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Interview de Jean-François Buffe par Marvelous Comics !

Interview de Jean-François Buffe par Marvelous Comics !

chronique
Et oui, ce n'est pas un travail 100% COMICSBLOG.fr, marqué au fer rouge par vos reporters de l'infini, mais par amitié pour Jean Michel et son blog Marvelous Comics, ainsi que la grande amitié qui lie Jean-François et COMICSBLOG.fr, nous nous devions de relayer l'excellente interview que voilà !
Vous pouvez d'ailleurs la lire directement sur http://marvelouscomics.over-blog.com/ :

Collectionneur passionné et ancien collaborateur de « Scarce », Jean-François Buffe dirige aujourd'hui une librairie spécialisée dans les comics, « A Plein Rêves », bien connue de tous les amateurs de la région nantaise – et au-delà. Il a accordé à marvelouscomics une interview exclusive, l’occasion pour nous de découvrir un comics shop, vu de l’autre côté du miroir.


marvelouscomics : Pouvez-vous nous dire, en quelques mots, comment vous en êtes venu à ouvrir une librairie spécialisée dans les comics à Nantes ?

Jean-François Buffe : C’est un vieux projet, une envie que moi et mes associés avions depuis de nombreuses années, avant même que nous nous rencontrions, à Nantes, vers 1990. Eux, amateurs passionnés de comics, et moi, jeune cadre parisien fraîchement débarqué dans la ville, collectionneur depuis de nombreuses années et, en tant que membre de la rédaction de « Scarce », en relation avec les librairies nantaises susceptibles de le diffuser. Mais ce projet serait probablement resté dans les limbes si j’avais « tranquillement » continué ma carrière de cadre : finalement, j’ai dû quitter mon emploi, et l’occasion s’est présentée de concrétiser ce rêve.

APR allée 2
N’était-ce pas prendre un risque, que d’ouvrir une telle librairie dans une ville de province ?


C’était un risque, oui, et pas seulement de le faire dans une ville de province mais aussi, historiquement, de le faire à Nantes. En quinze ans, il y avait eu trois tentatives, et toutes s’étaient soldées par une fermeture au bout de un à deux ans. Certains en avaient conclu qu’une librairie de comics à Nantes ne marcherait jamais, mais je n’ai jamais été d’accord avec une soi disant résistance culturelle nantaise aux comics, ou à d'autres cultures importées. A mes yeux, les échecs de nos prédécesseurs tiennent à quatre facteurs : des finances trop faibles ; un stock de départ réduit, qui ne propose que de la nouveauté ou de l’occasion ; l’absence de notions et d’outils de gestion ; et, enfin, pas assez d’expertise dans son propre domaine. A quoi sont venus s’ajouter des tarifs nettement plus élevés qu’à Paris, au prétexte qu’ils étaient en situation de monopole sur Nantes. Les collectionneurs de comics, qui forment de petites communautés, se sont vite aperçus qu’ils pouvaient trouver des solutions plus avantageuses ailleurs.

APR Inhumains
Et la présence d’un réseau de librairies généralistes et d’une FNAC était-elle aussi une menace ?


Nous avions déjà lancé notre projet, quand deux concurrents de taille nationale se sont installés sur Nantes : « Album » (mais, ouf ! après de timides tentatives, ils ont vite abandonné l’idée de faire de la V.O) et, dans le domaine de l’objet, figurines, goodies etc., « Collector Shop » (qui a aussi essayé et vite abandonné les comics V.O, là encore, ouf !). Tous deux venaient occuper certains de nos terrains, mais, heureusement pour nous, pas ceux qui font notre force : être de vrais spécialistes, ne pas seulement proposer les nouveautés qu’on trouve dans n’importe quelle librairie, mais également un large choix d’anciens et de pièces de collection. Ça nous a toutefois rendus encore plus prudents, et conduits à étudier encore mieux notre futur marché, à rencontrer des professionnels, établir des comparaisons chiffrées avec des boutiques aux activités similaires, etc. L’étude de marché nous a ainsi convaincus de nous lancer dans les comics en V.F., alors que nous n’en avions pas l’intention au départ. Alors, oui, c’est un risque, mais, dans notre cas, c’était un risque calculé.

APR mur de droite avec simpason en 1er plan
Pourquoi ce choix d’
A Plein Rêves, comme nom de votre librairie ?



On avait beaucoup brain-stormé pour trouver un nom, on avait noirci sept ou huit pages, en sachant qu’on préférait éviter la facilité d’un nom anglophone, mais aussi des noms avec « comics », parce que nous ne voulions pas induire que nous ne faisions que des comics. Et une des tendances qui se dégageait, c’est que beaucoup de noms tournaient autour des rêves, des songes, des mondes imaginaires. Mais rien ne nous satisfaisait vraiment. Et puis, là-dessus, s’est greffée une considération « technique » : dans l’annuaire, c’est l’ordre alphabétique qui prévaut. Il fallait donc trouver un nom qui commence par un « a » : « a » et « rêves », « à fond les rêves »? Ce n’était pas très beau. « A Plein Rêves ! » est alors venu, tout naturellement. Et non seulement c’est un joli nom, mais, en plus, il parle à la fois de notre domaine, les mondes de l’imaginaire, des rêveurs que nous sommes, mais aussi de nous, parce que créer notre boutique, c’était vivre à plein nos rêves. On a testé le nom, on a vérifié qu’il n’était pas pris, et on l’a déposé.

APR Etoile noire
L’une des originalités d’
A Plein Rêves est de proposer aussi de nombreux produits dérivés. Avez-vous un intérêt particulier pour les goodies, ou bien ceux-ci viennent-ils simplement compléter votre offre ?

