Dernière semaine du mois d'août, et à en croire le nombre de sorties VF, on peut dire que c'est bon, la rentrée a démarré. Du côté de la VO, les éditeurs ne changent pas leurs habitudes et proposent de multiples sorties à tour de bras. Voulez-vous des histoires dark et sérieuses ? Du super-héros comique ? Ou de l'indé progressiste ? Quoi que soit votre préférence, rappelez vous qu'il y toujours un comicbook pour vous, et notre Checklist Comics essaie de mettre en avant ce qui nous paraît à lire dans la masse des comics hebdomadaires !
Bien entendu, nous pouvons passer à côté d'une sortie qui vous importe particulièrement, et ce sera alors le moment de nous le signaler dans les commentaires, histoire d'en faire profiter tous vos compères lecteurs !
Cette semaine s'achève le second des trois chapitres de X-Men : Grand Design. Servie par le brillant Ed Piskor, cette partie Second Genesis s'intéresse avec talent à tout l'arc spatial des mutants et en particulier la Dark Phoenix Saga. Belle manière de redécouvrir ou de se familiariser avec la famille mutante, dans un style de comics indé' particulièrement réussi et toujours bienvenu de la part de Marvel. Bonus track : ça arrive bientôt en VF !
Donny Cates repart loin en amont du jour où le symbiote est venu se greffer à Peter Parker dans Web of Venom : Ve'Nam #1. Focalisé sur les origines des premiers parasites huileux à avoir débarqué sur Terre, ce numéro en forme de one-shot contera les aventures du récemment introduit Rex Strickland - nom de code Tyrannosaure. Pendant le Vietnam, les Etats-Unis se sont servis des symbiotes comme super-soldats contre l'infâme démocrate Charlie. Un plan qui explosera au visage du vieil Oncle Sam, et ce sera à Nick Fury de réparer les dégats. Une plongée dans le registre du genre, par un Cates désireux de lancer son propre Venom-verse, de jolis dessins, bref, on valide.
Alors qu'il poursuit son travail sur Days of Hate, Ales Kot nous propose chez Image Comics une autre vision de l'Amérique, qui aura subi dans un futur proche une catastrophe nucléaire et se sera reconstruire avec des Etats disparates, dont la New California, opulente, criarde et repliée sous elle même, qui vit sous la poigne de fer de son président. Le peuple est domestiqué par un show de téléréalité dans lequel des forces de l'ordre traquent des criminels et les descendent (ou non) selon l'avis du public. Stella est l'une de ces agents, surdouée et hyper populaire malgré son refus de tuer qui que ce soit. Elle va rencontrer Kirby, un rebelle bien décidé à renverser l'ordre établi, mais cette histoire d'amour va faire de grosses étincelles. Les choses vont s'accélérer dès ce second numéro, et Tradd Moore nous propose un univers psychédélique, son trait courbe et les couleurs pimpantes donnant dans un mélange extravagant qui tape sur les rétines. Une très belle découverte.
Il sera ici question de mort dans cette nouvelle série fort sympathique publiée sous le label Black Crown d' IDW, dirigé par Shelly Bond. Une jeune femme, obsédée par la mort, rencontre une dame mourante, et va bien malgré elle se retrouver face à une expérience de mort imminente, avec la possibilité d'explorer l'au-delà. Un titre qui séduit par son approche sur l'une des plus grandes peur de l'être humain, entre l'exploration et le rêve, avec surtout des planches à couper le souffle de Nick Robles, qui rivalise d'ingénuosité dans ses compositions. Un titre à l'ambiance mystique, poétique, et qui a avec lui la dose de mystère qui fait qu'on y revient sans problème ce mois-ci.
On vous a déjà parlé à plusieurs reprises d'Isola, publié chez Image Comics, dans lequel un soldat part en quête du royaume des morts, qui donne son nom au titre, pour lever la malédiction sur sa reine, transformée en tigre. Un voyage qui nous emmène à la découverte d'un monde de fantasy, dans la lignée poétique d'un film des studios Ghibli (Princesse Mononoké vient immédiatement en tête) et qui montre encore une fois le magnifique travail de Kerlsh sur ses planches, avec la colorisation de Msassyk qui sublime le tout pour donner un rendu de dessin animé sur papier. Ce cinquième numéro marque la fin du premier arc, avec une pause et un retour en janvier 2019. L'occasion de manifester son soutien à ce titre qui en vaut le coup !
