Depuis le début des New 52, DC Comics tente de faire ressurgir un intérêt pour le comics de guerre en l'introduisant au sein même de son DCverse. Malgré des échecs constants, ils continuent d'insister avec cette fois-ci une invitation du côté de l'horreur avec Star Spangled War Stories feat. G.I. Zombie. Mélange des genres pour tenter de préserver une décision éditoriale qui commence à être difficile à assumer ?
Pour cette mission, assurer la pérennité de marques déposées en continuant de faire vivre ces franchises en lançant un nouveau comics pas vraiment dans l'air du temps, DC Comics a jeté son dévolu sur les deux scénaristes qui arrivent le mieux à naviguer dans les eaux souterraines du DCverse, avec toute cette mythologie qu'ils ont installé sur des séries comme All-Star Western, les inséparables Jimmy Palmiotti et Justin Gray. Les deux savent composer avec toute une palette de contexte, laissant planer assez de réalisme et d'étude du genre pour apporter une base solide et complète à leur récit. Ce travail sur le décor scénaristique leur permet d'aller d'ambiances aussi différentes que le Western le plus crasseux avec Jonah Hex, l'humour aux relents de comic strips avec Power Woman ou ici le réalisme de thriller américain teinté de fantastique, cette ambiance pluvieuse et formelle que l'on pouvait retrouver dans X-Files.
Ils sont d'ailleurs bien aidés là-dedans par Scott Hampton qui, par son trait réaliste — et qui n'est pas sans rappeler Mike Grell — qui affleure toujours sous ses couleurs volontairement passées, donne une atmosphère lourde d'un temps suspendu. Une ambiance à la Stephen King où se seraient invités quelques bikers empruntés à Sons of Anarchy, bien que moins portés sur le folklore de ces amoureux des Harleys. Car c'est dans cette scène inattendue que va commencer ce G.I. Zombie #1. Un bar au fin fond du Mississippi ("surtout colle des alligators sur le plan large d'introduction, ça fait typique") qui semble être le quartier général de la bande d'Hell's du coin. Une découvre alors la maîtrise du langage fleuri de Palmiotti & Gray, qui se délectent de manipuler cette langue qui suinte le bourbon par tous les pores. Encore une fois, il s'agit de décor d'écriture, de la mise en situation maîtrisée jusqu'au bout des ongles. Sauf que dans le décor, il faut y mettre une histoire.
On aurait pu se douter que c'est que ça allait pêcher. C'est qu'à trop vouloir nous installer une ambiance identifiable, jouer avec les codes, il ne rendent plus un hommage mais font un véritable pillage en règle de références. Pour bien insister sur l'étrangeté de la situation, un ancien soldat devenu zombie qui aide le FBI sur un cas de trafic d'armes (ça c'est le plot, en tout et pour tout), ils vont confronter un patchwork de scènes qui montre que leurs références sont clairement télévisuelles, comme évoqué plus haut, et qu'ils ont une bonne connaissance des bases de l'horreur classique. Le problème, c'est que de nous faire le coup de la scène où le héros monstrueux révèle sa part d'ombre en attaquant un civil, ça ne fait plus monter la tension depuis longtemps, surtout que cette même tension horrifique est délayée par cette affaire de trafic (qui s'intensifie dans un cliffhanger obligé par le fait que c'est un premier numéro, mais dont nous aurions tout aussi bien pu nous passer) qui s'épuise dans des dialogues de genres, certes très bien écrit mais qui ne servent en rien la progression narrative.
Ce premier numéro de Star Spangled War Stories feat. G.I. Joe est comme une jolie petite histoire qui s'épanche dans un exercice de style, et qui plutôt que de révéler du génie étale plutôt une leçon bien apprise. Les protagonistes n'ayant pas vraiment de corps dans l'histoire, ils ne nous permettent pas de rester accrochés, intrigués, tandis que l'histoire elle-même est très bien écrite mais pas vraiment passionnante. Le dessin est magnifique, l'écriture solide, mais rien ne semble prendre dans cette histoire bien ennuyeuse.