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Dan Abnett et Andy Lanning : La révolution discrète

Dan Abnett et Andy Lanning : La révolution discrète

DossierMarvel

Sans eux, nous n'aurions peut-être jamais vu les Gardiens de la Galaxie arriver sur les grands écrans. Dan Abnett et Andy Lanning, deux scénaristes britanniques qui n'étaient pas vraiment connus avant de débarquer sur ce titre et qui ont réussi le tour de force de donner un potentiel fulgurant à une équipe qui était jusque-là assez obscure.

1. De l'Angleterre aux étoiles
Chapitre 1

De l'Angleterre aux étoiles

Quand Dan Abnett arrive chez Marvel, il a déjà un sacré passif derrière lui. Surtout, il connait bien le travail que lui demande la Maison des Idées. Mettre en place une cosmogonie, faire du space-opera majestueux mais pas dépourvu de réflexion ? Tout ça, il l'a déjà fait. Chez Games Workshop, oui le fabriquant de jeu de plateau où l'on s'affronte à grands coups d'armées que les joueurs réunissent patiemment et peignent par eux-même. Quel rapport avec les Gardiens de la Galaxie ? Un univers incroyablement riche et complexe.

Car, comme si bon nombre de ses compatriotes il a commencé dans les pages des publications 2000AD, c'est véritablement en écrivant des romans pour Warhammer 40,000 qu'il va faire ses armes sur les univers cosmiques. Des romans qui dépeignent un univers où un grand nombre de forces en présences ont chacun leurs enjeux et où la métaphysique se mêle allégrement à de complexes intrigues militaires et politiques, le tout saupoudré de concepts poussés de science-fiction. En gros, il apprend dans la société britannique à mettre en place des mondes cohérents et subtils, où il doit jongler avec différentes conceptions de l'univers. Que ce soit le Chaos, directement inspiré par les magiciens occultes (ce n'est pas pour rien que l'on y retrouve de nombreuses références à Aleister Crowley et ses disciples anarchistes), l'Empire et son pragmatisme politique teinté de croyances dogmatiques ou encore des castes nihilistes qui parsèment l'univers. L'enfance de l'art pour quelqu'un qui va être amené à circuler dans une galaxie aux multiples points de vue.

Pendant ce temps-là, Andy Lanning commence déjà à se faire un nom dans les comics. Seulement, personne ne se doute alors qu'il est un scénariste en puissance. En effet, lui aussi fait ses premières armes chez 2000AD, comme dessinateur principalement. Puis quand il va traverser l'Atlantique, c'est en temps qu'encreur qu'il va se faire un nom. Même lorsqu'il va retrouver Abnett sur Punisher : Year One ou Resurrection Man, on le voit comme un très bon encreur (il encre des dessinateurs comme Dale Eaglesham ou Jackson Guice, de quoi s'amuser), et on laisse le crédit scénaristique à son ami, alors même qu'il participe déjà activement à la mise en place de l'histoire.

Les deux vont pourtant prendre en main l'univers cosmique de DC Comics avec Legion Lost, dessiné par les frenchies Olivier Coipel et Pascal Alixe qui font là leurs débuts dans le monde de la bande dessinée américaine. Grâce à cette série, et son spin-off The Legion, ils vont commencer à se faire un nom. Pas suffisant cependant pour obtenir un blockbuster, Marvel leur confiant la série solo d'Iceman. Petit à petit cependant, ils se rapprochent de titres plus importants, comme lorsqu'ils travaillent sur Majestic.

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2. Guides de voyage dans la galaxie
Chapitre 2

Guides de voyage dans la galaxie

Marvel va alors leur demander de participer à leur event cosmique Annihilation. Ce dernier est surtout là pour raviver un secteur de leurs publications laissé un peu à l'abandon depuis que Jim Starlin ne leur apporte plus la dose habituelle de confrontation avec Thanos. Toutes ces races extraterrestres laissées sur le carreau retrouvent un nouvel intérêt avec l'arrivée de la menace du Phalanx. Pourtant, c'est surtout à Keith Giffen que la Maison des Idées a donné les clés de son univers cosmique. Ce vétéran reconnu pour son travail sur des séries comme Justice League International ou la Légion des Super-Héros est la véritable star de l'event.