La dernière fois que nous avons pu lire des crossovers entre les personnages DC Comics et les Looney Tunes, nous avons eu droit au génial Batman/Elmer Fudd (qui arrive bientôt en VF). On va donc parier, sur la nouvelle fournée, sur la qualité de ce Lex Luthor/Porky Pig pour la simple raison que c'est Mark Russell, génial auteur de Prez et The Flintstones, qui est aux commandes. Cochonnet est embauché à LexCorp et veut tout faire pour être l'employé modèle, jusqu'au jour où un scandale dans l'entreprise le condamne à être le souffre douleur idéal. Une satyre sur la société moderne ? Il fallait s'y attendre avec Russell, et l'on s'attend à rire de façon amère tout du long.
C'est l'appel de la curiosité qui nous pousse ensuite à aller du côté d'Aftershock Comics, avec Beyonders, nouvelle série de Paul Jenkins (Inhumans). Un jeune garçon passionné de cartographie et de crop circles se rend compte que toutes ses théories conspirationnistes sont en fait vraies, et part à la recherche d'un trésor dont le mystère répond à des millénaires de questions. L'artiste Wesley St. Claire répond présent aux dessins et son trait, à l'encrage appuyé malgré une approche anguleuse et légère, a un rendu vraiment agréable à l'oeil. Puis de toute façons, il y a un adorable corgi, c'est donc à lire absolument.
Une autre sortie du côté de Venom à noter cette semaine, empreinte de nostalgie puisqu'on retrouve Costa et Bagley, équipe artistique du fameux Lethal Weapon qui sert (en partie) d'inspiration au prochain film à venir. Mais ici, il s'agira d'un retour dans le passé du symbiote puisque bien avant Peter Parker, il y a eu un premier hôte, dont on ne sait évidemment rien. Et c'est ce premier hôte qui aura aujourd'hui besoin de l'aide d'Eddie Brock. On imagine que le titre plaira surtout aux nostalgiques des 90s et au trait très musclé de Bagley, tout comme aux amoureux du baveux !
Après une certaine pause estivale, le label Paperback de Casterman nous revient pour cette rentrée avec deux sorties. La première est Magnus, mini-série futuriste de Kyle Higgins et Jorge Fornés (qu'on a retrouvé récemment sur le très bon Hot Lunch Special). Un titre d'anticipation en cinq chapitres dans lequel la psychologue pour intelligence artificielle, Kerri Magnus, doit enquêter sur l'assassinat d'un homme par son robot domestique. Dans un monde où les IA font partie intégrante de notre quotidien, il se pourrait bien qu'elles commencent à vouloir avoir leurs propres droits. Un récit à la fois prenant par ses thématiques que par le dessin plus qu'efficace de Fornes.
Il est enfin de retour ! Celui qui a décidé de trucider les 1% les plus riches de la planète reprend du service, toujours sous la plume acérée et le dessin fou de Kaare Andrews. Mais si les riches reculent, Jones se rend compte que la lutte des classes devient plus compliquées à mesure que d'autres, venus de milieux plus modestes, tentent de prendre le pouvoir et d'asservir les autres. Il y a donc encore beaucoup de travail. En vérité, cette saison 2 est un peu plus fouillie que le premier tome, mais une oeuvre comme Renato Jones est trop précieuse pour ne pas être saluée, et il faudra remercier Akiléos de l'avoir apportée dans nos vertes contrées !
Lorsque DC Comics a lancé son relaunch Rebirth, plusieurs titres se sont affirmés comme de très belle révélations, et le Green Arrow de Ben Percy fait partie des meilleures moutures à retrouver en librairie chez Urban Comics. Ben Percy poursuit son travail sur l'Archer d'Emeraude, en le privant peu à peu de ses alliés, et le confronter à une sorte de double qui va le mettre face à ses contradictions de héros "social" alors qu'il est issu d'un monde de privilèges. Une écriture efficace, pas forcément renversante, et qui s'accompagne encore une fois de travaux de deux artistes incontournables sur le titre, Otto Schmidt et Juan Ferreyra, dont les styles sont effectivement marqués et très différents, mais très beaux dans les deux cas. Profitez en tant que ça dure.
