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Batman Metal Tome 2 : le bruit, la fureur et la répétition

Batman Metal Tome 2 : le bruit, la fureur et la répétition

ReviewUrban
On a aimé• Le concept des Chevaliers Noirs...
• Une partie graphique de haute volée
• Le délicieux Batman : Lost
On a moins aimé• ... qui devient vite répétitif
• Le 3e chapitre de Metal, imbuvable
• Un album d'à côtés
Notre note

La publication de Batman Metal se poursuit à un rythme soutenu chez Urban Comics. Un peu de rock'n roll pour vos lectures d'été ? Après un premier tome qui se révélait dense jusqu'à l'indigestion, le second tome permettra de marquer une (longue) pause dans la poursuite de l'event. En cause, l'album est composé d'une majorité de tie-ins, dont les sept numéros consacrés aux Chevalier Noirs, ces versions torturées de Batman mêlées aux autres membres de la Justice League ou d'autres vilains de l'univers DC.

Ce second tome nous propose donc de découvrir ces sept personnages, leur histoire et la façon dont chacun des Chevalier Noir permet d'explorer l'un ou l'autre aspect de son modèle sain, Bruce Wayne. Comme on nous l'explique au cours de la lecture, l'idée est de mettre le héros face à ses craintes les plus absolues, avec à chaque fois l'idée de basculer du côté obscur (c'est à propos) en pensant bien faire. Bien que limitée au chapitrage d'une vingtaine de pages, le concept a le mérite d'être intéressant dans sa proposition. D'avoir un Chevalier Noir situé sur les Terres du Multivers Noir permet de varier les plaisirs ; ainsi on peut voir un jeune Bruce Wayne obtenir un anneau de Green Lantern juste après la mort de ses parents - et le corrompre par la puissance de sa volonté ; un autre récit nous emmènera sur une Terre où les sexes des héros et héroïnes sont inversés. Les récits s'enchaînent ainsi de suite, mais l'exécution n'est pas à la hauteur des intentions.


On se rend compte assez rapidement que le modèle reste assez le même, que les motivations de chaque version torturée de Bruce Wayne se font après la perte d'un être cher (qu'il s'agisse des parents, ou d'une personne proche) et la construction des numéros est très répétitive. Outre le passage origin story, on se retrouve systématiquement avec l'incursion du Batman qui rit (qui orne la magnifique couverture choisie par Urban) qui rappelle à lui les Chevalier Noirs pour envahir le Multivers - et un semblant de progression de l'intrigue principale où le dit Chevalier va mettre à feu et à sang la ville qu'il aura choisie. C'est d'ailleurs un tome très, très sombre de but en blanc. Ici les héros ne gagnent jamais, et ceux qui souhaitent du grim & gritty à foison seront servis : les morts s'enchaînent à toute vitesse, les personnages les plus purs sont massacrés à tour de bras, dans une abondance de violence parfois gratuite. Mais hey, c'est ça être métal, non ? 

Certains de ces one-shots réussissent malgré tout à sortir du lot, celui sur le Batman qui rit en tête - puisque c'est son idée la plus intéressante. Depuis de nombreuses années les auteurs s'essayent à décrire le Joker et Batman comme les facettes opposées d'une même pièce, et leur réunion ne peut qu'aboutir à un résultat démentiel. Ledit numéro est de plus illustré par Riley Rossmo qui se met en quatre pour servir des dessins à la fois détaillés, beaux, qui profitent de son coup de crayon bien particulier, avec une mise en page spectaculaire. C'est d'ailleurs le gros point fort de cet ouvrage, car il réunit un nombre d'artistes doué, qui apportent à la fois de la diversité, et pour la plupart des planches de grande qualité. Du dynamisme numérique de Carmine Di Giandomenico à la froideur métallique des dessins de Riccardo Federici, en passant par le mainstream façon 90s d'Ethan Van Sciver, il y en a pour tous les goûts, avec en apothéose les planches de Yanick Paquette, Doug Mahnke, et Jorge Jimenez sur le one-shot de conclusion, Batman : Lost.


On vous avait déjà vanté les mérites de ce chapitre annexe, qui vient s'amuser, en explorant la psyché de Bruce Wayne, à plonger dans l'historique du personnage, dans une histoire qui explore plusieurs passages de la continuité de DC Comics, plus particulièrement de Batman, et notamment le travail de Grant Morrison sur le personnage - qui reste un incontournable. En somme, quelques très beaux morceaux de lecture (toutes proportions gardés face à la qualité générale de l'event) se cachent dans cet ouvrage, qui reste pourtant plombé par le troisième chapitre principal de la saga, alternant entre le surplace et l'accumulation d'idées inutilement compliquées. 

Dans le but de faire un tant soit peu avancer les choses, Snyder abonde, comme à son habitude, de personnages, de lieux, de concepts farfelus, préférant l'accumulation plutôt que la cohérence d'ensemble. En résulte un curieux mélange de fan service (qui fera plaisir aux érudits et déconcertera les novices) et d'embrouillement pour, in fine, une sorte de quête de McGuffin simplissime dans les faits.


En résultera donc ce constat pour justifier que ce Batman Metal Tome 2 n'écope pas d'une meilleure note que le premier : dans l'ensemble, la lecture est clairement plus agréable. La diversité des tons, des artistes, la présence de quelques bons passages, rend le tout plus accessible, plus brut aussi pour ceux qui recherchent de la noirceur, de la vraie. Mais ce serait oublier qu'il serait aussi bien de faire progresser l'event, car ladite progression pourrait se passer de cet ensemble de pages, et malgré la jolie prestation visuelle (et cette couverture, mes aïeux, je vous en ai parlé ?), l'ensemble reflète surtout la volonté qu'a eu DC Comics de banquer sur Metal, parce tout le monde sait que Batman et tout ce qui en dérive reste de l'argent facile. Oui, les Chevaliers Noirs sont assez fun, il y a quelques bons passages, mais avec le recul, ce tome reste un ensemble, dans majorité, d'à côtés (tie-in) loin d'être indispensables, malgré la qualité de certains.

On pourra donc remercier l'approche d'Urban Comics qui, avec ce second tome, garantit aux lecteurs de profiter de tout l'event Metal dans sa globalité. Ici, la lecture est plus simple que dans le premier volume, offre de très belles planches à de nombreux moments, et quelques accompagnements qui valent vraiment le détour. Pour ceux qui veulent du dark au possible, c'est la lecture idéale qui apportera beaucoup d'ombre sous le soleil. Même si on regrette que l'histoire dans son ensemble n'avance que peu, surtout avec la lourdeur de Snyder sur le titre principal. 

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Arno Kikoo
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