Si Scott Snyder a délaissé la série
Batman avec son cinquantième numéro sorti il y a un peu plus d'un an maintenant, l'auteur américain n'a jamais caché son amour du personnage qu'il va bientôt réexploiter dans l'
event en préparation avec
Greg Capullo,
Dark Nights : Metal. En attendant l'événement qui ouvrira les portes du
Dark Multiverse chez
DC Comics,
Scott Snyder s'est offert un espace de liberté créative privilégié avec sa série anthologique,
All-Star Batman.
Après un premier arc avec
John Romita Jr. et quelques numéros
stand-alone (mais liés), All-Star Batman #10 lance un nouveau chapitre inconnu de la vie du
Chevalier Noir qui devrait s'étaler sur les cinq prochains numéros de la série. Cette fois-ci et contrairement à ses prédécesseurs, la série se focalisera sur le plus grand des alliés de
Batman et de
Bruce Wayne, leur père adoptif et majordome :
Alfred.
Comme à son habitude, Scott Snyder joue habillement avec les mythes qui entourent le
Chevalier Noir. Connaissant son histoire (à laquelle il a participé) et ses personnages sur le bout des doigts, l'auteur semble prendre un malin plaisir à jouer sur les nuances de son écriture promettant encore une fois d'explorer des pans totalement inconnus, ou plutôt, insoupçonnés, de ses héros. Cette nuance se fait même ressentir au niveau de son style, beaucoup plus fin que dans ces dernières productions.
Pour replacer le contexte, le scénario présenté dans ce numéro s'articule autour de deux histoires se répondant sans cesse. La première est une enquête classique du Chevalier Noir qui va l'emmener à la poursuite de
Hush, qui prend une nouvelle fois le visage de l'orphelin Wayne. Son but est d'utiliser l'identité du milliardaire de
Gotham City dans le but d'avoir accès à une arme secrète, entrée en contrebande par
Miami. L'occasion rêvée donc, pour
Batman et Alfred, de faire un petit tour dans le Sud-Ouest des
États-Unis. En parallèle, nous suivons une course poursuite sur les toits londoniens entre la police et un jeune homme cagoulé quelques années auparavant.
Scott Snyder est un scénariste dont l'efficacité n'est plus à prouver mais, en étant aussi prolifique ces dernières années chez DC Comics, ses œuvres n'ont pas toujours l'aura de ses jeunes travaux. Pourtant, ce All-Star Batman #10 est une bonne pioche. L'auteur renoue avec sa vieille habitude de mener son lecteur dans une direction, pour finalement le surprendre avec un élément qui remet en perspective tout un numéro. Et c'est exactement ce qui se passe avec ce comic-book qui gagne finalement tout son propos dans ces dernières pages. Car Snyder joue une nouvelle fois avec l'expérience des lecteurs comme il aime à le faire. En effet, le scénariste profite des codes bien calés de l'univers du héros et de la charactérisation de certains personnages pour les nuancer subtilement et mettre en place un complot qui pourrait avoir un impact majeur sur la relation entre Batman et son majordome.
Mais si ce premier numéro est aussi efficace, c'est aussi grâce à Rafael Albuquerque, nouveau partenaire temporaire de Scott Snyder. Malheureusement pas à son maximum et sans véritable envolée graphique dans les pages de ce numéro, il faut avouer que le dessinateur brésilien réussit toujours à convaincre grâce à son style crayonné et détaillé, unique et efficace. Il réussit d'ailleurs brillamment à mettre en scène les différentes ambiances se dégageant de ce
All-Star Batman. Le découpage assez classique du titre y est d'ailleurs pour beaucoup dans cette demi-déception, même s'il permet d'imposer un rythme de lecture fluide à ce numéro assez bavard.
Rafael Albuquerque profite d'ailleurs de faire un tour sur la série pour se charger du scénario du
back-up de ce dixième All-Star Batman qui voit le Chevalier Noir s'infiltrer dans un gang russe et qui devrait donc s'étaler sur les prochains épisodes...
Sans surprises, ce All-Star Batman #10 se révèle efficace puisqu'il promet de focaliser sa narration sur Alfred pour visiter les zones d'ombre de son passé, revenu le hanter. Scott Snyder réussit une nouvelle fois à prouver qu'il sait être un maître, la plume en main, en offrant une narration qui reste finalement assez classique mais qui ouvre sur un arc prometteur. Mais si ce numéro est aussi appréciable, c'est grâce à son nouveau partenaire, Rafael Albuquerque, qui offre une prestation elle-aussi efficace, même si on espère que les prochains numéros permettront de profiter du plein potentiel de son talent...