En 1976 Marv Wolfman et John Buscema créent Nova, héros galactique doté de capacités sans limites issues de la force Nova. Mais Nova n’est pas seul, à l’instar du corps des Green Lantern de la distinguée concurrence, il existe un Nova Corps, gardiens de la galaxie, protecteurs des faibles et garants de la justice. Comme un héritage des plus belles heures de lecture livrées par le duo Abnett et Lanning, Jeph Loeb reprend la licence Nova avec une nouvelle tête sous le casque. Sam Alexander, c’est son nom, est un tout jeune Nova encore méconnu. Une orientation plus jeune du personnage qui tend à attirer un lectorat proche des lecteurs d’Ultimate Spider-Man de Bendis pour ne citer que lui. Si la comparaison est si rapidement faite, ce n’est pas pour rien, les similitudes entre les deux sont visibles dès les premières pages.
Sam Alexander est un jeune de son temps, bien dans ses baskets et habile sur son skateboard à roulettes, il va au lycée, se fait martyriser par les gros balourds qui l’entourent et ne connait rien aux filles, même si comme tout le monde il voudrait bien approfondir ce sujet. Sam Alexander a une maman, une petite sœur et à son grand désarroi un père. Loin de la figure paternelle idéale, Jesse est technicien de surfaces dans les couloirs du lycée où son fils étudie. Mais c’est surtout un exemple à ne pas suivre pour un fils qui rêve de s’évader de la petite ville américaine dans laquelle il vit depuis que la lumière a ouvert ses yeux. Jesse est fortement penché sur la bouteille en verre et la canette longue, toujours au bord du renvoi stomacal ou professionnel, ce sont les histoires rocambolesques que racontent ce bonimenteur à ses enfants qui exaspèrent le jeune Sam. Incompris par sa mère et sa sœur vouant toutes les deux un culte à ce semblant d’homme, Sam est dans l’obligation morale de tenir le rang d’homme de la famille. Perdu, les histoires de raton-laveur de l’espace, de devoir galactique et de casques surpuissants vont rattraper le fils du père déchu.
Jeph Loeb plante un décor chargé mais prenant dès les premières pages. L’histoire comme l’on peut l’attendre n’est pas lancée mais c’est dans l’esprit d’un vrai numéro racontant les origines d’un futur héros que lance l’auteur. L’école, les élèves, les responsabilités et les soucis, tout fait penser à une mouture léchée d’Ultimate Spider-Man. Au delà même de l’araignée, les influences touchent beaucoup à Retour Vers Le Futur, outre l’hommage à Strickland repéré par JB, c’est le côté garçon à roulettes, rêvant avec amertume des aventures d’un homme semblant fou qui font clairement penser à McFly. Subtile mélange entre ces deux influences, le cœur des fans est déjà comblé devant une écriture à la fois fraîche et pêchue, oubliant les traits niais que peut amener un titre qui se dit « jeune ». Et encore je vous dis tout ça sans vous évoquer les parties sur Nova. Des teasers toutes les deux pages d’aventures qui s’annoncent grandioses, un space opera sous stéroïdes balancé à coups de laser par un Ed McGuinness plus impressionant qu’une reprise de volée de Muntari.
Jean Gabin dit un jour que ce qui fait un bon film tient en trois points, une bonne histoire, une bonne histoire et une bonne histoire. Fervent défenseur des mots je dois m’incliner aujourd’hui pour poser mes lèvres baveuses sur les souliers d’Ed McGuinness. Si Loeb est bon, McGuinness est un génie. Déjà parce qu’il s’est sauvé de trois pages, noires et pleines d’étoiles, mais c’est surtout par l’explosion des traits que le titre va vous subjuguer. Tout y est parfait, de l’encrage de Dexter Vines aux couleurs de Marte Gracia, officiellement meilleur coloriste selon Cynok, pardon Laura Allred. Doux avec les visages, tendre avec les émotions c’est dans l’action et les doubles pages que l’artiste casse des dents.
Comment mieux réussir un numéro un ? Jeune, pêchu, artistiquement parfait, c’est tout simplement une pure lecture, un pressé de bonheur. Jeph Loeb ravit, Ed McGuiness éblouit et le lecteur sourit, mangez du Nova c’est seulement 2 calories par bouchées.