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Krypton : l'histoire qui n'a pas besoin d'être racontée

Krypton : l'histoire qui n'a pas besoin d'être racontée

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On a aimé• Quelques jolies idées visuelles
• Le fan service...
• Pour qui aime le gris and gritty
On a moins aimé• L'intrigue a besoin de se raccrocher à Superman pour exister
• ... quand il n'est pas lourdaud
• Des costumes et des décors limités
Notre note

Dans l'utilisation des grands super-héros pour le live action se pose une question sensible pour les studios détenteurs des propriétés de Marvel et DC. Puisque les héros sont pour la plupart (et pour les plus connus) réservés au grand écran, comment en faire profiter malgré tout le marché télévisuel, lui aussi grand rassembleur de personnes et générateur de profit ? Une solution plus ou moins pertinente s'est profilée avec la préquelle, qui permet de voir le héros avant le Héros, la personne en construction avant qu'elle ne porte le costume.

Parce qu'elle permet de s'affranchir de l'utilisation stricto sensu du super-héros tout en gâtant le spectateur d'un fan service à foison, la préquelle est donc une option aux contours juteux. Pour DC, on se rappellera de Smallville, et Gotham nous prouve que le filon continue de marcher. Avec Krypton (comme avec Metropolis) on va encore plus loin, avec le concept de la préquelle à l'émergence d'un héros, sans le héros en question. Il sera donc question d'explorer tout un background, celui de la planète natale de Kal-El, et des intrigues qui ont forgé la réputation de sa Maison près de deux cent ans avant sa naissance.


En base fondamentale de l'histoire de Superman, la planète Krypton et ses habitants ont pu être explorés à quelques reprises dans les comics, l'utilisation de certains éléments comme la mise sous verre de la ville de Kandor servant de rappel douloureux à Kal-El de son passé, du destin fatal de sa lignée, et de sa certaine solitude sur Terre. On avouera que, parce qu'en dehors du papier, on se sera peu passionné de voir la planète vivre, le fait de débuter Man of Steel par une plongée dans la société Kryptonienne avait su créer un certain enthousiasme. Tant dans la direction artistique que par les idées autour desquelles la société extra-terrestre était construite. Certains avaient fait le souhait d'en voir plus, et on leur donne raison quelques années plus tard, avec David S. Goyer, qui officiait sur Man of Steel, aux commandes.

Le problème, c'est que l'histoire de Krypton, tout le monde la connaît. Tout le monde sait comment elle se termine. En plaçant le point de départ à 200 ans avant la naissance de Kal, on voit l'énorme marge de manoeuvre que Syfy s'autorise dans son histoire, avec des souhaits de développer le reste de l'univers cosmique de DC (on a mentionné Thanagar, Rann ou les Green Lanterns en interview). Mais dans les faits, Krypton a bien du mal à se montrer séduisante par ce qu'elle propose. Pour être sûr d'attirer le fan et de mettre une certaine tension, un tour de voyage dans le temps et un Adam Strange servent à faire croire que Superman pourrait ne jamais voir le jour, et c'est donc à son grand-père en devenir Seg-El (Cameron Cuffe), dont la Maison a été laissée aux castes les plus basses de la société, d'empêcher tout ça. 

Le pilote de Krypton a beaucoup à faire en peu de temps pour intéresser son spectateur, dans son histoire, mais aussi pour présenter un maximum d'idées autour de la civilisation Kryptonienne. La direction artistique montre qu'il y a eu des efforts de faits. Quelques idées visuelles (le régent de la Voix de Rao, certains plans de la ville) montrent une envie de bien faire, par souvent limitée par un manque de moyens techniques criards dans les costumes et les décors. Le tout n'est pas aidé par une colorimétrie très pauvre (sauf si vous aimez par dessus tout le marron et le gris). Il y a donc du bon et du moins bon, dans un ensemble pas vraiment enthousiasmant.


On retrouve ça et là quelques idées que les fans de Man of Steel accueilleront avec plaisir, ainsi que des thématiques qui auront une certaine résonance actuelle. On parle ainsi d'un aveuglement religieux dans la société Kryptonienne (liée à Rao) pour bafouer un discours scientifique jugé trop alarmiste. On parle aussi de factions rebelles qui veulent renverser l'ordre (un poil totalitaire) établi, d'une société dirigiste qui ne laisse que peu de choix à ses citoyens (sur son devenir social, sur ses moeurs), et d'une police brutale qui n'hésite pas à les maltraiter. Rien de bien joyeux et ce ne sont pas les rares tentatives d'humour qui viennent améliorer le tout.

A l'échelle de ses personnages, on s'intéresse à la famille El dont Seg tente de racheter l'honneur (et son badge autocollant), Lyta Zod (Georgina Campbell) avec qui il a une liaison secrète (oui), ses combines pour gagner sa vie, et la découverte d'une certaine forteresse après l'apparition d'Adam Strange (Shaun Sipos, incognito en hoodie et casquette). Ainsi que cette menace ultime qui pourrait mettre en péril sa descendance. Il y a de quoi faire, dira-t-on, mais le tout se montre écrit sans grandes ambitions, les acteurs n'étant pas aidés par leur performance ou leurs dialogues, convenus.


Restent alors quelques idées visuelles vraiment réussies (je parle de celle là) et un peu de fan service qui ramène toujours un peu de baume au coeur pour... pour les fans justement. On apprécie de voir Goyer réutiliser certaines idées de Man of Steel (comme la chambre de procréation, malgré un doigt d'honneur hyper brutal dans le fondement de la biologie) même si l'accumulation de clins d'oeil rend certains passages très lourds. Comme si les équipes avaient peur qu'on ne capte pas le lien à l'univers de Superman et qu'il faille le rappeler tout le temps. Et comme si ce fan service pouvait suffire en seule raison de continuer à regarder la série. Problème : ce n'est pas le cas. Et si la série nous vante qu'il y a "plus à raconter derrière la légende", on doute vraiment qu'il y ait tant besoin de raconter quelque chose dans les décennies qui ont précédé la naissance de Superman. Avec pour preuve que la tension narrative principale se raccroche, justement, à ce super-héros de notre présent.

On en vient donc à la question posée dès le titre : y a-t-il un réel intérêt à vouloir raconter l'histoire de Krypton ? Sans le fan service sus-mentionné, on a droit à une intrigue politique pseudo-complexe que d'autres sauront bien mieux écrire, mettre en scène ou jouer, et des personnages que l'on peut retrouver n'importe où. Passer quarante minutes chaque semaine pour un simple easter egg ou voir un concept DC plus ou moins bien adapté sur petit écran, c'est un choix qu'il vous appartiendra de faire, en fonction du temps libre que vous avez à donner.

De notre côté, on en attendait peu de Krypton si bien qu'il n'y a pas de vraie déception. Il y a même quelques petites bonnes surprises du côté visuel et de quelques idées ramenées depuis Man of Steel. Problème, le fan service parfois lourdaud, la pauvreté de l'image et une intrigue qui se raccroche à Superman sans pouvoir le montrer, font que la série s'inscrit dans la moyenne pauvre des productions liées à DC - on pense CW, les couleurs et les sourires en moins. Au moins, on aura de quoi s'amuser sur Twitter chaque semaine...

Arno Kikoo
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