L'éditeur Bliss Comics aborde aussi sa rentrée avec deux sorties cette semaine. On retrouve d'une part Britannia : ceux qui vont mourir, seconde mini-série dans la période antique de l'univers Valiant (mais qu'on peut considérer franchement à part de toutes les autres publications, ce qui est tout aussi appréciable), dans un mélange d'enquête "policière" avec le centurion Antonius Axia qui doit enquêter sur de nouveaux faits mystiques, qui vont le mener dans des ambiances on ne peut plus horrifique. Toujours scénarisé par Peter Milligan, la mini-série est à nouveau illustrée par Juan Jose Ryp, avec un dessin précis et détaillé adéquat avec cette ambiance mi-horrifique mi-décadente, dans un tome qui nous présentera une gladiatrice de caractère, Achillia. On en reparle très (très) bientôt sur le site.
Oui, les sorties étant particulièrement nombreuses, faire trop de choix nous paraissait vraiment cruels alors que les petits éditeurs ont moult choses à proposer. On poursuit avec le second titre de Paperback, Apocalyptigirl, récit complet atypique écrit et illustré par Andrew MacLean, artiste au style unique, qui lui vient d'une précédente carrière en agences de publicités. Une jeune femme, Aria, nous fait découvrir son quotidien dans des terres dévastées, où elle recherche un mystérieux artefact en compagnie de son chat. Au delà de l'aventure, MacLean explore l'histoire de l'Humanité, dans une parabole écologique et sociétale qui permet de prendre un peu de recul sur notre condition actuelle. Et il faut avouer que le dessin de celui qui fera Head Lopper juste après, a vraiment quelque chose d'unique.
Devinez qui fait son retour ? Snorgleux Comics fait aussi sa rentrée. On vous conseillera d'ailleurs d'aller vous procurer leur second tome d'Animosity mais on est là pour parler d'une nouveauté, Babyteeth. Il s'agit d'un titre d'horreur (comme souvent dans le catalogue Aftershock) scénarisé par Donny Cates, dont le nom commence à être de plus en plus connu dans nos contrées pour ses multiples travaux chez Marvel et en indé. Là, il s'agit d'une ado' de seize ans qui va bientôt mettre au monde... l'Anté-Christ. Qui devrait ouvrir un passage aux forces démoniaques sur Terre, mais Sadie devrait malgré tout trouver la force de s'occuper de son bébé, non ? Un pitch assez réjouissant, pour un titre qu'on est content de retrouver en VF aussi pour les dessins de Garry Brown, qui colleront très bien à l'ambiance.
Urban Comics n'oublie pas qu'un film Aquaman arrive en fin d'année et prépare le terrain avec une édition période classique des aventures d'Arthur Curry, avec notamment John Ostrander aux commandes du scénario entre autres scénaristes. La ville de San Diego se retrouve engloutie mais les habitants réussissent à survivre en développant curieusement des branchies. La ville de "Sub Diego" devient donc en quelque sorte la responsabilité d'Aquaman, qui a peut-être un peuple nouveau à régir - malgré leur appartenance au peuple de la surface auparavant. Cela risque une fois de plus d'être compliqué à gérer pour Arthur !
Et l'on termine avec une petite pépite à retrouver chez Bliss Comics, avec le premier tome de Bloodshot Salvation, dernier chapitre de Jeff Lemire sur le personnage depuis qu'il l'a fait renaître avec Bloodshot Reborn. Le scénariste sera allé jusqu'au bout dans son travail sur Ray Garrison, le confrontant à sa nature monstrueuse dans un premier temps, et en développant sa part humaine avec sa relation avec Magic. Il est désormais papa d'une jeune fille, mais cette dernière n'est pas à l'abri de dangers. L'ingénuosité du récit nous vient ici d'une double temporalité, Lemire pilotant l'histoire dans ce présent mais aussi plusieurs années dans le futur, alors que la fille de Bloodshot a hérité de ses capacités. Ajoutons à cela la présence de Mico Suayan et Lewis Larosa qui ont fait des merveilles avec Lemire sur le personnage depuis quelques années, et tout est réuni pour vous inciter à prendre ce tome avec vous ! On vous le recommande, en tout cas.