Je recherche seulement à apprécier les artistes passés maîtres dans leur art, ceux qui sauront finalement transcender le style pour délivrer un message, une leçon qui me fera m'interroger, réfléchir et grandir. Qu'il soit politique, écologique, social, moral, émotionnel ou parfois même absurde, que je sois d'accord ou non, ce n'est pas l'important. C'est sa portée et son impact sur l'amateur de culture pop, et par extension l'humain que je suis qui m'intéresse. Il doit m'amener à me questionner, à m'intéresser, à me pister dans de nouvelles directions. L'art populaire est finalement le moyen le plus efficace de toucher une population importante et mondiale. C'est pour cela que la course à l'argent s'appuyant sur l'art est une méthode qui démontre notamment les limites du capitalisme, et son impact négatif est finalement grandissant, puisque le public ressemble toujours plus à un portefeuille sur pattes à atteindre, sans offrir de contre-partie artistique. Une approche sans message et sans intérêt, si ce n'est celui d'amadouer le public par un spectacle insipide. C'est dans cette optique et avec la position qui m'est confiée chez
En 2008,
Marvel Studios posait la première pierre de son
cinematic universe avec
Iron Man, qui ne laissait pas entrevoir le futur que
Kevin Feige nous réservait. En parallèle,
Warner Bros. planchait déjà sur un tout autre genre de film avec une trilogie
Batman par
Christopher Nolan. Une démarche qui m'avait évidemment séduite par son approche unique : offrir à un grand réalisateur la possibilité d'explorer un personnage de
comic-book pour en livrer son interprétation brute. Ainsi, et en s'inspirant du matériel original tout de même, Christopher Nolan forgeait son
Dark Knight comme une œuvre cinématographique unique et non pas une simple "adaptation" (un autre point de débat qui pourrait faire l'objet d'un futur édito). Avec la puissance grandissante de Marvel Studios,
Warner Bros. devait contre-attaquer rapidement et la sortie de
Man of Steel, dans une approche similaire à celle de Nolan avec
Zack Snyder aux commandes, a finalement servi de point de départ opportun à la création du DCEU.
Pourtant ni le réalisateur, ni la maison de production n'avaient cette évolution en tête avec le projet, qui était déjà en développement depuis la sortie de
Batman Begins et qui a plusieurs fois changé de main avant d'atterrir dans celles de Zack Snyder. Le réalisateur s'est d'ailleurs clairement trouvé perdu dans un processus beaucoup plus puissant que lui alors qu'il s'était vu confier la tâche de réinventer
Batman ainsi que de penser seul la création du
DC Extended Universe dans
Batman v. Superman : Dawn of Justice. Ce même film qui, avec sa production étalée sur plusieurs années, est devenue une création de
Frankestein pensée à la base comme une adaptation de
The Dark Returns - on se rappellera pour la postérité des rendez-vous entre
Snyder et
Frank Miller - pour finalement glisser peu à peu vers un
Justice League Origins au sous-titre assez évocateur. À sa sortie, le clivage s'est donc un peu plus prononcé entre le plan initial de Warner Bros. et un résultat clairement pas à la hauteur des ambitions. Qu'on ait aimé le film ou pas n'est finalement plus très pertinent à ce stade puisque la société a enregistré un box-office très correct, mais pas à la hauteur de l'aura de ses personnages et surtout moins important que celui de The Dark Knight Rises. Avec
Batman et
Superman sur l'affiche, l'ambition du studio était clairement de franchir le cap du milliard de dollars, alors qu'il a terminé sa course à plus de 870 millions de dollars - soit un peu plus qu'un
Guardians of the Galaxy Vol. 2.
Pourtant Warner Bros. semble toujours obsédé par son plan de construction d'univers et a oublié le cinéma. Il faut avouer qu'aujourd'hui et malgré le caractère tragique de certaines de ces affaires, la société de production est dans une position assez inédite, face à des difficultés de production qui ne cessent d'aggraver son retard face à
Marvel Studios, avec qui la comparaison n'a désormais plus lieu d'être. On passera évidemment sur
la tristesse de la famille Snyder et les problèmes personnels de
Ben Affleck qui ont affecté leurs films respectifs,
Justice League et
The Batman, repris de zéro par
Matt Reeves. Mais Warner Bros. doit aussi faire face à la défection de ses réalisateurs
avec Doug Liman et
Justice League Dark en tête
mais aussi The Flash, qui peine à trouver une tête pensante prête à relancer le projet. Mais il faudra tout de même attendre avec de juger de la pertinence de
James Wan (un réalisateur d'horreur) à la tête d'
Aquaman et de l'arrivée spectaculaire de
Joss Whedon, qui n'a pas clairement pas démontré son meilleur chez la concurrence avec ces deux films
Avengers.
C'est dans ce climat assez chaud que
Patty Jenkins pourrait donc enfin offrir une sorte de répit à Warner Bros. Il faut avouer que les premiers retours positifs ne font qu'accentuer l'attente quant à sa sortie en salles, mercredi. Mais le film
Wonder Woman, centré sur son héroïne, pourrait aussi être un retour de la société à ce qu'elle a toujours fait de mieux, raconter une intrigue centrée sur un héros, ou une héroïne en l’occurrence. Le tout pour finalement nous offrir une histoire complète, sans avoir à forcer des exigences de production et offrir une bête immonde comme Batman v. Superman. De plus, le choix de
Patty Jenkins pourrait conduire à des réflexions intelligentes sur la place de la femme dans notre société à l'heure où ce débat est devenu une guerre de tranchées et moins un espace de réflexion sain sur notre société et son évolution. Un point qui sera peut-être à débattre après la sortie du film.
Le succès de Wonder Woman pourrait amener Warner Bros. à réfléchir d'une nouvelle façon son univers étendu pour finalement laisser les personnages vivre plutôt que de vouloir les caser ensemble dans une aventure, sans leur avoir donné la puissance dramatique nécessaire pour que le public puisse les apprécier et savoir les identifier. Plus important que tout, la firme des frères Warner pourrait apprendre la meilleure leçon : laisser ses artistes s'exprimer, laisser un film vivre de lui-même sans lui imposer des décisions de production incohérentes. Mais aussi et surtout gommer l'erreur qui le handicape depuis le début en réfléchissant à un film
puis à son intégration dans un univers global, et non l'inverse.