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Édito #63 : DC et l'animation, du grand amour à l'amour vache ?

Édito #63 : DC et l'animation, du grand amour à l'amour vache ?

chronique

Depuis les années 90' et ses séries cultes que sont Batman, Superman : l'Ange de Metropolis ou encore Justice League, DC pouvait compter sur une solide production animée pour séduire tous les publics, des plus jeunes néophytes aux aficionados plus âgés. Les créations de Bruce Timm et Paul Dini ont sans conteste poussé l'univers aux deux lettres à se développer du côté de l'animation, et le secteur le lui a bien rendu pendant quelques années. Seulement, à l'aube du développement - tant attendu - de DC vers le cinéma, les productions animées de l'éditeur semblent battre de l'aile.

#GénérationF3X

Avant toute chose, il convient de rappeler que comme bon nombre de fans de comics, mes premiers contacts avec les univers de Marvel et de DC ont été les séries animées que diffusaient régulièrement les chaînes françaises dans les années 90'. À ce titre, j'imagine que je suis, aux côtés de tout un pan du lectorat français, en quelque sorte programmé pour voir, dans l'enchaînement des production animés DC et Warner Bros, un déclin. Maintenant, tout l'objet de cet édito' est de revenir en arrière, et d'analyser les différentes œuvres que nous ont proposé les deux entreprises depuis quelques années, histoire de ne pas sombrer dans le sempiternel "c'était mieux avant"

Incontestablement, la diffusion de séries animées super-héroïques a connu un âge d'or dans les nineties et jusqu'au début des années 2000, notamment grâce à l'émission F3X de France 3, qui faisait la part belle aux super-héros bien avant leur ascension à Hollywood. Le petit gars que j'étais pouvait ainsi découvrir les aventures de Batman, Superman et de la Justice League, sans oublier les X-Men ou Spider-Man. La grande époque de l'animation télévisée à base de capes et de collants, comme j'ai peu m'en rendre compte quelques années plus tard, en découvrant que je me souvenais de très nombreux épisodes, sans toutefois avoir pleinement compris leur portée ou leur messages, à l'époque. Forcément, le génie d'un Timm ou d'un Dini vous marque, même inconsciemment. Et je pense même qu'il cristallise, dans ma tête, l'idée que je me fais du Chevalier Noir et de ses compagnons, dont Harley Quinn, pour ne citer qu'elle.

L'entrée dans l'âge adulte

Il est est d'ailleurs assez amusant de constater que l'univers animé a quelque part grandi en même temps que son public, sous l'impulsion de Paul Dini mais surtout de Bruce Timm, qui pilotait le studio d'animation de Warner Bros et DC à son lancement en 2007, plus d'une décennie après le lancement de Batman the Animated Series. Les fans grandissent en âge et les productions animées en longueur, avec de moyens voire longs-métrages, qui adaptent ou non des gros morceaux de l'histoire de DC, comme La Mort de Superman ou encore le Justice League : New Frontier de Darwyn Cooke

Et contrairement à ce qu'on pourrait penser, les films qui sortent du studio, et en Direct-to-DVD, ne sont pas tous irréprochables. Si l'animation propose un traitement proche des comic books de DC (en termes de graphismes et de contenu), les métrages lancé par Warner ne sont pas tous indispensables. Se côtoient, au sein du studio, de très belles créations comme Wonder Woman, qui cherche à adapter les aventures de l'héroïne comme une vraie production hollywoodienne, des adaptations intéressantes mais dispensables, comme Batman Year One, et beaucoup de ratés comme Crisis on Two Earth. On est déjà loin du tableau à peu près irréprochable du Timm-verse.

Une japanisation malvenue ?

Mais à la rigueur, on retrouve dans la grande majorité des titres du studio la patte visuelle qu'on associe à Bruce Timm, qui n'a disparu que progressivement des productions animées de DC, emboîtant le pas à un créateur toujours moins impliqué dans le développement des nouvelles séries et des nouveaux films de la Warner, jusqu'à son départ en 2013. Mais la diversification des styles d'animation ne s'était pas faite contre son gré, puisqu'il pilotait la série Green Lantern et d'autres projets peut-être plus éloignés de son trait il y a quelques mois encore.

Reste à choisir ce que l'on préfère entre un trait uniforme pour un univers animé - qui n'est pas nécessairement partagé - et une multitude de styles pour ce dernier. Tout est affaire de goût et d'équilibrage, et personnellement, je regrette un peu la japanisation de l'animation des films DC, qui ne convient pas toujours à ce qui est présenté. Je pense notamment au récent Batman vs Robin qui aurait gagné à coller au style de Greg Capullo, qui se trouve d'ailleurs quelque part entre un dessin réaliste et un trait plus Timmien.

L'envie d'avoir envie

Ces changements visuels pas toujours bienvenus s'accompagnent aussi d'un manque de punch dans les productions récentes du studio. Si on met de côté le génie fulgurant de Young Justice, qui a eu tôt fait de nous rendre nostalgiques, une large majorité des séries et des films de Warner Bros et DC ne parviennent plus à passionner. Prenons en exemples Assault on Arkham, qui n'est qu'une pâle copie du batverse déjà problématique de Rocksteady, ou Beware the Batman, qui pique violemment les yeux et fut vidé de toute sa substance après la tuerie d'Aurora

Tout n'est pas à jeter, mais on sent que la diversité, esthétique comme narrative, est plus liée au hasard que due à une stratégie du studio, qui semble aller au gré du vent, en témoigne l'adaptation soudaine des classiques que sont The Dark Knight Returns ou Killing Joke (bientôt), qui vont dans le sens d'un univers DC qui se cherche en capitalisant sur ses classiques. Mais en remontant les années, on dénombre peut-être autant d'adaptations plus inspirées, comme la série Batman de 2004, qui à mon sens combinait assez bien l'univers de Bruce Timm et une certaine modernité. Et si le bilan tenait plutôt de l'érosion que du déclin ?

Vers un retour en force

C'est finalement la multiplication des projets et leur rythme de production effréné qui les caractérise qui nuit à cet univers animé que nous chérissons depuis quelques années déjà. Plus que l'arrivée de DC au cinéma, moins que le départ de Bruce Timm et autant qu'une japanisation pas toujours réussie, surtout si on la compare aux meilleurs animés japonais, qui leur mettent une claque plus violente qu'un coup de poing de Bane. Dans cet océan d'adaptations pas toujours inspirées, on retrouve encore le phare Timm et son God & Monsters (ou plutôt ses courts-métrages en forme de préquelles) qui n'était pas si mal.

Même l'annonce récente de Justice League Action va dans le sens d'une nouvelle belle période pour l'univers animé de DC. La série semble vouloir concilier plusieurs approches à succès, dont le rajeunissement des personnages (Young Justice oblige), la modernisation de leurs tenues et la nostalgie du trait à la Timm, dans une seule production, qui pourrait bien mettre tout le monde d'accord et servir de joli contre-pouvoir au DCEU de Zack Snyder et ses potes. Et potentiellement, une belle alternative à l'univers Marvel, qui réfléchirait à faire de ses productions animées un nouveau morceau du déjà gigantesque MCU.

Republ33k
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