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 Detective Comics Annual #1 : un Clayface Year One qu'on n'attendait pas

Detective Comics Annual #1 : un Clayface Year One qu'on n'attendait pas

ReviewDc Comics
On a aimé• Gueule d'Argile Year One
• Beau, intelligemment construit dans l'esthétique et le récit
• Une jolie montée en puissance
On a moins aimé• Forcément, pas toujours subtil
Notre note

Dans les pages des séries consacrées au chevalier noir cette semaine, on retrouve un numéro qu'on aimerait sous-titrer Clayface : Year One en lui cherchant plus de relief. Detective Comics Annual #1 est de la trempe des numéros agréables, détachés du besoin d'être à jour sur tel ou tel fait de continuité. James Tynion IV et Eddy Barrows y revisitent l'origine d'un des vilains les moins en vue de sa galerie d'adversaires, mais peut-être aussi l'un des plus intéressants. 

Basil Karlo aura en effet plus souvent servi de motif à quelques retournements de situations, quand s'était senti le besoin de justifier qu'un personnage n'était pas ce qu'il prétendait être. Une sorte de syndrome du Skrull à la DC, avec la force d'une créature impressionnante, un être dramatique et un éternel renvoi au cinéma qui fut magistralement employé par Paul Dini et Bruce Timm dans un célèbre dessin animé que vous connaissez peut-être. On revient ici sur une origine plus poussée, avec les limites d'usage du scénariste, qui parvient néanmoins  à dépasser sa cadence habituelle pour proposer un bel ensemble, et un des numéros coup de coeur de cette semaine sous le ciel de Gotham.
 

 
Dès la première page, Tynion assume la parabole avec le cinéma, et le cinéma d'épouvante en particulier. Karlo est ici le fils d'un maquilleur et prothésiste de films d'horreur, artiste alcoolique rendu au chômage pour ses mauvais penchants. Cet image du père qui enjoint son fils à ne jamais montrer ses failles et ce que lui appelle la monstruosité intérieure seront l'élément déclencheur de la vie du jeune Basil, qui entrera plus tard dans le monde des tournages et des plateaux comme acteur. Beau, passionné et talentueux, avant de vivre le drame que chacun connaît.
 
D'emblée, dessins, encrage et couleurs s'accordent pour un ensemble souvent superbe. Barrows aime cadrer son héros en gros plan, soulignant à travers le volume l'importance que ce-dernier attache à son apparence, son visage en particulier - il est acteur, c'est donc bien naturel. Les effets sont nombreux : ombres portées, là-encore sur les visages comme pour souligner l'hommage à un vieux cinéma d'horreur que père et fils partagent, et au-delà du dessin, des codes évidents de mise en scène. Depuis le héros qui enfouit son faciès meurtri entre ses mains après l'accident, la foudre arrière-plan où on entendrait normalement le tonnerre, les exagérations d'un Karlo réellement difforme après l'accident - en sur-impression de cases qui deviennent dans les découpages une série de photogrammes sur une bobine de projection. L'effet paraît au départ gimmick, mais l'équipe créative le tient assez longtemps pour le rendre efficace.
 

 
Cette patine ne passe pas que par l'esthétique, et recoupe le fond et la forme de jolie manière. Clayface, par essence, est un monstre qui parle de monstres. Il évoque de par son seul statut d'acteur un rapport de méta-fiction, ce qui est en général le cas de tous les personnages liés au cinéma ou à la création. On s'attendrait à ce que le renvoi soit donc assez facile, mais non, tout tient debout. Jusque dans le rôle pour lequel postule Basil, celui d'un acteur de film muet oublié, qui se met à assassiner ceux qui s'apprêtent à faire un remake parlant de son plus grand succès. 
 
Choisir un plateau de tournage en lieu de scène finale, les quelques références dans les masques du père, le flashback qui encercle le récit en début et en fin : on s'attendrait à se cogner devant ce manque général de subtilité, propre à Tynion. Mais l'aspect entier de l'hommage enrobe certains effets forcés dans une certaine saveur, qui colle d'autant mieux à Clayface qu'on retrouve dans ce récit l'idée ironique de certains vilains de Batman. La comparaison avec Double Face est d'ailleurs à faire - on se demanderait même si le personnage n'a pas directement servi de modèle à cette réinterprétation des origines de Karlo.
 
En revenant sur l'esthétique seule, le style de Barrows est un réel plaisir, en particulier si vous n'aviez pas lu le titre depuis longtemps. Fort d'un dynamisme toujours efficace, le dessinateur découpe avec adresse de jolis plans qui s'enchaînent avec vigueur, jusqu'à l'apothéose d'un Clayface entièrement peint et proprement somptueux. Le numéro gagne en intensité graphique au fil des pages, jusqu'à une double page colossale où ce monstre que certains artistes plus paresseux représentent parfois comme un inoffensif tas de boue prend tout son sens, entre les bonnes mains. Le récit choisit enfin de s'achever sur une sorte de modèle "fiction dans la fiction", comme si tout ce que nous venions de voir n'était qu'un des films regardés par la famille Karlo autour d'une morale grinçante : c'était vraiment bien.
 

 
En préparant ce papier, mon rédacteur en chef m'apprenait que Clayface était depuis peu redevenu un vilain dans les pages de Detective Comics, appelant à ce numéro Annual qui rappelle lecteur au bon souvenir de la créature. En cela, l'initiative est donc bienvenue, à la fois pour les habitués et ceux qui aiment ces expériences de lectures en stand-alone ma foi fort agréable dans le cas présent. On conseille à tous les amateurs du personnage et pour avoir un petit segment classique dans les Bat-séries, qui évoque plus que jamais le style T.A.S., en roue libre dans sa nostalgie et sa mise en scène - bref, à lire. 
Corentin
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