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Je suis Deadpool : et le mercenaire n'arrêta plus de parler

Je suis Deadpool : et le mercenaire n'arrêta plus de parler

chronique

A l'occasion de la sortie en salles du film Deadpool 2, l'éditeur Panini ressort son intégrale Je Suis Deadpool, invitation à la découverte du personnage pour qui aurait envie d'aller le découvrir dans sa version papier, des fois que Ryan Reynolds ne suffise pas

Je vous parlais récemment d'une autre anthologie de l'éditeur consacrée à Thanos. Ce genre d'ouvrage a généralement toujours les mêmes avantages et inconvénients. D'un côté, l'essai de présenter un personnage en ajustant l'équilibre entre les histoires les plus emblématiques de son historique, et la volonté de présenter le plus d'aspects de sa personnalité. De l'autre, la frustration de se retrouver avec des bouts de comics, ou qu'il manque un numéro parce que l'éditeur aura dû se restreindre dans ses choix. Dans les faits, Je Suis Deadpool reste dans la moyenne de ce type d'ouvrage. La découverte est accompagnée de textes qui séparent les différents chapitres, énumérant de façon peut-être trop académique certains aspects du personnage, mais qui offrent quelques points de repères importants.


Sont abordés dans ces trois-cent pages les débuts les plus remarquables du personnage, de la création dans les pages de New Mutants - avec un personnage encore assez sérieux, mais qu'on remarque déjà pour sa tchatche, en passant par sa première ongoing par Joe Kelly et Ed McGuiness, tout en allant de l'avant avec les écrits de Fabian Nicieza (Cable & Deadpool) ou l'excellent one-shot d'origines de Duane Swierczynski qui raconte l'histoire du mercenaire pour qu'elle soit adaptée en film. Et dont la lecture se savoure forcément à l'égard de ce que Tim Miller a réalisé. 

L'ouvrage va également chercher dans les côtés les plus absurdes du perso - avec tous les personnages décalqués sur le modèle, qui donneront lieu au Deadpool Corp., pour finir par un extrait du run de Gerry Duggan - qui vient à peine de s'achever outre-Atlantique. Qu'il soit en équipe, en solo, dans des aventures semi-sérieuses ou complètement déjantées, on retient en tous les cas une chose : Deadpool ne se tait jamais. Caractéristique présente dès le départ, parce que l'idée était d'aller copier Spîder-Man, cette propension à ne jamais s'arrêter de parler a dépassé le cadre de la sur-confiance en soi ou de l'envie d'énerver ses adversaires pour rejoindre le côté de l'humour, de la vanne méta, et du brisage de quatrième mur.


Quelle qu'en soit la raison, Wade Wilson ne s'arrête jamais et c'est ce qui le rend appréciable à certains égards, mais aussi lourdaud à la longue. Comme quelqu'un qui, en face, ne s'arrête jamais lui non plus. C'est usant. Ce n'est pas pour autant que certains auteurs n'essaient pas de varier les formulations et les tonalités (voir le très étrange épisode de Remender), mais l'on constate malgré tout une certaine formule commune, où le but est d'en placer le plus possible, d'aller dans l'humour et dans la surenchère de dialogues. 

Ca fonctionne très bien par moments. Le mélange d'un humour osé, les références culturelles, le second degré omniprésent, on peut en être client. La corollaire dans cette avalanche de dialogues, c'est aussi le fait que Deadpool fonctionne très bien lorsqu'il est entouré, et ne se destine pas vraiment au pur rôle solo. En témoigne son compagnon d'aventures Cable avec qui il partage la vedette, et même ses titres à lui seul le voient toujours accompagné par une ribambelle de personnages secondaire.


De l'autre côté, on observe également une certaine limite à cette formule, puisque le personnage n'arrive pas vraiment à se sortir d'un cadre humoristique pur, alors qu'on pourrait attendre de lui quelque chose de sérieux. Ou de simplement différent. Mais au fur et à mesure de la lecture de Je suis Deadpool, c'est l'inverse qui est observé, avec une course à la surenchère de plus en plus flagrante. A ce titre, les derniers instants sont certainement ceux avec lesquels on peut avoir le plus de mal. Le Deadpool Corps par exemple, pourtant amusant dans l'idée, vite fatigant dans les faits. Et si l'ultime numéro nous fait croire qu'on peut construire une réelle continuité avec le personnage, la tonalité de l'ensemble empêche de voir Deadpool en dehors de ce prisme d'humour jusqu'au boutiste, qui frôle l'indigestion. Un prisme qui décalqué dans la réalité explique la popularité du personnage. Mais que sur papier, on peut encore tenter d'élucider.

Pour les intéressés, vous pouvez commander Je Suis Deadpool à ce lien.

 

Arno Kikoo
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