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Un nouveau scandale de royalties entre DC et ses artistes

Un nouveau scandale de royalties entre DC et ses artistes

NewsDc Comics

C'est l'auteur Gerry Conway, (co-)créateur de centaines de personnages pour l'éditeur aux deux lettres, qui vient de tirer la sonnette d'alarme. DC, via des pratiques légales un poil douteuses, prive progressivement ses auteurs du crédit qui leur revient lors de la création d'un héros, à commencer par les royalties, qui permettent aux artistes de ne pas vivre de leurs seuls planches et scénarios.

Depuis son Tumblr, le scénariste (a qui on doit, en partie, le personnage du Punisher, de Firestorm ou encore des moments forts comme la mort de Gwen Stacy) a donc décidé d'exposer la situation.

Une participation jadis équitable

Il commence par expliquer le concept de "creator equity participation", mis en place par l'éditeur il y a plusieurs années de cela. Une protection légale qui permet aux auteurs de toucher une part minime mais bien réelle des bénéfices générés par un média qui utiliserait leurs personnages. Gerry Conway explique par exemple qu'il a touché de l'argent lorsque Killer Croc est apparu dans Batman : The Animated Series. Ce principe fut longtemps appliqué de manière proactive et limpide dans les locaux de DC, notamment sous l'impulsion de Paul Levitz, ancien artiste devenu éditeur, sensible à la condition de ses scénaristes et dessinateurs. 

Malheureusement, tout a changé, selon Conway, lorsque DC comics est devenu officiellement DC Entertainment. Un changement qui ne s'est pas fait sentir tout de suite, mais qui est devenu bien réel pour Gerry Conway lorsqu'on lui a expliqué qu'il ne recevrait plus d'argent pour Power Girl, qui était désormais considérée comme un personnage "dérivé" (nous reviendrons sur cette notion). En guise de compensation, l'auteur reçut alors un chèque de 1000 dollars.

Dérives et personnages dérivés

Devenu superflu, le concept de "creator equity participation" n'est également plus proactif. C'est désormais à  Gerry Conway, et aux auteurs en général, d'aller chercher les références faites à leurs créations dans les différentes médias, ce qui permet à DC d'économiser son chéquier : imaginez un peu le temps qu'il faut à un artiste comme Conway pour repérer toutes les apparitions de ses personnages dans la masse de produits à base de super-héros.

Revenons maintenant sur le principe de personnages "dérivés", qui est l'arme de DC dans cet affrontement avec les auteurs. Il s'agit d'une définition légale qui, en gros, permet de définir un personnage comme un simple dérivé, une évolution d'un autre personnage. Par exemple, Power Girl est désormais considérée comme un dérivé de Superman, comme Superboy et Supergirl. Cette définition permettant à l'éditeur de revenir, éventuellement, jusqu'à un personnage qui lui appartient entièrement, ou du moins, à une situation plus avantageuse. Une logique douteuse, et d'un autre âge, comme l'explique Conway, puisque sa dernière utilisation remonte aux années 1940 lorsque National Periodical Publications (l'ancêtre de DC) cherchait à récupérer les droits de Superboy des mains de Siegel et Shuster, en invoquant le lien qu'il partage avec Superman, pour ne pas avoir à payer l'utilisation des deux personnages.

Ce principe suppose ainsi que la plupart des héros de comic books (on trouvera toujours un lien avec un personnage plus vieux) ne sont pas de vraies créations. Ce qui, en plus d'être irrespectueux, n'est ni éthique ni moral. Pire encore, si un personnage connaît plusieurs alter-ego (c'est le cas de Killer Frost, co-crée par Conway), ce seront les créateurs de sa première identité qui bénéficieront de royalties, pas leurs successeurs. Car la seconde identité du personnage n'est que variation de la première. La première n'étant qu'une variation d'un autre personnage, si on suit la logique de DC.

Ce qui mène Gerry Conway à penser que les personnages de DC seront bientôt créés par personne, venus au monde sans créateurs. Cela arrange forcément l'éditeur, qui n'a alors plus personne à payer. Une approche inédite de la paternité créative que tous les lecteurs de comics devraient connaître et dénoncer.

Republ33k
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