C'est en tout cas ce qu'en a pensé la petite-fille de l'auteur William Moulton Marston, héros d'un biopic projeté depuis cette semaine dans les salles américaines (le film n'est pour le moment pas distribué sous nos latitudes).
Personnage fascinant au demeurant, le psychiatre à qui on prête une conception particulière (et très engagée) du féminisme aura passé l'essentiel de sa vie dans une relation polyamoureuse au devant de la morale puritaine de son époque. Marié à
Elizabeth Holloway,
Marston accueillera avec son épouse
Olive Byrne dans leur ménage, tous trois vivront une relation familiale atypique mais pleinement fonctionnelle, qui se poursuivra jusqu'à la mort de l'auteur en 1947.
Si le film choisit ce sujet pour parler de la vie du psychiatre et de ses deux concubines, Christie Marston, sa petite-fille, trouve assez peu de vérité dans un scénario qui aurait ajouté énormément de contre-vérités, en plus de ne pas avoir compris la teneur de la relation qui unissait ses (trois) parents.
"Nous n'avons eu aucun contact avec la production. Dans une interview, Angela Robinson (ndlr : la réalisatrice du film) expliquait avoir fait le choix de ne parler à personne pour pouvoir garder sa propre "interprétation". L'histoire de la famille comme les origines de Wonder Woman sont inventées de toutes pièces.
Elizabeth et Olive étaient comme des soeurs. Ceci, soit dit en passant, n'est pas mon point de vue d'enfant, je suis restée très proche d'Elizabeth étant adulte. Mon grand-père est mort avant ma naissance, donc je ne le connais qu'à travers nos histoires de famille. Aucun triangle amoureux n'a jamais été évoqué - et Elizabeth était très ouverte d'esprit et ouverte sur le sujet, donc si cela avait existé, elle n'aurait eu aucune raison de le cacher - surtout à moi. Nous discutions de tous les aspects de la vie et de la psychologie humaine.
Le moment où Olive se déguise en Wonder Woman est purement hollywoodien."
Là où on s'attendait logiquement à découvrir une version romancée des origines de l'auteur, choisir de le traiter sous l'angle de sa vie amoureuse semblait imposer une certaine fidélité aux faits.
A choisir, et sans avoir encore pu mettre la main sur le métrage, on est en droit de se demander pourquoi avoir voulu transformer une histoire d'amour déjà suffisamment rare et originale, si le résultat n'est en définitive que le récit d'un plan à trois étalé sur vingt-cinq ans. Il sera possible de juger sur pièces, si un distributeur français se manifeste ou si tonton Sam du Wisconcin a la bonne idée de ripper l'édition blu-ray.
