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Batman Saga Hors-Série 2, la review

Batman Saga Hors-Série 2, la review

ReviewUrban
On a aimé• Grant Morrison dense mais accessible
• Les dialogues savoureux
• Le meilleur de Batman and Robin rencontre le meilleur de Batman Incorporated
• Chris Burnham
On a moins aimé
Notre note

Alors que Scott Snyder présentera dans le prochain BATMAN SAGA son arc narratif centré sur le Joker, Grant Morrison étoffe son Batman Incorporated déployé depuis maintenant quelques années. Le premier volume (publié parPanini Comics dans BATMAN UNIVERSE 10 et Urban Comics dans BATMAN SHOWCASE 1) remettait au goût du jour l’idée de « Batmen of All Nations » présentée par Edmond Hamilton il y a maintenant presque soixante ans avec une ambiance pulp décomplexée matinée d’une envie d’histoire complexe à échelle internationale. Le deuxième volume de Batman Incorporated en est la continuité parfaite.

 

Si vous lisez BATMAN SAGA, vous n’êtes pas sans savoir qui se cache derrière l’organisation du Léviathan. En effet, Batman Inc. Leviathan Strikes ! amenait des réponses nécessaires et apportait l’un des fers de lance de la nouvelle série Batman Incorporated. La toute fraîche Batman Inc va donc essayer d’en déjouer les pièges tendus pour y mettre un terme. Grant Morrison amène le personnage vers de nouvelles contrées, à l’opposée d’un Batman classique récent que l’on connaît solitaire et sombre mais vers un combat à l’échelle planétaire qui fait appel à une galerie de personnage étoffée et intéressante tout en prenant acte de la mythologie conséquente du personnage.

Batman and Robin 2.0 ?

En lisant ce BATMAN SAGA HS 2, le parallèle avec Batman and Robin est immanquable. Série phare de Grant Morrison d’une qualité constante, le titre partage de nombreux points communs réjouissants avec Batman Incorporated. Le dessin de Chris Burnham (déjà à l’œuvre sur le premier volumeBatman Incorporated), très proche du trait de Frank Quitely est un bonheur visuel qui nous rappelle forcément les premiers épisodes de Batman and Robin.

Le titre ne partage pas qu’un trait méticuleux et frais puisque à l’instar de son grand frère, Batman Incorporated est d’une lisibilité exemplaire. Sans être dans la référence absolue, Grant Morrison arrive à allier une lecture dense et complexe, au récit classique mais extrêmement bien ficelé et orchestré. Sans chichi, le britannique arrive toujours à malaxer des idées merveilleuses (Malonne refait son grand retour, Pig n’est pas loin) avec un ton foncièrement unique dans l’air du temps. Grant Morrison arrive à ne pas être cloisonné dans le multi-référencé mais impose sa patte qui sied à merveille son récit à échelle internationale. L’un des génies de l’auteur est certainement là.

Les situations du premier épisode viennent forcément rappeler l’arc Batman Reborn (là aussi, premier arc magnifique du magnifiqueBatman and Robin que vous pouvez retrouver dans GRANT MORRISON PRESENTE BATMAN TOME 3) entre le côté macabre accentué par le trait de Chris Burnham, le dynamisme exemplaire et les dialogues d’une richesse incroyable. Là où Scott Snyder ralentit souvent son rythme sur Batman et perd malheureusement certains lecteurs, Grant Morrison arrive à apporter une lecture dense qui ne fait pas l’impasse sur un récit de qualité et plein malgré un rythme mené tambours battants sans véritables temps morts. Une lecture pensée de bout en bout portée par un humour mordant et des dialogues croustillants comme le montre cet exemple concret asséné par le meilleur personnage crée ces dix dernières années (Miles, ne t’inquiètes pas, tu es juste derrière) :

 Damian : « je pue le sang d’animal mort. Dorénavant, je serai végétarien et ceci est la bat-vache. »

 

