Home Brèves News Reviews Previews Dossiers Podcasts Interviews WebTV chroniques
ConnexionInscription
International Iron Man #1, la review

International Iron Man #1, la review

ReviewMarvel
On a aimé• Des dialogues toujours aussi finement ciselés
On a moins aimé• Un énième titre de Bendis en mode automatique
• Même Alex Maleev ne semble pas plus concerné que ça
Notre note

L'association Brian M. Bendis et Alex Maleev a déjà écrit parmi les plus belles pages de l'histoire des comics. On pense évidemment au monument que représente leur run sur Daredevil (il est partout ces temps-ci, celui-là), mais aussi à Scarlet, leur creator-owned beaucoup trop sous-estimé, et qu'on aimerait voir terminé un jour. C'est donc avec un certain espoir qu'on attendait ce premier numéro d'International Iron Man, même si l'on se rappelle de leur passage plus qu'anecdotique sur Moon Knight qui était là pour nous rappeler de ne pas nous enflammer trop vite.

"Well, if I run, that's not cool !"

On a déjà beaucoup discuté de la propension qu'a Brian Bendis ces dernières années à produire des comics à la chaîne, sans que ce soit jamais mauvais (le scénariste a bien trop de talent pour ça) mais sans que ce soit jamais excellent non plus. Profitant de son statut chez Marvel, quand il s'empare d'une franchise, ce n'est pas pour lancer une série mais plutôt deux. Il l'a déjà fait avec Avengers, puis avec X-Men, et applique désormais cette méthode à Iron Man. C'est pratique, il peut explorer plusieurs aspects du personnage, s'organiser des crossovers tout seul dans son coin et être payé deux fois plus. Le moins que l'on puisse dire pourtant, c'est que sa première série sur le Vengeur en armure, Invincible Iron Man, ne nous a pas vraiment rassuré sur les dispositions d'un Bendis à nouveau en pilote automatique avec une histoire qui ressemble beaucoup à ses dernières productions pour Marvel, sans idées et sans intérêt. Pourtant, avec Alex Maleev au dessin, on y croit encore, se disant que le scénariste chauve retrouvant l'un de ses partenaires de jeu favoris, il va y mettre un peu plus de sa personne.

L'espoir n'aura pas duré longtemps. On se rend très vite compte que Bendis va appliquer une formule scénaristique éprouvée sur ses nombreuses séries précédentes. La première page s'ouvre sur un Iron Man battu, allongé par terre et entouré par ses ennemis (encore des mecs en armure, évidemment), scène habituelle qui a au moins le mérite de faire un clin d'œil au dessinateur bulgare puisqu'elle se déroule à Sofia. Et on embraye aussitôt sur un flashback, qu'il va falloir définitivement interdire à l'auteur américain, ou au moins lui imposé un quota, pas plus d'un par mois ce serait déjà pas mal. Bref, on arrive sur ce flashback, qui va donc durer quasiment l'ensemble du numéro, où on retrouve un Tony Stark qui est encore étudiant, bien loin du commerce des armes et encore plus des envolées super-héroïques. On le voit tomber amoureux d'une mystérieuse femme fatale et s'enchainent quelques péripéties. Pas si nombreuses car encore une fois, Bendis joue de la décompression jusqu'à l'ivresse. Maître-dialoguiste, le scénariste mise encore une fois tout sur son point fort pour nous livrer un épisode assez vide.

"I pay my own way."

Finalement, ce premier épisode se résume à bien peu de choses. Une ouverture où le héros est au plus mal, classique (surtout chez Bendis), un flashback qui nous introduit un nouveau personnage, avec quelques petites retcons habituelles sur le passé de Tony, et une page finale où l'on retrouve ce même nouveau personnage alors que l'on retourne dans le présent. Et c'est là où le créateur de Powers rate vraiment le coche. Il essaie de créer une empathie artificielle pour mieux installer son récit, mais ce final manque totalement de charge émotionnelle, puisque nous n'avons rencontré le-dit personnage que dans les pages précédentes, nous n'avons même pas vraiment conscience qu'il fait vraiment partie de l'histoire de Tony Stark. D'ailleurs, Bendis livre encore une fois, comme dans tous ces derniers numéros 1, les clés de sa série dans son cliffhanger. Comme si cette dernière page était la note d'intention qui annonce ce qui va suivre, quel est le vrai propos de cette histoire.

S'il est un peu lassant de voir Bendis faire encore et toujours la même chose, appliquant son schéma narratif ad nauseam, on aurait pu se rattraper avec le dessin d'Alex Maleev. Pourtant, là encore c'est très en-deçà de ce qu'on sait qu'il est capable de faire. Ce n'est pas moche, loin de là, quoique certaines cases ont clairement été faites à la va-vite, mais c'est surtout qu'il n'y a aucune invention dans le dessin, le cadrage ou le story-telling. Le Bulgare se contente d'être appliqué, même s'il a ce talent pour sublimer la décompression bendissienne et un coloriste, Paul Mounts, qui sublime son trait. Finalement, au scénario comme au dessin, les deux artistes se contentent de faire ce qu'ils savent faire, sans jamais rien créer, explorer ou imaginer. C'est ce fameux règne de la médiocrité, où l'on fait le minimum requis sans jamais prendre de risque, sans jamais innover.

International Iron Man, c'est un exemple parfait à prendre quand on essaye d'expliquer ce qui fait la différence entre une œuvre d'Art et une œuvre d'artisanat. Ce comics appartient clairement à la seconde catégorie, se contentant de faire de l'applicatif et de ne (surtout) rien oser de neuf. En revanche, il y a de très belles œuvres d'artisanat, mais il faudrait encore pour cela que Brian Bendis sorte de ses schémas habituels, pour qu'enfin le lecteur ait une quelconque chance d'être surpris.

Alfro
à lire également
Commentaires (5)
Vous devez être connecté pour participer