Si les deux scénaristes britanniques participent aux réunions éditoriales, le projet reste celui de Giffen et de l'éditeur Andy Schmidt. Eux se contenteront d'écrire le tie-in Annihilation : Nova. Pourtant, lorsqu'ils se rendent compte que l'event fonctionne bien, ils vont encore faire appel à eux. Schmidt va même leur demander de superviser la suite, Annihilation : Conquest. De fil en aiguille, ils vont se retrouver à faire bien plus que de la supervision, ils vont dévoiler leur goût pour l'écriture totale, puisque petit à petit ils vont se mettre à écrire le Prologue, puis la mini-série elle-même et bien sûr le tie-in de Nova. Là où l'on attendait d'eux qu'ils organisent l'event, ils vont finalement finir par tout écrire, et jeter les bases du nouveau statu quo de la ligne cosmique de Marvel. Keith Giffen n'écrira lui que la série consacrée à Star-Lord.

Voyant le succès, et les intentions des deux auteurs, Marvel va avoir la bonne idée de leur laisser les clés de cette branche. Leur réflexion est bien simple, ces personnages et trames narratives sont de toute façon tombées en désuétude, alors pourquoi ne pas laisser ces deux Anglais qui aiment vraiment beaucoup la bière faire ce qu'ils veulent. Cela ne pas être pire que rien et cela aura au moins l'avantage de faire vivre des licences qui n'intéressaient alors plus personne. Si le succès est en plus au rendez-vous, ce sera un heureux accident. Si bien que l'équipe qu'ils ont fait naître dans les geôles de l'Empire Kree, les Gardiens de la Galaxie nouvelle génération, vont alors avoir le droit à une nouvelle série.

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3. Occuper le Néant
Chapitre 3

Occuper le Néant

Arrivés à ce stade, ceux que l'on commence à surnommer DnA, vont alors avoir carte blanche. Ils lancent donc deux séries conjointement, Nova, qu'ils écrivent depuis déjà un moment à travers les mini-séries successives, et Guardians of the Galaxy nouvelle génération. Le premier constat qui va être rapidement fait, c'est qu'ils ont lu intensément ce qu'a fait Jim Starlin et vont redynamiser des concepts qu'il avait créé dans ses fulgurances psychédéliques. De l'Église de la Vérité Universelle en passant par le complexe Adam Warlock, tout en n'oubliant pas de traiter des nombreuses ramifications laissées dans le sillage des histoires avec Thanos, ils vont s'emparer de toutes ces intrigues laissées en suspend et leur apporter une conclusion bien des années après.

Surtout, ils vont profiter d'être les seuls à avoir la main sur cette partie de l'univers Marvel pour le réorganiser. Ils ont bien saisi que l'un des aspects les plus importants du space-opera est de jouer avec les intrigues politiques et religieuses. Ce genre n'étant que la prolongation de la fantasy dans un univers fait de vaisseaux spatiaux et de blasters, ils en prennent tous les codes. Aventures épiques, interrogations métaphysiques et politique décortiquée à l'envie. Les deux compères vont, dans leur entreprise de construction d'univers, recréer un ensemble cohérent et normé, surtout, ils vont comprendre que ce genre nécessite de faire appel à des idées venues de la science-fiction plus que du genre super-héroïque en soit. Ainsi, si les Gardiens sont à n'en pas douter des héros, ils évoluent dans un monde qui bien souvent les dépasse. Comme lorsqu'ils doivent faire face à Magus, personnalité obscure de Warlock qui fait appel à des concepts religieux et philosophiques qui rappellent les plus belles heures de la SF des années 70.

Les deux artistes vont avoir l'avantage d'être laissés tranquillement dans leur coin par Marvel. Ils vont alors développer des events qui sont la conséquence directe de ce qui se passe dans leurs séries. Ainsi, War of Kings va débouler, point d'orgue d'un affrontement entre Vulcan et les Inhumains qui se sont entretemps emparés de l'Empire Kree. Là encore, la grande force de l'intrigue de DnA va être de présenter des héros dépassés par les événements, pris dans la tourmente d'un affrontement qui les dépasse complètement. En utilisant Vulcan et Flèche Noire, ils vont montrer l'écart de puissance qui sépare les Gardiens de ces personnages qui sont quasiment des dieux en terme de possibilité. D'ailleurs, ce n'est pas pour rien qu'ils ne pourront rien faire pour y remédier, ils vont être trimballés au gré de ces énergumènes qui peuvent raser une planète par un cri. Lorsque nous voyons Nova tenter désespérément de sauver les populations prisent dans le conflit, l'on comprend soudain que les Britanniques viennent de faire rentrer le concept de Surhomme dans une nouvelle dimension.