La transition est toute trouvée puisque Grant Morrison est fier de son Damian Wayne. En plus d’être au cœur d’un combat parental, il crève l’écran  le papier de la première à la dernière page. Grant Morrison écrit Damian Wayne comme un préadolescent orgueilleux, vaniteux mais foncièrement attachant. Et ça marche. Le côté « j’ai toujours raison » de la préadolescence est mis en exergue avec tact et des dialogues qui sonnent souvent très juste. Quand Batman demande à Robin de rester à la Bat-Cave, Damian débarque en Redbird pour aider son père. Lorsque ce dernier n’est pas content de la désobéissance de son fils , celui-ci répond « Tu as dit que Robin était consigné ! Robin ! Pas Redbird ! ». Damian Wayne est nécessaire à Batman, il est certainement le personnage qui a permis à Batman de se renouveler. Damian était une nécessite et amène un nouveau souffle au Caped Crusader. Avec Damian Wayne,Grant Morrison apporte une nouvelle corde à l’arc déjà conséquent de l’univers Batman. Une nouvelle façon de penser les histoires de Batman se dessine et je reste persuadé que ce vent de fraicheur nécessaire est arrivé à un moment idéal.

Un Batman Inc, sans hic.

A ce stade là, on peut facilement penser que Grant Morrison écrit plus une sorte de Batman and Robin 2.0 que Batman Incorporated 2.0. Mais ce serait sans compter les talents d’écritures de l’auteur qui continue à étendre ses pièces du puzzle une à une jusqu’à une confrontation directe qui risque d’être immense et mémorable.

Grant Morrison est malin. En plus d’insuffler une  tension et des retournements de situations prévisibles mais gracieusement mis en place, il a déjà mis un visage sur le Léviathan. C’est Talia Al Ghul qui tient les rennes, le combat n’en est que plus humain et moins international qu’il en a l’air. En faisant s’affronter deux organisations différentes, Grant Morrison fait affronter deux personnes, deux personnes qui s’aiment autant qu’ils se haïssent. Cette relation complexement humaine est accentuée par un deuxième épisode qui rappelle au lecteur l’histoire de Talia al Ghul, de sa naissance à son ascension  formidable.

 

Grant Morrison tire les ficelles de son histoire comme un grand chef d’orchestre et nous rappelle avec Batman Incorporated que nous sommes face à un comics d’équipe où le terme incorportated vient prendre tout son sens. Si le premier tome introduisait les protagonistes avec plus ou moins de réussite, Grant Morrison arrive cette fois-ci à s’induire de la synergie du groupe pour amener la série vers de nouveaux horizons. Le cliffhanger final ne vient qu’appuyer ce propos.

Avec cette « nouvelle » série, Grant Morrison met en avant les deux grandes qualités qu’il a apporté à l’univers du Chevalier Noir : Damian Wayne, le fils prodigue balancé entre deux eaux et la Batman Inc. La confrontation des deux donne un récit hybride riche qui fera certainement de grandes éclaboussures dans un univers qui en connaît certainement plus que les autres héros. Toute la richesse de Batman est là et Grant Morrison prouve encore une fois que son passage sur Batman sera à marquer au fer rouge dans les livres historiques de comics (édité par Ubik).

Un mot sur le Batman Incorporated #0. Au dessin, on retrouve un ancien dessinateur de la série Batman and Robin (13– 16) et The Return of Bruce Wayne #2 : Frazer Irving. Habitué à Grant Morrison, il amène un style opposé à Chris Burnham qui tranche net et surprend. Grant Morrison préfère apporter un éclairage sur la société Batman Inc en elle-même et revient à son origine en faisant appel à la saga L’île du Docteur Mayhew, actuellement dans GRANT MORRISON PRESENTE BATMAN TOME 1. Sans grand coup d’éclat, le numéro se lit avec plaisir sans être nécessairement important.

Enfin, Urban Comics continue à apporter un soin conséquent aux à-côtés du numéro et vient ponctuer avec bienveillance les épisodes de dossiers explicatifs nécessaires avec un scénariste de la trempe de Grant Morrison.

Grant Morrison livre là un travail remarquable. Très accessible mais dense et complet, le britannique allie avec Batman Inc deux points importants de son run Batman-esque : Damian Wayne et la Batman Inc. Si certains passages nous rappellent son Batman and Robin dans la construction de son récit et ses dialogues savoureux, Grant Morrison n’oublie pas l’essentiel et livre sans doute une des histoires récentes les plus passionnantes du personnage.

Woulfo
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