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Édito #47 : Detective Comics, ou l'ombre géante de Batman

Édito #47 : Detective Comics, ou l'ombre géante de Batman

chronique

Arrivé il y a un an sur Detective Comics avec son compère Brian Buccellato, Francis Manapul vient d'annoncer son départ du titre dans les prochain mois. La fin d'un très bon run qui aura suivi celui du tout aussi bon John Layman, et qui partagera avec lui le triste sort de second dans la classe des Bat-titres, derrière la locomotive de Scott Snyder et Greg Capullo. Un constat incessant qui soulève la question de la place du titre chez DC Comics.

Pour ceux qui ne se seraient jamais posé la question, le nom de DC Comics lui vient de l'une de ses plus anciennes revues, à l'époque de National Allied Publications : Detective Comics (oui, ça donne bien "Detective Comics Comics"). Lancé en 1937, le titre arrivait plus d'un an avant une autre série entrée dans les annales de l'histoire des comics, à savoir Action Comics dont le premier numéro marquait l'apparition de Superman.

Proposant à l'origine diverses histoires de détectives (no shit Sherlock), Detective Comics se retrouve associé à celui qui deviendra plus tard le personnage le plus prestigieux de la firme : Batman, qui apparait dans le numéro 27 de la série en 1939. Personnage sombre, le Chevalier Noir y tue ses ennemis lors de ses débuts, avant de rapidement se ranger du côté des justiciers qui ne tuent pas pour des questions de moral face au public visé. Après une année de publication, et après avoir déjà lancé de nouveaux concepts comme Robin, qui popularisera les sidekicks, Batman devient la série principale de Detective Comics. Et ce alors que dès 1940, le personnage obtient aussi une série à son nom. 

Pendant de nombreuses années avant que DC Comics ne finisse par prendre ce nom, Detective Comics marque les esprits de ses lecteurs et du monde des comic books. De nombreux vilains y sont créés (le Pingouin, Double-Face, l'Homme-Mystère, puis plus tard Gueule d'Argile, Talia Al Ghul, et on en passe. Les personnages féminins n'y sont pas en reste, puisque c'est dans Detective Comics que la première Batwoman apparaît (1956), y meure (1979), ou que la dernière en date (Kate Kane) est développée dans l'un des runs les plus plébiscités de la dernière décennie par J.H. Williams III. Quant à Barbara Gordon, c'est en 1967 dans le numéro 359 de la série qu'elle est introduite en tant que Batgirl.

Et si la liste est loin d'être exhaustive, c'est que le titre a bien vécu depuis 1939, et ce en comprenant uniquement deux volumes. Car en effet, bien que ce soit inconcevable pour les lecteurs d'aujourd'hui, des séries pouvaient durer auparavant plusieurs centaines de numéros sans être relancées au numéro 1. Detective Comics, première du nom, a ainsi atteint son numéro 881 avant le relaunch des New 52. Elle comprend également deux numéros spéciaux (0 et 1 000 000) et douze annuals.

À travers les époques, la série a vu passer de nombreux runs devenus depuis légendaires avec leurs auteurs, suivant les traces de Bob Kane et Bill Finger. Nous parlions de J.H. Williams III sur ce qu'est devenu Batwoman: Elegy, mais avant les New 52, Scott Snyder y faisait ses débuts sur le personnages en ouvrant les Portes de Gotham. Dennis O'Neil, Neal Adams, Len Wein, Mike W. Barr et j'en passe y ont laissé quelques marques intemporelles.


Mais depuis bien longtemps déjà, on ne saurait trop dire quand, le titre a laissé sa place à la machine Batman, vendant à un plus grand public de par son nom, tout comme action Comics a laissé place à Superman. En 2011, Batman et Detective Comics lâchent leurs volumes 1 pour récupérer chacun un volume 2 lors des New 52. Propulsé star de DC Comics, Scott Snyder reprend Batman, et en fait la série phare de l'éditeur, laissant Detective Comics à Tony Daniel.

Mais si Daniel est un très bon dessinateur, son scénario pèche par son côté blockbuster sans cerveau lors des premiers numéros. Il retire le visage au Joker mais ne parvient pas à marquer face à la Cour des Hiboux de Snyder. Conservant son auteur phare depuis maintenant quarante-deux numéros sur Batman, Dan DiDio n'hésite pas à jouer avec Detective Comics, et à laisser les auteurs faire leur travail.

Ironiquement, c'est donc d'un statut un peu bâtard qu'hérite Detective. Devant naturellement survivre de par son nom et son symbole, la série laisse plus de place à ses auteurs que de nombreuses autres séries de l'éditeur impliquant des personnages majeurs, tout en ne vendant que la moitié de ce que vend Batman*. Les équipes successives Layman puis Manapul/Buccelato développent donc l'univers de Gotham, et jouent avec sa mythologie et ses personnages, offrant une alternatives aux plus anciens lecteurs non contents de la direction de Batman.

Aujourd'hui, Detective Comics permet de développer Bullock, le GCPD, Renée Montoya (depuis deux numéros) et même l'univers qui entoure le nouveau Batman, étendant drastiquement son décorum en s'attaquant aussi à de vraies histoires de détectives, et des développements plus sombres.

Coincée indéfiniment dans l'ombre de sa petite soeur star, Detective Comics ne se repose pas sur ses lauriers et se pose, une nouvelle fois, comme l'un des piliers de DC Comics. On espère que la bonne dynamique perdurera avec la nouvelle équipe encore non annoncée.

* En nous basant sur les chiffres de Comichron, nous trouvons sur l'année 2014 une moyenne de ventes mensuelles de 116 532 unités pour Batman, et 63 494 pour Detective Comics. Mais en retirant les numéro spéciaux (les événements Futures End pour les deux séries, et Detective Comics #27 qui était un numéro anniversaire), les ventes moyennes tombent à 115 506 pour Batman (constant malgré les numéro spéciaux) et 58 793 pour Detective comics. Ces chiffres restent globalement les mêmes sur le premier semestre 2015.

Manu
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