Man ?
• Il est où Iron Man ?
• Il est où Hulk ?
• Toujours pas d'annonces pour un Jump Street 3 en LEGO
Notre note
Disclaimer : la rédaction dans son entier (donc, nous deux) n'a pu découvrir le film que dans sa version française. Aussi, ne sera pas évoquée ici la performance des comédiens, puisque si la distribution francophone propose un travail d'interprétation tout à fait correct et agréable, il sera conseillé au lecteur de préférer le doublage anglophone, comme à chaque sortie de ce genre. Cela étant, si vous n'avez pas le choix ou avez des enfants pas encore préparés à l'exercice de la VOSTFR, le film s'apprécie globalement très bien en VF. 
Petite mention supplémentaire : le doubleur de Christian Bale dans les Dark Knight, Philippe Valmont, accompagne une nouvelle fois Batman pour ce nouveau film, et ça c'est plaisir. 
 

Au moment de proposer la suite de La Grande Aventure LEGO, la question se posait pour Phil Lord et Chris Miller, deux têtes bien installées dans les sphères de l'animation grand public, de réussir une seconde fois un pari compliqué. Passé le cap des adorateurs, des complétistes de la brique danoise, le premier film avait su créer une proposition intéressante en ne s'éloignant pas des fondamentaux de ce que sont, justement, les LEGOs en tant qu'objet de l'enfance : une machine à inventer, une boîte à outil pour l'imaginaire, et un produit très largement associé aux déclinaisons de franchises.
 
La Grande Aventure LEGO avait tenu son pari. Le film était drôle, touchant, jouait intelligemment sur les codes du cinéma d'Hollywood et distillait un message qui arrivait à justifier tout le projet de "l'adaptation de jouet", une trouvaille corporatiste que d'autres espèrent bien imiter avec des intentions ou des méthodes plus ou moins louables. Ce qui avait tout d'un succès surprise s'est cependant décliné en une énième franchise, avec le risque (inévitable) de faire moins bien, ou simplement, de faire la même chose sans l'effet de surprise. Le piège est là : passé un twist symbolique et émouvant sur la relation père-fils, un rapport au réel à la Toys Story est un déluge de vannes méta' sur les goodies de fans, que reste-t-il de neuf à amener à l'équation ?

 

Ce nouveau film s'ouvre au moment où s'achevait le précédent, à la seconde près. La petite soeur aux mignons Duplos, cette version simpliste des LEGOs destinée aux touts petits, a envahi l'univers urbain de son frère - semant panique et destruction sur son passage, dans ce qui se ressent pour les personnages comme une invasion extra-terrestre. De premières références se baladent çà et là, avec des hommages à Pacific Rim et Mad Max, dont l'imaginaire apocalyptique nourrit désormais le grand marionnettiste qui agite ces pièces. 
 
Cinq ans ont passé entre le premier et le second film. Le gamin, qui construisait ses scénarios autour de prophéties et de héros de la légende, préfère aujourd'hui les ambiances plus sombres influencées par George Miller, et bâtit un monde où tout le monde a évolué vers une conception adolescente du cool, plus noire, plus sérieuse. Seul le sympathique Emmett est resté égal à lui-même : souriant, jovial, heureux de vivre dans cette nouvelle société traumatisée par l'arrivée des aliens et la peur de leur retour, imminent. 

 

Après le passage au réel proposé par le premier film, Lord et Miller choisissent d'aller plus rapidement toucher au sens de leurs métaphores. Le public sait désormais que toute l'aventure ne se passe que dans la tête d'un enfant qui s'amuse à inventer des histoires - loin de mettre cette idée de côté, les scénaristes choisissent de se concentrer dessus en resserrant le rapport réel/fiction, et en faisant de cet élément le point d'accroche de toute leur histoire. Une intrigue de la vraie vie évolue en parallèle de l'aventure que vivent les personnages, suffisamment explicite pour en apprécier la forme, et suffisamment distillée pour en savourer le dénouement. Si le premier film évoquait la relation père/fils, celui-ci va jouer avec le passage de l'enfance à l'adolescence, et le rapport fraternel. Le fait de grandir, le fait d'abandonner peu à peu l'inconséquence des premiers pas, de se diriger progressivement vers l'âge adulte et d'oublier le gamin innocent que l'on était. 
 
Le film joue sur plusieurs niveaux de lectures et, à l'image du premier, fera résonner différentes cordes sensibles selon l'âge ou le degré de parentalité du spectateur. Le principe reste sauvegardé : plus qu'un film normal ou marrant qui n'aurait pour seule originalité que le fait d'avoir des LEGOs comme décors et comme personnages, la saga reste avant tout une réflexion emplie de tendresse sur notre rapport aux jouets et à l'imagination. En cela, les deux films LEGOs se placeraient comme des héritiers directs de Toy Story, ce deuxième volet en particulier puisqu'il se donne pour mission (complexe) de traduire avec des jouets et un scénario de blockbuster lambda le rapport d'un grand frère bougon à son adorable petite-soeur, en assumant jusque dans les dialogues l'idée que tout ça n'est qu'une métaphore bien huilée. 

 

Problème, cette transition s'accompagne mathématiquement de problèmes de rythme : le film met un certain temps à démarrer passées les premières minutes de présentation, et empile des vannes à efficacité variable pendant tout le premier tiers. L'idée de ces deux "parties" d'intrigues, connectées par une idée toute bête, met un certain temps à trouver une résonance pour le spectateur qui se retrouve pendant une bonne demie heure devant un film qui ne fait que progresser sans beaucoup d'énergie. De bons gags se bousculent çà et là, on retrouve de bonnes références au premier film, quelques discours engagés en sous-texte par endroits, mais la générosité furieuse ou l'idée de parodier Hollywood est moins évidente au premier abord.
 
