Home Brèves News Reviews Previews Dossiers Podcasts Interviews WebTV chroniques
ConnexionInscription
Les Young Guns dégainent #2 : Justin Jordan

Les Young Guns dégainent #2 : Justin Jordan

chronique

Si le terme de Young Guns cher à Joe Quesada est plus souvent associé à de jeunes dessinateurs à l'avenir prometteur, certains jeunes scénaristes aussi mériteraient d'être mis en avant. S'il est toujours plus difficile de juger du travail d'un écrivain, dont l'œuvre qui se construit au fil des années est son seul testament, on peut remarquer que certains, comme Justin Jordan (pas le neveu de Michael, on parle de celui qui joue moins bien au basket et qui est roux), font parler d'eux rapidement.

Les comics pour se sauver

Pour bien comprendre d'où vient Justin Jordan, il est nécessaire de revenir sur quelques confessions qu'il a pu faire sur son passé et comment celui-ci a forgé l'artiste qu'il est aujourd'hui. Il a en effet révélé qu'il avait été victime d'une grave dépression dont il a mis très longtemps à sortir, et que ce qui lui avait permis de relever la tête, c'était nul autre que les comics et l'écriture. Ainsi, il va lire énormément de comics, et écrire, beaucoup aussi. Il sera d'ailleurs l'un des participants de cette initiative éphémère que fût Zuda.

Zuda, c'était un label lancé en ligne par DC Comics en 2007, qui tentait pour la première fois le lecteur Flash pour ses comics. Il permettait à tous les aspirants scénaristes de leur envoyer des comics de huit pages qui, s'ils étaient retenus parmi les gagnants de leur concours interne, étaient publiés sur le site. Jordan va voir trois de ses histoires publiées à ce moment-là. Un premier pas vers son désir de travailler pour une industrie qui a beaucoup moins de places que d'artistes qui poussent au portillon.

Pourtant, cela fait un moment que le jeune écrivain traine dans le milieu, puisqu'il a longtemps écrit pour le compte de Comic Book Ressources, le principal site d'infos sur les comics américain. Il n'a de cesse de disserter du travail de ses contemporains, il a même des idées bien arrêtées sur ce que signifie écrire des comics. Il va mettre ses opinions en application à de nombreuses reprises, envoyant sans cesse des pitchs qui seront refusés au fur et à mesure.

Un étrange talent

C'est finalement Image Comics qui va lui donner sa chance en 2011 pour une mini-série en six épisodes. Selon les termes de leur contrat, ce n'est pas très risqué pour l'éditeur, puisque les recettes des trois premiers numéros (soit ceux qui se vendent le plus) leur reviennent intégralement. Ainsi, si l'artiste récupère tous les droits d'auteurs et des primes plus qu'intéressantes si sa série marche, il peut aussi rien n'en retirer si son titre ne rencontre pas le succès.

Il va donc s'associer à un ami dessinateur tout aussi peu connu que lui dans le milieu : Trad Moore (qui sera sans doute évoqué à nouveau dans cette rubrique, rien que pour la corde Tite Kubesque qu'il a fait vibrer en nous grâce à Ghost Rider). Les deux vont alors livrer The Strange Talent of Luther Strode, l'histoire d'un garçon persécuté qui trouve à l'arrière d'un vieux comic book une publicité pour une formule qui permet de devenir bien plus fort. Non seulement la formule va marcher au-delà de toutes espérances, mais elle va carrément transformer le jeune Luther en un mastodonte fait de muscles et d'envies de massacre.

Cette fable adolescente survitaminée et remplie d'hémoglobine qui gicle à mesure que le héros gagne en puissance va rencontrer un franc succès auprès d'un public qui sera largement acquis à sa cause. Pas au point d'en faire le nouveau Walking Dead, Justin Jordan n'a toujours pas acheté de villa en front de mer, mais assez pour attirer l'attention d'éditeurs qui sentent le bon coup venir et qui vont lui faire plus de propositions de boulot qu'il n'aurait pu en rêver.

Ne jamais s'arrêter d'écrire

Les premiers à lui sauter dessus seront DC Comics, qui font en quelque sorte un retour sur investissement après l'avoir accueilli sur Zuda. Ils vont lui proposer de reprendre Green Lantern : New Guardians. Ce ne sera que la première série qu'il va écrire pour la Distinguée Concurrence puisqu'il sera amené à reprendre de nombreux titres, comme Deathstroke ou Superboy. Il va même lancer une nouvelle série avec Team 7, qui sera une belle plantade dans les règles de l'Art.

L'expérience DC Comics de Justin Jordan n'est pour le moment pas très concluante, mais c'est assez ironiquement chez un éditeur plus modeste qu'il se fait un nom de scénariste de licences. En effet, depuis qu'il a lancé Shadowman chez Valiant, il est devenu un écrivain beaucoup plus en vue. Il a d'ailleurs participé à l'écriture de nombreux titres de l'éditeur lors d'un mois spécial. Il montre ainsi, plus que sur les titres déjà boiteux de DC, qu'il peut se plier aux exigences de l'industrie des comics.

Ce n'est pas pour autant qu'il s'est arrêté de produire en creator-owned, bien au contraire. Déjà, il a continué l'histoire qui l'a fait connaitre avec The Legend of Luther Strode. En 2013 déjà, il signe avec un autre Young Gun, Matteo Scalera, la série Dead Body Road. L'année suivante, toujours chez Image Comics mais avec le dessinateur Kyle Strahm, il va lancer Spread où il présente une humanité qui a presque été décimée après avoir relâché un mal ancien et mystérieux.

Toujours en 2014, une année faste pour lui, Justin Jordan va lancer pour le compte d'Avatar Press, il collabore aussi avec eux en ayant repris Crossed : Badlands, la série Dark Gods où il se livre à l'écriture lovecraftienne en faisant revenir d'anciennes divinités pas forcément hyper sympas. Autre éditeur, autre série, il lance à la fin de l'année Deep State chez BOOM! Studios avec la dessinatrice Ariela Kristantina. Ce stakhanoviste de l'écriture a donc déjà une belle bibliographie derrière lui alors qu'il n'a véritablement commencé sa carrière professionnelle qu'en 2011.

Alfro
à lire également
Commentaires (0)
Vous devez être connecté pour participer