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Swamp Thing : Winter Special #1 : Plus qu'un adieu

Swamp Thing : Winter Special #1 : Plus qu'un adieu

chronique

On a retrouvé mercredi dernier en kiosques le numéro Swamp Thing : Winter Special, double événement pour DC Comics qui se passe depuis un certain temps de la présence active d'Alec Holland dans ses parutions. Au départ, était prévue la suite d'une mini en six publiée en 2016. Le projet réunissait à l'époque Len Wein, génial géniteur de la créature des marais, et Kelley Jones, un illustrateur réputé dans le répertoire de l'horreur aux déformations organiques bien connues.

Le décès de Wein aura imposé à DC d'annuler le projet, avec encore entre leurs mains le script d'un premier numéro devant mener à une intrigue de long terme. La solution se sera trouvée dans un oversized, où Jones illustre le texte du scénariste dans des planches silencieuses, et où Tom King poursuit son travail sur Swamp Thing après une première apparition remarquée dans les pages de Batman. L'ensemble est saisissant, et pas forcément dans la posture du simple hommage que beaucoup attendaient.
 

 
King choisit en effet de raconter une histoire hors du temps, où Holland, tout du moins sa déclinaison déique de l'esprit des forêts, affronte l'hiver. Le numéro s'ouvre sur un postulat intéressant : le froid est l'ennemi naturel des plantes, et la créature coupée de l'énergie du Green n'est plus que l'ombre d'elle-même. On la retrouve tentant de sauver un enfant d'un péril mystérieux, qui ne s'incarnera jamais directement : le démon des neiges, le démon du froid, une parabole sur la monstruosité vu par le regard d'un enfant.
 
Swamp Thing se matérialise dans un récit en forme de conte sardonique, triste, une fuite en avant à la morale sombre et douce-amère. La poésie de l'ensemble s'épanouit avec assez de majesté dans les dialogues cycliques de King, par touches, et par suggestion. Les planches du brave Fabok qu'on imaginait pas forcément sur le paysage esthétique classique des marais enneigés font un superbe travail : le numéro est proprement émouvant, génial, bien raconté et épouse une sorte de tradition des hors séries de Moore à l'époque de son run, impeccable. En un sens, le monstre est rassurant. Paternel. Les pages se tournent en devinant une fin prévisible mais tragique, et King confirme une troisième fois après Batman et Mister Miracle sa capacité à doter le moindre de ses héros d'une profonde humanité - souvent traumatisée.
 

 
De l'autre côté du numéro, on retrouve Len Wein. Ou plutôt, on ne le retrouve pas ? Les pages de Jones brillent par l'absence de texte. On comprend vite, avant d'arriver sur le scénario posé en texte que l'histoire prend la suite directe de la dernière collaboration en date des deux auteurs, avec Grundy et un axe sur le rot une seconde fois. A nouveau, Jones donne dans l'organique, et à nouveau, Wein semble se remémorer avec nostalgie les années où il aura créé la créature, dans des moments d'horreur à l'ancienne typés années 1950, anthologie et Eery ou Creepy.
 
Le scénariste glisse d'ailleurs un Batman dans la boucle, toujours amoureux du rapprochement de ces deux figures liées dans l'histoire et pourtant tellement opposées. On ne sait pas comment juger de ces planches, qui démontrent plus d'un travail documentaire ou mémoriel que d'un réel arc scénaristique : ce n'est qu'un numéro #1, et en un sens le choix de DC de ne pas lettrer arrive comme une envie de ne pas ouvrir un arc qui ne sera, de toutes façons, jamais conclu. Suivent quelques pages hommage au bon Wein, indispensable auteur à qui la culture comics doit tellement.
 

 
Puisqu'en définitive, qui de Moore ou de Wein peut se targuer d'avoir le mieux compris Alec Holland ? Si l'un aura appliqué sa science de la déconstruction à la bête végétale, l'autre lui aura donné vie et posé les racines (get it ?) d'un personnage qui n'aura fait que durer et s'enrichir de chefs d'oeuvres au fil des ans. Si la publication batarde de ces derniers morceaux accolés à ceux de King peut surprendre, on le comprend comme une sorte de "et l'histoire continue". Si des auteurs comme le scénariste de Batman arrivent encore à écrire de si belles histoires avec l'ex botaniste et son incarnation post-mortem, c'est que le témoin laissé par Wein à l'histoire et à la continuité sont encore en vie : en somme, ce numéro est un indispensable pour les fans, qui peuvent continuer à compter sur du très bon Swamp Thing même après Moore, et même après le père du concept des débuts.
Corentin
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