La présence des figurines et autres produits dérivés dans notre offre, c'est à mon associé, Pascal Tisserand, qu'on la doit. Collectionneur de figurines et objets depuis l'enfance, surtout en Star Wars, mais aussi en comics et dans d'autres domaines, son projet de départ portait plus sur l'ouverture d'une boutique spécialisée dans les figurines et les goodies, que sur une librairie spécialisée dans les comics. Sans espérer rivaliser avec certaines boutiques parisiennes, il avait l'ambition d'ouvrir LA boutique de référence en province. A ce jour, même si nous n'avons plus certaines pièces exceptionnelles que nous présentions à l'ouverture (il reste toutefois un morceau de l'Etoile noire, en parfait état, voir ci-contre), nous pensons toujours offrir la plus large gamme de produits Star Wars de province... Ce qui ne nous empêche pas de couvrir à peu près tout ce qu'il est possible de couvrir en produits dérivés de séries télé, jeux vidéo, films, dessins animés, comics, musique, avec même un peu de manga et de catch. Notre gamme s'est même élargie : au début, nous étions focalisés sur les figurines, maintenant, nous présentons aussi des mugs, des bols, des gadgets, des t-shirts, des posters, des calendriers, etc. Il n'y a que dans le domaine des statues en résine que nous avons un petit retard à rattraper, mais on progresse avec prudence, parce que ce sont des pièces très coûteuses, sur lesquelles la concurrence des sites internet est féroce. Grâce à leurs offres en préachat, avec règlement immédiat, ils vivent sur l'avance de trésorerie qui leur est faite plus que sur la marge, laquelle, du coup, peut être faible. Ils vendent avant d'acheter ; nous, c'est l'inverse, on achète avant de vendre. Alors il nous faut une marge qui permette de couvrir le coût des immobilisations que cela représente !

APR étalage DC
Pour les comics comme pour les produits dérivés, votre activité suppose de disposer de stocks conséquents…


Pour les comics, nous avons démarré avec un stock de 30 à 40.000 titres V.O. en « anciens », avec une grosse majorité de « Bronze Age » et « Modern Age », mais aussi plusieurs centaines de « Silver Age », et de vraies grosses pièces comme des « Fantastic Four », des « Amazing Spider-Man » ou encore des « Green Lantern » dans les premiers numéros. Par exemple le « FF 48 », avec le premier Silver Surfer et le premier Galactus, ou le « Giant Size X-Men 1 », avec du Kirby, du Neal Adams, du Kane, du Byrne, du Perez, du Miller... A nos yeux, avoir ce genre d'offre et de stock, c'est un facteur clé de différence, d'expertise et de crédibilité par rapport à ceux qui offrent les mêmes produits que nous, que ce soit côté comics ou côté produits dérivés. C'est d'ailleurs pour ça que, à partir du moment où nous avons décidé d'aller aussi sur le marché des comics VF, on a commencé à acheter des « Strange », des « Titans », etc., pour ne pas offrir seulement les mêmes nouveautés que les autres. Et, à l'ouverture, parce qu'on était les seuls à le proposer, ça a aussi été un facteur clé de démarrage du chiffre d'affaire. Par contre, un tel modèle suppose d'énormes investissements en amont ET de véritables connaissances et expertises qui ne s'improvisent pas. Sinon, il n’est pas possible de faire la différence entre une pièce recherchée et une pièce courante, ni de pouvoir conseiller ou renseigner les clients. Ce qui fait aussi que notre modèle n’est pas « copiable » facilement : les connaissances, ça ne s'acquiert pas « comme ça », il faut du temps...

APR miniatures
Face à l’offre pléthorique des éditeurs, vous demande-t-on souvent conseil ? Quelles sont les questions qui reviennent le plus souvent ?


Oui, fréquemment. Et c’est le vrai « plus » d’une boutique comme la nôtre, pouvoir conseiller nos clients. Les demandes qui reviennent le plus souvent se limitent à deux grandes questions. La première est « est-ce que c’est bien ? » ou « qu’est-ce que vous avez de bien à me conseiller ? » Et la réponse dépend entièrement de ce que le client connaît et aime déjà. Inutile de proposer « I Zombie », ou « The Sword », ou « Incognito » à quelqu’un qui n’aime que les comics bourrins à la « Punisher ». Par contre, « The Boys », « Black Kiss » ou « Preacher » pourraient lui convenir. Quant à la seconde question, c’est genre « est-ce que vous avez Gzzzzz 27 ? » ou « est-ce que vous avez le comic où stoopoid-man se crashe dans une allée, atterrit dans une poubelle (c’était super drôle !) et, à la fin, se retrouve au ciné avec Gwenola ? ». La plupart du temps, ça nous dit quelque chose, mais des fois, (comme là), il y a tellement peu de détails utiles qu’on ne pourra rien faire pour l’aider.

APR étalage Marvel
Et avez-vous des contacts privilégiés avec les auteurs ? Vous arrive-t-il d’avoir la visite de tel ou tel ?


Jusqu’à il y a peu, j’aurais dit « non », mais maintenant, ça serait faux, et ça va l’être de plus en plus. J’ai récemment eu le plaisir d’avoir dans la boutique Benjamin Carré, qui a signé deux albums chez Delcourt et de superbes couvertures pour des comics « Star Wars » de Dark Horse. Un plaisir qui devrait se renouveler très régulièrement à partir de l’an prochain puisqu’il devrait venir s’installer à Nantes. Mais je compte surtout sur l’apparition imminente du site Comicsblog,fr, à l’initiative d’un de mes clients et amis, Sullivan Rouaud, dont l’une des ambitions est de mettre en avant le travail des artistes français dans le monde des comics : je devrais ainsi avoir le bonheur de recevoir certains d’entre eux, à commencer par Aleksi Briclot, qui viendra nous rendre visite le 11 novembre !
Sullivan
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