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Michael Turner ou l’histoire d’une superstar des comics

Michael Turner ou l’histoire d’une superstar des comics

DossierIndé

Depuis sa disparition le 27 juin 2008, Michael Layne Turner a laissé une empreinte indélébile sur l’industrie du comic-book comme s’il en faisait partie depuis des décennies au même titre que certaines légendes. Plus qu’une empreinte, même, c’est un héritage qu’il a légué à ses amis et à ses fans. Mais pourquoi un tel engouement autour d’un artiste aussi jeune ? Au-delà de son style graphique qui, encore aujourd’hui, ne peut laisser indifférent, il était réputé pour être abordable avec son entourage et ses fans. Quelque soit les raisons, il faisait toujours en sorte de combler les gens qu’il aimait et qui l’aimaient (ses proches et bien entendu ses fans). Vous aurez compris pourquoi il est intéressant de revenir sur la vie de Michael Turner.

Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, commençons par parler un petit peu de son coup de crayon qui a su le démarquer assez rapidement des autres artistes et l’élever au rang de star. Depuis ses débuts, le style de Michael Turner s’est affiné. La première chose à savoir le concernant est que les femmes étaient en quelque sorte sa marque de fabrique. Attention, ne vous détrompez pas, il n’y a rien de péjoratif dans ce propos bien au contraire. Il représentait la gente féminine avec une certaine grâce dans ses contours en plus d’en faire des femmes fortes et charismatiques. Cette attention lui a valu une base d’admirateurs et surtout d’admiratrices assez conséquente en plus de son lectorat de base. Mais son talent allait bien au-delà de ça fort heureusement. Un autre point fort de l’artiste résidait dans sa capacité à représenter des décors ultra-fouillés d’abord au niveau de l’architecture urbaine comme il est possible de le voir dans la série Witchblade (au passage, jetez-vous sur le Lively Genesis #20 d’Alfro) pour laquelle il a participé à la création puis, ensuite avec tout ce qui touchait de près ou de loin à l’univers marin grâce à son bébé Fathom (pareil, le Lively Genesis #14 d'Alfro en parle). Michael Turner a su aussi faire évoluer son style vers d’autres univers qu’ils soient futuristes ou encore fantastiques comme on a pu le voir avec la futuriste série Soulfire et un autre titre que tous les fans aimeraient réellement voir naître un jour, Ekos (à l’origine, ce titre devait être fait en partenariat avec l’architecte made in DC, Geoff Jonhs).

Ses débuts dans les comics
 
Croyez-le ou non mais avant de se lancer dans le monde du comic-book, Michael Turner était voué à tout autre chose. Celui qui deviendra plus tard l’artiste préféré de toute une génération devait à l’origine s’orienter vers une carrière médicale en hommage à son beau-père. Oui, vous avez bien lu. Le dessin n’était alors qu’un simple passe-temps. Seulement, peu de temps avant la fin de ses études, il décida de prendre du temps pour lui et de partir du côté des montagnes Rocheuses et plus précisément à Aspen. Pour la petite anecdote, c’est cette petite ville qui inspirera des années plus tard Michael Turner pour le nom de l’héroïne de Fathom ainsi que celui de son propre studio. À la fin de son périple, il prit la direction de San Diego et c’est à ce moment-là que le tournant le plus important dans la vie de l’artiste s’opéra. C’était en plein dans les 90s, en 1993 plus précisément. Le lieu : la San Diego Comic-Con (ou SDCC si vous préférez). Du haut de ses vingt-deux ans, Michael Turner décida de s’y rendre et de présenter ce dont il était capable aux différents éditeurs. Et c’est lors de sa rencontre avec David Wohl (à l’époque rédacteur en chef chez Top Cow entre autre chose) que la vie du jeune homme changea. En effet, après quelques temps, il démarra sa toute nouvelle carrière dans l’univers des comics au sein du studio à la vache. Pour ses premières armes, Michael Turner s’occupa de seconder le papa de Top Cow, Marc Silvestri, en réalisant les décors du neuvième numéro de la série Cyberforce (sorte de X-Men à la sauce cyberpunk).
 

