Aux commandes du dernier event Original Sin, Jason Aaron en profite pour se glisser une mini-série consacrée à son univers Asgardien. Il s'associe donc à Al Ewing, qui gère de son côté la série Loki: Agent of Asgard, pour une cohérence maximale. On a appris depuis que cette mini-série, The Tenth Realm, aurait une grande importance dans l'univers de Thor, mais ce nouveau chapitre nous fait nous demander si cinq numéros, ce n'est pas un peu tirer sur la corde.
Après un bon premier numéro, qui posait les bases, révélait un secret millénaire, et nous projetait très vite vers le Dixième Royaume, on était en droit de se dire que tout allait aller rapidement. Mais c'était sans compter sur un freinage des pieds d'Aaron et Ewing, et probablement de Marvel qui se disait qu'en dessous de 5 numéros, ils auraient du mal à vendre le TPB. Ainsi, ce numéro va nous présenter quasiment deux scènes principales, avec un enchainement très rapide de la rencontre entre Thor et ce nouveau monde.
Quasiment, car la Maison des Idées s'est souvenue qu'un film sortait très prochainement. Marvel possède désormais Angela, et avant de ne savoir qu'en faire, la belle a été placée dans les Guardians of the Galaxy. On avoue que c'était plutôt sympa à lire, même si son développement a été très vite mis de côté, mais c'est surtout l'occasion ici de nous montrer les Gardiens sur deux ou trois pages, dans une introduction qui tire fortement du côté Star Wars. Les Gardiens contre l'Empire du Mal, et ça tombe bien puisque la licence leur appartient aussi désormais.
Si vous pouvez ressentir tout notre cynisme derrière votre écran, c'est que cette mini-série méritait mieux qu'un numéro fait à la va-vite pour augmenter le nombre de titres estivaux. Et les "anges" aussi. Loin d'être un mauvais numéro en soit, il présente notre première rencontre avec ce royaume teasé par Angela à son arrivée chez les Gardiens. Et un monde différent de ce qu'on pourrait attendre, plein de promesses pour sa future rencontre avec les autres royaumes, mais présenté de façon un peu trop simpliste. Thor et Loki jouent leur rôle comme il faut, mais font malheureusement figure de faire-valoir pour découvrir la puissance et les motivations de leurs opposants. Si Loki s'en tire avec les honneurs, Thor en devient celui qui fait la boulette et doit ensuite taper sur tout le monde.
On connait bien le personnage d'Odin, et sa balance morale très approximative. C'était l'occasion de présenter un conflit ancestral où les deux camps avaient tort et raison à la fois. Mais à la place, Asgard en sort avec une bien meilleure image que Heaven, présenté comme un royaume de mercenaires (certes, c'est l'idée d'Angela à l'origine), où le gain est roi, et où il faut être méchant pour le prétexte de l'histoire. Pas sûr que Neil Gaiman aura eu son mot à dire sur cette nouvelle direction.
La déception vient aussi des dessins très inégaux, partagés entre Simone Bianchi et Lee Garbett. Si ce dernier fait très bien son travail sur Loki, la mise en situation aux côtés de Bianchi ne lui rend pas du tout hommage, et donne une hétérogénéité à ce numéro assez désagréable. Alors qu'à côté, les parties seules de Bianchi sont absolument magnifiques, dont une dernière page qui fera rêver les fans d'un certain personnage.
Avec une équipe de choc, un ensemble de personnages passionnant, et la vraie introduction d'Angela dans l'univers Marvel, on ne vous cachera pas qu'on s'attendait à mieux. Un numéro juste sympa au milieu d'un arc aussi important pour Marvel et Thor, c'est ce qu'on appelle un raté de notre côté. À espérer que le Royaume de Heaven et ses anges gagnent en profondeur par la suite, et que la future déchéance de Thor ne soit pas un deus ex machina sorti à la va-vite en fin d'event.
