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Kill or be Killed #11, la review

Kill or be Killed #11, la review

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On a aimé• Une narration maîtrisée
• Un découpage rythmé
On a moins aimé• quelques rares ratés au dessin
Notre note

Duo d'exception qui s'est de nombreuses fois démarqué dans l'industrie du comic-book avec des titres noirs sans rappeler les plus grands classiques du genre au cinéma avec Fatale ou The Fade Out, Ed Brubaker et Sean Phillips nous offrent une histoire plus moderne mais toujours aussi proche d'un thriller dans Kill or be Killed.

Pour les non-initiés, la série Image Comics qui fête sa première année de parution ce mois-ci prend place dans un New York contemporain alors que nous suivons les mésaventures du jeune Dylan. Désabusé par la vie et la société qui va avec, Dylan est dépressif depuis de nombreuses années jusqu'au jour où il décide d'en finir avec sa propre existence. Il va cependant échapper à son trépas en faisait un pacte (un peu forcé) avec une sorte de démon qui ne lui demande qu'une seule chose en échange : tuer une personne pas mois. Tel un justicier maudit, notre jeune ami va donc décider d'adapter sa malédiction et de ne tuer que des "mauvaises" personnes. Évidemment, le titre va permettre d'explorer la psychologie du personnage à travers ses actes et l'impact de sa nouvelle "occupation" sur son entourage mais aussi la définition même du bien et du mal.


Avec un pitch de départ finalement très manichéen (dont le titre du comic-book en est un renvoi direct), Ed Brubaker s'amuse, grâce à une narration parfaitement maîtrisée, à découdre peu à peu ce concept pour finalement nous proposer une vision beaucoup plus nuancée de notre propre morale. Tout n'est pas blanc, rien n'est noir. Dylan est d'ailleurs l'incarnation permanente de cette ambivalence et essaie de rappeler à ses spectateurs qu'il faut toujours creuser un peu plus que la surface pour essayer d'avoir la vérité la plus objective sur un fait et par extension, sur nos semblables. Le scénariste semble d'ailleurs de mieux en mieux maîtriser son écriture, qui donne la parole à son héros, en offrant une narration beaucoup plus décousue que son propos avec de nombreux sauts dans le futur et le passé, maîtrisés à la perfection. Dylan s'amuse d'ailleurs ironiquement avec ce procédé en délivrant des informations mineures qui auront un impact majeur sur son histoire, taclant au passage les lecteurs pas toujours attentifs que nous sommes.

Ce onzième numéro permet ainsi de détricoter un peu plus cet aspect manichéen en créant un doute quant à la psychologie de notre héros et l'existence ou non du démon qui l'accompagne. Cette force existe-t-elle vraiment ou son cerveau lui a-t-il joué des tours pour trouver une justification morale et légitime à ces actes ?


Avec deux arcs terminés, Kill or be Killed fête d'ailleurs sa première bougie avec brio et revient pour l'occasion sur les premières pages du numéro un. Une boucle qui n'est finalement pas bouclée puisque le scénariste s'amuse à nous perdre encore une fois dans une nouvelle intrigue, qui permet de renouveler notre œil sur l'anti-héros, auquel nous sommes malgré tout attachés depuis le début du récit. C'est d'ailleurs avec ce procédé que le scénariste appuie sur un autre point, exploré notamment dans Star Wars : The Force Awakens, l'aspect cyclique de notre monde et par extension, la mémoire courte de notre espèce. Un sujet qui n'a jamais autant été d'actualité suite aux événements de Charlottesville ces derniers jours.

Et si Kill or be Killed est aussi efficace, c'est notamment grâce aux dessins de Sean Phillips qui témoignent de la synergie entre les deux artistes. En effet, avec son trait très sombre mais efficace, l'américain appuie à merveille le propos du scénariste et fixe le rythme du numéro qui oscille entre des moments de pause et des phases beaucoup plus soutenues. On peut d'ailleurs prendre en exemple ce découpage maintenant marque de fabrique de la série qui laisse la moitié de la planche pour les monologues de Dylan, véritable maître de l'histoire.


Clairement, ce onzième numéro de Killed or be Killed est toujours aussi accrocheur et ouvre sur un arc tout à fait prometteur au regard des miettes de pain laissées ici et là par Ed Brubaker et Sean Phillips. Si on peut entrevoir où va nous emmener le titre, il risque cependant de nous réserver quelques surprises, à en juger par les dix numéros qu'ils l'ont précédé. D'autant plus que le propos des deux auteurs n'a finalement jamais été aussi proche de l'actualité, ce qui renforce (malgré lui) son ambiance sombre. Ce qui est sûr, c'est que Dylan n'en a pas fini d'en baver et de se poser cette question : tuer ou être tué ?

AlexLeCoq
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