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Abbott #1, thématiques raciales et chevaux décapités chez Boom! Studios

Abbott #1, thématiques raciales et chevaux décapités chez Boom! Studios

ReviewIndé
On a aimé• Beau
• Bien inspiré
• Une réelle ambiance
On a moins aimé• Encore assez léger
• Manque de corps
Notre note

Dans les nouveautés de la semaine, se lançait aux côtés de Legion une autre mini en cinq avec Boom! Studios comme port d'attache. On vous en parlait, il s'agit de Abbott, titre signé par le romancier, poète et auteur de comics à ses heures Saladin Ahmed, à qui l'on doit aussi la série Black Bolt et qui ramènera bientôt les Exilés avec Javier Rodriguez. Notez au passage que si cette série là aura montré dès ses premières planches le Nick Fury blanc d'un autre temps, Abbott s'intéresse plutôt à l'histoire des Noirs aux Etats-Unis, prenant le parti d'un polar des années '70 aux accents occultes sur fond de thématique raciale.


La série retrace l'enquête d'une reporter décrite par un des personnages comme la Lois Lane noire, Ahmed présentant par là une journaliste pugnace, intéressée par le seul sujet d'une vérité qui s'échappe parfois entre les mains de l'establishment monochromatique. On évoque les Black Panthers, une science du dialogue qui fait passer le terme "négro" pour l'appellation en vigueur employée même par des personnages opposés à la ségrégation, et un racisme qui ne se cache pas, passant par des pratiques que d'aucuns qualifieraient d'actuelles. 
 
Quand la police montée de Detroit découvre l'une de ses bêtes décapitées un matin, pas de doute à leur avis, il s'agit d'un sale coup des Black Panthers. Le groupe aurait selon eux cherché vengeance après qu'Elena Abbott, journaliste du Daily, a publié un article sur les violences policières commises sur de jeunes afro-américains de quartiers. Mais la vérité est toute autre, et c'est une seconde fois la reporter elle-même qui s'en aperçoit vite, après qu'une victime humaine ait été retrouvée dans de pareilles circonstances. Ces crimes lui évoquent un lointain passé, dans leur brutalité, et la piste du surnaturel ou de l'occulte est laissée libre au sortir de ce premier numéro.
 

 
Le premier constat à tirer de cet Abbott #1 est la qualité de ses planches. Le trait de Sami Kivela est superbe, les contours parfois épais donnent une authenticité d'ensemble, et les couleurs riches parfois étouffantes donnent un cachet presque musical à ce récit qui respire son époque à plein poumons. Les éclairages jaunes ou mauves structurent une esthétique inspirée de la blacksploitation et du polar à la Ellroy - le choix des bulles de pensée par un lettring de machine à écrire fait son petit effet, classique mais agréable dans les séries du genre. Entre deux pauses cigarettes, la transition vers le pan horrifique s'accompagne elle-aussi d'une générosité d'effets bienvenus, bref, tout ça est bien joli, finalement.
 
Le scénario sent de son côté une certaine manque de place. A l'image d'une école de detective stories à l'ancienne, Abbott passe d'un personnage à l'autre, avec l'enquête et son héroïne comme principal ou seul liant. Le background de celle-ci se glisse avec assez de subtilité, mais on aimerait par endroits se poser et proposer plus d'exposition, ou un commentaire plus intérieur sur ces pages que l'on regarde défiler sans trouver l'élément humain ou le supplément qui justifierait l'aspect blacksploitation, un genre qui ne manque pas de caractère.
 
En définitive, cette première - bonne - introduction reste plutôt polie et ne laisse pas entrevoir autre chose qu'une série de qualité mêlant horreur et racisme, sans que Abbott elle-même ne soit plus qu'un portrait type de l'héroïne emplie d'abnégation et de force que l'on a vu maintes et maintes fois, ou bien Ahmed ne l'aura pas encore développé. L'aspect justice sociale ou combat ethnique peine encore à trouver son angle d'attaque, ou l'énergie de cet univers, qui nous paraîtrait éloquente dans une perspective plus politique que surnaturelle - mais ce n'est pas à nous de décider.
 

 
Pour l'heure, c'est bien joli et bien écrit, mais ne se glissent pas entre les interstices de l'avancée utile un réel coup de coeur pour le concept proposé ici par Ahmed et Sami Kivelä. Peut-être parce que l'auteur s'intéresse trop à son sujet et moins à ses personnages - l'inverse pourrait tout aussi bien se dire - mais pour le moment on est en face d'un bon titre, avec le potentiel d'une utilité sociétale intéressante, ou d'un bon récit d'horreur. L'idéal serait de faire les deux, voire de faire plus, tout simplement.
Corentin
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