Devenu un peu par défaut le plus grand vilain de l'univers
Marvel grâce à
Joss Whedon depuis son apparition en scène post-générique d'
Avengers,
Thanos a désormais un statut d'empereur du mal à assumer. Et si les mini-séries consacrées au Titan Fou s'enchaînent plus vite qu'il ne détruit des planètes du côté de la Maison des idées, le fiancé de la mort pourrait bien avoir trouvé celle qui sied à son immense stature en compagnie de
Jeff Lemire et
Mike Deodato.
J'ai beau être l'un des rares lecteurs à avoir adoré le Thanos Rising de Jason Aaron et Simone Bianchi lors de sa sortie, force est de reconnaître que le père de Thane semblait presque trop humain pour croire à son ambition destructrice sans limite. Revenu d'entre les morts avant de se transformer en Kub'Or au cours d'Infinity de Jonathan Hickman, le natif de Titan semble avoir oublié ses ambitions de conquérir la terre, refroidi par des Vengeurs toujours pas décidés à lui faire de la place en Comics.
De retour du côté de Saturne ou dans ses larges environs, Thanos n'a pas laissé toute ambition de côté pour autant, et il semblerait que voir l'un de ses sbires installé à son trône ne soit que très peu à son goût. Quelques pulvérisations de goons aliens et d'un 4x4 à faire pâlir le commandant Shepard et son Mako plus tard, le futur ennemi suprême de Robert Downey Jr et Chris Evans semble avoir des comptes à régler avec à peu près tous ceux qui se mettront en travers de sa route, à moins que son diable de scénariste n'en décide autrement.
En effet, si Thanos #1 ne fait pas dans la dentelle et définit un standard de puissance que l'on pourrait très bien voir calqué au cinéma dans quelques années (d'autant plus avec l'aspect très terre-à-terre de sa façon de combattre comme un catcheur au sommet de sa carrière), c'est bel et bien lors de son cliffhanger qui laisse sans voix que la série démarre. Une conclusion que je ne pourrais aucunement vous spoiler, donc, mais qui bouscule le Titan dans ses fondements, lui qui va devoir affronter une donnée qu'il pensait pourtant avoir depuis longtemps épousé. Ajoutez à ça son fils, à priori vertueux mais peut-être un peu trop enclin à écouter ce qu'on a à lui proposer, et vous obtenez une mini-série qui devrait bouleverser quelques acquis de l'univers Marvel sans même que les Vengeurs n'aient à mettre leur nez dans une histoire cosmique qui les dépasse.
Toujours aussi doué, Mike Deodato n'en finit plus de faire les beaux jours de Marvel. Le dessinateur Brésilien semble d'ailleurs parfaitement habitué au domaine spatial de l'éditeur, lui qui a déjà donné dans les affrontements cosmiques lors d'Original Sin, entre autres.
Découpage dynamique et parfois audacieux, dessin précis correspondant à la puissance qui se dégage naturellement de son sujet, tout l'attirail du parfait sublimateur y passe. Thanos apparaît dangereux, malsain et malgré un cliffhanger qui bouscule son status quo, on comprend bien vite qu'il serait assez maladroit d'essayer de vexer le Titan sur le retour.
Mention spéciale, une fois de plus, aux couleurs de l'excellent Frank Martin, qui lui non-plus ne semble pas se lasser de travailler pour Marvel alors que son talent pourrait le porter partout ailleurs. Tant mieux pour nous, tant mieux pour Thanos.
Souverain, nihiliste et presque malsain, voici quelques adjectifs qui collent aussi bien à Thanos qu'au premier numéro de sa nouvelle série. Le Titan Fou y apparaît plus déterminé que jamais, mais c'était sans compter sur l'esprit plein de ressources d'un Jeff Lemire bien décidé à bousculer le fils de Mentor et Sui-San dans ses derniers retranchements. Si l'on ajoute à ça les dessins surpuissants de Mike Deodato Jr, il se pourrait bien que l'on tienne le mètre-étalon des futures apparitions de Thanos sur nos (grands) écrans. Après quelques tentatives en Comics, Marvel semble enfin tenir la bonne recette pour mettre en scène le vilain ultime créé par Jim Starlin et ce n'est pas nous qui allons nous en plaindre, même si nous attendrons un second numéro avant de crier à l'excellence.