La franchise LEGO est désormais un monde à part entière, qui a moins besoin de puiser dans d'autres sagas déjà établies. On retrouve moins de clins d'oeils à d'autres univers, même si ceux qui se promènent dans le paysage sont toujours bons à prendre (le Aquaman de Jason Momoa en particulier). Les tacles à Warner Bros. sont encore présents, le film transforme le piètre Jurassic World et ses raptors dressés en une vanne merveilleuse, Batman reste l'un des meilleurs personnages du film, mais le fait de se reposer exclusivement sur les héros du premier film et un nouvel univers alien qui se passe de clins d'oeils méta' aussi directs enlève un peu de la générosité de licences qui faisait partie des forces du premier, voire de LEGO Batman et de son armée de vilains venus de la Phantom Zone. Plutôt intime, le film repose en fait essentiellement sur quatre (ou cinq) personnages, et les têtes connues du premier comme le pilote de vaisseau spatial font tapisserie pour l'effort fanservice. 


 
Du côté de la mise en scène, l'ensemble reste diablement rythmé et efficace, qu'il s'agisse des séances d'actions ou des chansons. Plus expressifs que jamais (avec de gros yeux qui pleurent de grosses larmes), les LEGOs sous la caméra virtuelle de Mike Mitchell n'ont jamais paru si humains, et le décalage proposé par les séquences réelles n'est que plus réussi encore lorsque l'on revient à leur aspect concret par-delà les modèles 3D. Cela étant, à l'image du rythme, les premières séquences paraîtront plus étouffées et simplettes, avec un coup d'accélérateur donné à l'apparition de Rex Dangervest, nouveau venu de la saga qui apporte avec lui tout un cortège de références au côté cool de l'aventurier des années 1980 et quelques éléments de mise en scène dans l'ensemble bien trouvés. Mention spéciale à la Reine aux Mille Visages, un gros boulot d'animation pour une structure de personnage polymorphe qui va systématiquement changer d'apparence et toujours paraître vraie derrière les supercheries.
 
Là où Lord et Miller reproduisent un peu de ce qu'ils avaient réussi sur 22 Jump Street, une suite parodique des suites, l'ensemble reste parasité par l'idée que ce film restait malgré tout dispensable. Une reprise de Tout Est Super Génial vient appuyer cette idée, en reprenant les paroles à l'envers comme pour cogner contre le quatrième mur : les créateurs laisseraient entendre, en sous-texte, que tout ne peut pas être systématiquement aussi brillant et réussi la seconde fois. Qu'il faut parfois se contenter d'une aventure "pas mal" ou juste bonne. 


On peut se poser la question du côté des deux créateurs, qui n'avaient au moment du premier film que les Jump Street et Tempête de Boulettes Géantes à leur actif. Quelques années sont passées, et le succès ouvrant pas mal de portes, et il est probable que l'agenda chargé de l'un comme l'autre, ou leur rapport aux suites brillamment détaillé dans Jump Street, ne soient des indicateurs de leur ambition ou de leur capacité à réinventer la roue sur un second film LEGO. Les difficultés se ressentent à l'allumage. Puis, passé la ligne d'arrivée, les intentions du scénario comme du projet en général se ressentent comme une franche réussite - dont personne ne pensait de toutes façons qu'elle serait au niveau du premier volet.

The LEGO Movie 2 : The Second Part est une aventure sincère, doublée d'une réflexion intéressante sur la façon dont on peut faire une suite à un premier succès. Conscients de leurs propres limites, conscients aussi des réussites du précédent, les créateurs proposent une aventure intelligemment construite, toujours assez brillante dans ce qu'elle dit du cinéma d'animation et de comment il est possible de prendre le genre du "film de jouets" au sérieux. En prenant le pari de répondre à la construction à twist qu'ils avaient proposé à l'époque, Lord et Miller gardent intacte l'émotion au détriment du rythme, de l'aspect festif ou méta-textuel de La Grande Aventure, mais parviennent en définitive à retrouver un peu de cette magie rare et fédératrice de l'animation réussie et pour tous les publics. Une bonne histoire, ni plus ni moins. 


Pari réussi pour La Grande Aventure LEGO 2, un film d'animation qui vient compléter l'étincelant parcours de Phil Lord et Chris Miller peu de temps après la sortie de Spider-Man : Into the Spider-Verse. Si cette nouvelle adaptation de la célèbre franchise de jeux à construire reste moins événementielle que celle qui l'a précédée, on en ressort avec de grandes réussites, parsemées de petites déceptions. Moins festive, moins tonitruante, moins mémorable que La Grande Aventure LEGO, cette nouvelle aventure se cogne contre la redondance de certains éléments, tout en continuant à réfléchir ou à émouvoir sur le sujet déjà évoqué de notre rapport aux jouets, à l'imaginaire et à l'enfance. Là où il est très probable que le film signe la fin des aventures d'Emmett et Cooltag, la trilogie des films LEGO complétée par The LEGO Batman (qui aura aussi sa suite) reste un élément rassurant du paysage cinématographique actuel : de bons films pour plusieurs générations de spectateurs, qui nous replongent tous dans l'époque du coffre à jouets et nous rappellent que nous n'avons pas tant grandi que ça. 

Corentin
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