Fort de son expérience depuis maintenant une vingtaine de numéros, Tom King met les mains dans le cambouis et décide lui aussi de poser sa pierre à l'édifice dédié à Batman avec son premier arc majeur, sensé changer la face de notre héros, War of Jokes and Riddles. Après un 25eme numéro qui a fait l'unanimité au sein de la rédaction, le scénariste est déjà de retour pour le second chapitre de son nouveau bébé.
Et il faut l'avouer tout de suite, si Batman #26 est clairement toujours aussi efficace, il glisse là où on aurait pu l'attendre et perd grandement de la finesse qui avait fait de l'introduction de War of Jokes and Riddles le meilleur numéro de l'auteur à ce jour. En effet, après de bonnes bases posées dans le précédent titre, la tension redescend d'un coup et le rythme du numéro en souffre un peu d'une coupe assez franche, qui permet cependant d'installer une intrigue qui promet la guerre totale entre le Joker et le Riddler. Pourtant, le numéro n'est pas en reste au niveau de la qualité d'écriture et de son ingéniosité, qui permettent d'introduire un Chevalier Noir qui sera ici toujours à la traîne sur ces ennemis. Idée qui est d'ailleurs reprise dans le découpage de Mikel Janin et qu'on retrouve partout dans l'écriture de King qui a l'intelligence de souvent mettre Batman en retrait dans la narration alors qu'il est le compteur de l'histoire. On le sent même carrément acculé.
La pression se fait d'ailleurs ressentir de plus en plus par un arc qui sera finalement plus focalisé sur les deux super-vilains que sur notre héros qui n'est pour l'instant qu'un témoin parmi d'autre de la folie dans laquelle Gotham City est plongée depuis qu'il porte sa cape - c'est à dire depuis un an. Une relation donc claire avec Batman : Year One, inspiration assumée de l'auteur pour l'écriture de War of Jokes & Riddles. Tom King semble d'ailleurs avoir réussi à assimiler l'héritage historique de Batman mais aussi ses aventures plus récentes et le passage marqué de Scott Snyder sur la série en proposant tout de même une histoire moins intimiste qu'à l'accoutumée. En effet, ici, la guerre s'annonce totale, un peu trop d'ailleurs, puisque c'est justement là qu'on perd un petit peu de la finesse des dialogues de Batman #25.
Mais si le titre est toujours aussi encourageant, c'est définitivement grâce au dessinateur Mikel Janin. Clairement une bonne pioche, l'espagnol embrasse à merveille l'univers du Chevalier Noir et tous ses protagonistes pour rendre son Batman mais aussi des Joker et Riddler incroyablement charismatiques. Mieux encore, il sublime un Riddler qui semble presque réinventé par touches, dans son design, en plus de l'écriture fine de Tom King. Il faut d'ailleurs avouer qu'à travers son trait très précis, le dessinateur réussit à installer une ambiance incroyablement froide dans le titre malgré des planches beaucoup plus colorées que dans le numéro précédent.
Un peu plus expéditif et moins accrocheur que Batman #25, cette deuxième partie reste pourtant une très bonne pioche et probablement le passage nécessaire de l'installation de l'intrigue pour mener War of Jokes and Riddles vers la suite d'une guerre totale en plein Gotham City. Savoureux mélange entre l'histoire du Chevalier Noir et ses récentes publications, Tom King réussit dans ce numéro une synthèse intéressante de l'ADN du héros tout en glissant un amour clairement assumé pour le Riddler et le Joker, deux vilains qui fonctionnent visiblement très bien lorsqu'il est question de s’entre-tuer.