Avec Marvel Legacy, on retrouve une habitude bien connue des majors : changer la numérotation sans impacter l'orientation ou l'équipe créative d'un titre, en simulant un semblant d'accessibilité (en l'occurrence, par des back-ups et un jumpint point peu ou prou artificiel). Aussi Ta-Nehisi Coates continue son travail sur Black Panther en mettant un point de focale sur Klaw, avec une introduction sommaire et un numéro un poil décevant.
Le récit est vu à travers les yeux de l'antagoniste manchot des Black Panther, on décrit son parcours, son histoire comme ce qu'a pu faire il y a quelques années Jeff Lemire sur le Compte Vertigo. L'idée n'est pas mauvaise mais le numéro se retrouve dépourvu de relief, d'une part en parce qu'il présente un vilain finalement peu intéressant, et d'autre part parce que l'effort fait pour humaniser ses convictions ou expliquer au lecteur le pourquoi de son comment passe par un récit assez simple d'origin story comme une autre.
Le numéro n'est raconté que par les pensées de Klaw, et reconnecte sur la fin avec un motif pour les prochains numéros. Quelques idées ne sont pas mauvaises, comme la peinture du super-vilain sur un champ de bataille où on ramène la cruauté du méchant et ses capacités hors-normes à une idée de surhomme (qui là encore manque de conviction). Maintenant, le numéro fait en soi le job si on sait ce qu'on en attend, mais à l'image des Primers, soit le besoin d'accessibilité offre une porte d'entrée assez mince aux nouveaux, soit elle n'a pas été prise en compte par Coates qui se contente de mettre son histoire entre parenthèses le temps d'un numéro.
Autre problème (cette fois inévitable), le dessin est pauvre. Leonard Kirk et Marc Deering font un effort minimum sur cette partie graphique, où les décors sont pauvres - on y retrouve la fameuse description du laboratoire métallisé et des splash pages peu convaincantes. Le costume du vilain aurait gagné à être travaillé, il ressemble ici à une sorte de stéréotype géant du méchant de BD imaginé par quelqu'un sains imagination. Et bien entendu, l'effet des pouvoirs de Klaw qui occupent un certain nombre de pages est une paresse pour remplir, en plus de ne vraiment pas être super joli.
En fait si ce numéro n'était pas signé Coates, on se demanderait si comme pour beaucoup de séries il ne conviendrait pas d'attendre un arc ou deux avant de se remettre à lire du Black Panther. On imagine que le scénariste est capable de mieux (et l'éditorial d'ouvrir les yeux sur un dessinateur sans envie), et que ce numéro n'est qu'une mauvaise introduction de plus dans un relaunch sensiblement décevant. A voir, en attendant personne ne vous en voudra de passer à côté.