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Eugenic #1, la review

Eugenic #1, la review

ReviewIndé
On a aimé• Mêle habilement SF et horreur
• Un propos sociétal contemporain
• Radical et sans concession
• L'ambiance à la Cronenberg
On a moins aimé• Un peu bavard malgré tout
Notre note

Malgré les events et grands relaunchs des Big Two, rien ne nous fera oublier les éditeurs indépendants chez lesquels auteurs et artistes proposent par moments des créations fulgurantes par leur efficacité ou la maîtrise du genre dans lequel elles s'inscrivent. Eugenic est bien de ces comics là.

Pour situer un peu le contexte, Eugenic est le troisième volet d'une "trilogie apocalyptique" imaginée par James Tynion IV (The WoodsDetective Comics) et Eryk Donovan. Le concept s'articule autour de trois mini-séries indépendantes dont Eugenic est la troisième et dernière mouture. Et comme le laisse sous-entendre le titre, l'apocalypse sera ici scientifique. Tynion nous propose en effet un monde dévasté par une nouvelle épidémie virale qui a fait en quelques années plusieurs centaines de millions de morts, et a empêché par sa virulence toute nouvelle naissance. Mais la donne va changer puisqu'un scientifique a réussi d'arrache-pied à proposer un vaccin au virus, 100% efficace, et qui sera miraculeusement distribué à toutes les nations du monde - les compagnies pharmaceutiques ayant vraisemblablement fait fi de leurs envies financières. Quand je vous dis que c'est de la science-fiction ! 

Le problème c'est que les personnes ayant reçu le vaccin et qui se sont donc joyeusement remis à procréer vont donner naissance à de parfaits bébés monstrueux. Ceci est donc le pitch de base, et Tynion IV en raconte pas mal pour aller le plus rapidement droit au but. Présentation du contexte, des personnages principaux, mais la part belle servira surtout à faire un énorme twist en milieu de numéro qui permet de lire les évènements de la part d'un personnage - qu'on ne se résoudra par contre pas à appeler un "vilain" forcément. Par son biais, Tynion IV livre en effet un commentaire sociétal virulent, sur le manque d'entre aide entre les personnes, et la désignation de boucs émissaires de façon systématique, même dans les moments les plus durs.

 

Il s'appuie pour cela sur des tensions bien réelles dans son pays avec comme point de départ la désillusion de voir que les attentats du 11 septembre 2001 n'ont pas réussi à maintenir la fédération des citoyens qu'ils ont entraînée. Au vu des tensions civiles qui existent aux Etats-Unis, l'appartenance de Tynion IV à la communauté LGBTQ (qui fait beaucoup de frais régulièrement sur les réseaux sociaux), on peut sentir l'agacement de l'auteur et l'envie de délivrer son message, par le biais d'un final autant nihiliste que cathartique. On pourra également apprécier que malgré certaines élucubrations, le côté "scientifique" de l'histoire reste relativement crédible pour un titre de fiction. Et l'avantage avec une telle avancée dans son histoire, c'est qu'il ne pourra qu'y avoir de la surprise au prochain numéro, Tynion nous plaçant dans un nouveau territoire inconnu. 

Le dessin d'Eryk Donovan est là aussi assez efficace, avec un trait assez anguleux qui ne sera pas sans rappeler un certain Sean Murphy, toutes comparaisons gardées, bien entendu. L'artiste fait déjà une bonne représentation des personnages (et pas seulement le couple principal), mais excelle dans le côté horrifique du titre, en proposant du body horror qu'un Cronenberg n'aurait pas renié. Que ce soit dans les nourrissons difformes ou dans la décomposition de corps, les rétines en prennent plein les yeux, pour des planches qui sont généreusement gores, et pour une fois qu'on se retrouve avec un titre horrifique qui n'a vraiment pas froid aux yeux, tout en ayant un propos plus intéressant que chez Avatar Press, on ne va pas râler.

Ce n'est pas encore Halloween, mais vous tenez déjà l'un des titres horrifiques les plus réussis de cette année. Alliant une proposition scientifique plus ou moins crédible à un vrai discours dénonciateur et contemporain, James Tynion IV et Eryk Donovan nous embarquent dans une joyeuse apocalypse brutale, dont on ne demande qu'à voir les retombées. 

Arno Kikoo
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