Ils ont d'ailleurs continuer à jouer avec ces idées, comme lorsqu'ils vont inventer dans Realm of Kings, suite logique de War of Kings, le Cancerverse. Cet univers qui emprunte énormément aux théories occultes et qui possède un concept intéressant, un univers où la Mort a disparu, la Vie ayant gagné son combat. Un monde déséquilibré et corrompu. Encore une fois, retrouver de tels concepts chez Marvel montre bien la liberté qu'ils ont acquis. Seulement, la Maison des Idées commence à se dire qu'il serait bien de faire rentrer leur ligne cosmique dans une dynamique plus accessible, car ils sont bien conscients du succès qu'elle a rapporté. Alors Abnett et Lanning vont devoir conclure leur histoire avec Thanos Imperative, fin logique qui voit le retour de celui par qui tout a commencé. Mais une fin artificielle puisque trop courte. Rattrapés par des réalités éditoriales, les deux compères vont mettre un terme à leur aventure cosmique avec Annihilators, pas ce qu'ils ont fait de mieux.

Surtout, l'histoire finit de façon triste, puisque pour une raison encore inconnue, les deux scénaristes qui partageaient près de vingt ans de carrière commune vont se séparer en assez mauvais terme. À la demande de James Gunn lui-même, ils vont s'allier une nouvelle fois pour offrir un prélude en comics au film qui doit tout à leur run. Malheureusement, les contes de fées n'existent pas, et ce comics est véritablement à oublier, difficile de croire que ce sont les mêmes auteurs tellement il est raté. Alors on se contentera de se rappeler leur travail incroyable qu'ils avaient fourni auparavant, et qui restera l'un des sommets de l'univers cosmique de Marvel.

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Chapitre 1

De l'Angleterre aux étoiles

Quand Dan Abnett arrive chez Marvel, il a déjà un sacré passif derrière lui. Surtout, il connait bien le travail que lui demande la Maison des Idées. Mettre en place une cosmogonie, faire du space-opera majestueux mais pas dépourvu de réflexion ? Tout ça, il l'a déjà fait. Chez Games Workshop, oui le fabriquant de jeu de plateau où l'on s'affronte à grands coups d'armées que les joueurs réunissent patiemment et peignent par eux-même. Quel rapport avec les Gardiens de la Galaxie ? Un univers incroyablement riche et complexe.

Car, comme si bon nombre de ses compatriotes il a commencé dans les pages des publications 2000AD, c'est véritablement en écrivant des romans pour Warhammer 40,000 qu'il va faire ses armes sur les univers cosmiques. Des romans qui dépeignent un univers où un grand nombre de forces en présences ont chacun leurs enjeux et où la métaphysique se mêle allégrement à de complexes intrigues militaires et politiques, le tout saupoudré de concepts poussés de science-fiction. En gros, il apprend dans la société britannique à mettre en place des mondes cohérents et subtils, où il doit jongler avec différentes conceptions de l'univers. Que ce soit le Chaos, directement inspiré par les magiciens occultes (ce n'est pas pour rien que l'on y retrouve de nombreuses références à Aleister Crowley et ses disciples anarchistes), l'Empire et son pragmatisme politique teinté de croyances dogmatiques ou encore des castes nihilistes qui parsèment l'univers. L'enfance de l'art pour quelqu'un qui va être amené à circuler dans une galaxie aux multiples points de vue.

Pendant ce temps-là, Andy Lanning commence déjà à se faire un nom dans les comics. Seulement, personne ne se doute alors qu'il est un scénariste en puissance. En effet, lui aussi fait ses premières armes chez 2000AD, comme dessinateur principalement. Puis quand il va traverser l'Atlantique, c'est en temps qu'encreur qu'il va se faire un nom. Même lorsqu'il va retrouver Abnett sur Punisher : Year One ou Resurrection Man, on le voit comme un très bon encreur (il encre des dessinateurs comme Dale Eaglesham ou Jackson Guice, de quoi s'amuser), et on laisse le crédit scénaristique à son ami, alors même qu'il participe déjà activement à la mise en place de l'histoire.

Les deux vont pourtant prendre en main l'univers cosmique de DC Comics avec Legion Lost, dessiné par les frenchies Olivier Coipel et Pascal Alixe qui font là leurs débuts dans le monde de la bande dessinée américaine. Grâce à cette série, et son spin-off The Legion, ils vont commencer à se faire un nom. Pas suffisant cependant pour obtenir un blockbuster, Marvel leur confiant la série solo d'Iceman. Petit à petit cependant, ils se rapprochent de titres plus importants, comme lorsqu'ils travaillent sur Majestic.

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Alfro
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