Une ascension fulgurante

Son tout premier travail sous l’étiquette de dessinateur se fera sur un spin-off de Cyberforce en collaboration avec Marc Silvestri sur le titre Codename: Stryke Force #14. Mais ce sera avec un autre spin-off à Cyberforce qu’il dévoilera les bases de tout son talent encore naissant mais déjà relativement bien maîtrisé : Ballistic (mini-série en trois parties scénarisée par Brian Haberlin). Seulement, c’est avec un tout autre titre, plus mystique cette fois-ci, que Michael Turner va devenir une star du comic-book. Avec Marc Silvestri, David Wohl et Brian Haberlin, l’artiste va co-créer Witchblade, série mettant en scène Sara Pezzini (dotée d’un charisme important) faisant partie de la police de New York et ayant en sa possession un gantelet ancestral lui procurant certains pouvoirs. À cette période, la mode dans les comics était aux femmes fatales et bad-girls en tout genre. Mais c’est grâce au coup de crayon de Michael Turner que le titre devint un franc succès auprès du lectorat. Il avait le don de représenter les femmes sans que la gente féminine en soit dénigrée pour autant. Bien loin d’autres artistes, il a d’ailleurs su s’approprier un nouveau type de lectorat en plus de celui faisant partie de ce type de lecture. Ce qu’il faut savoir, c’est que Michael Turner est en grande partie responsable du succès de Witchblade (qui est rapidement propulsé titre phare de Top Cow). Navigant sur le succès de son artiste star ainsi que celui de la série, le studio de Marc Silvestri voudra aussi profiter de la notoriété d’une autre héroïne pour réaliser deux premières histoires les mettant toutes deux en scènes sous le crayon de Michael Turner. Issue de l’univers du jeu vidéo, Lara Croft/Tomb Raider croisera, donc, régulièrement la route de Sara Pezzini sur papier car le studio avait obtenu pour un temps les droits de cet Indiana Jones en jupon. Seulement, le dessinateur a d’autres aspirations en tête.
Énormément talentueux et fasciné par tout ce qui touche au monde marin, Michael Turner en vint par la suite à vouloir travailler sur sa propre création. C’est ce qui donna naissance à la série Fathom en 1998. Plus qu’un voyage dans les fonds marins encore inconnus à l’homme, c’est une découverte qu’il propose dans les pages du titre avec la création de nouveaux peuples aquatiques. Pour guide, c’est Aspen Matthews, jeune biologiste passionnée par l’eau, qu’il nous propose de suivre. C’est la première fois qu’il revêt la casquette de scénariste (en collaboration avec Bill O’Neil) en plus de celle de dessinateur et il s’en sort pour le moins assez bien. Et là, le succès est encore au rendez-vous et propulse le titre dans les meilleures ventes de Top Cow aux côtés de Witchblade. De plus, un crossover réunissant les trois titres phares du catalogue du studio (Fathom, Witchblade et Tomb Raider) fût créé dans l’optique d’intégrer le bébé de Michael Turner au sein du même univers de Sara Pezzini et Lara Croft.
Plus tard, quelques divergences entre Marc Silvestri et Michael Turner ainsi que d’autres aspirations vont pousser ce dernier à s’en aller de Top Cow et à fonder son propre studio tout simplement appelé Aspen MLT en 2003 ("Aspen" en référence à Fathom et "MLT" pour ses initiales) dans lequel on verra naître une autre de ses créations, Soulfire et un jour peut-être verra-t'on et on l’espère sincèrement, Ekos (titre dans lequel les humains envahissent une planète peuplée d’êtres tous plus extraordinaires les uns que les autres). Malheureusement, c’était aussi la période où l’on apprit que l’artiste souffrait d’un cancer des os découvert suite à un accident de ski nautique. Ce qui ne l’empêchait pas malgré tout d’être le plus présent possible dans divers conventions afin de faire plaisir à ses fans en allant à leur rencontre. Car oui, en plus d’être talentueux, Michael Turner faisait passer les autres avant lui que ce soit sa famille, ses amis ou encore ses admirateurs.

Ses travaux pour DC et Marvel

Lorsque Michael Turner était à la tête de son studio Aspen MLT, il se chargea de réaliser quelques travaux à la demande des deux grandes majors que son Marvel Comics et DC Comics. Parmi les travaux qu’il a réalisé, il a permis le retour de Supergirl lors de l’arc s’étalant dans Superman/Batman #8 à #13. Toujours lié au kryptonien, il a scénarisé le crossover Superman: Godfall où on le retrouvait de retour sur sa planète natale. Mis-à-part cela, il fournit, toujours à DC, une grande quantité de couvertures destinées à des titres tels que Flash, Justice League of America, Identity Crisis ou encore Supergirl. Concernant l’autre grand éditeur de comics, Marvel, on retrouve aussi une série de couvertures signées par l’artiste assez importante : Spider-Man/Red Sonja, Civil War, Fantastic Four, Hulk et j’en passe.
Mais Michael Turner ne s’est pas cantonné non plus à ne travailler que pour Marvel et DC en-dehors de son propre studio. Il est aussi à l’origine de nombreuses variant covers pour un autre éditeur, indépendant celui-ci, nommé Dynamite.

Ce qu'il faut savoir...

Peu de temps avant sa disparition le 27 juin 2008, Michael Turner avait en tête un tout nouveau projet de série. Son nom : Homecoming. Tout ce que l’on sait tient en ces quelques mots : une fac avec des extraterrestres. De plus, on devrait retrouver au scénario Scott Lobdell (désormais devenu un habitué d’Aspen MLT car il est en charge de raconter les aventure d’Aspen Matthews dans Fathom).

Enfin, si vous recherchez d’autres informations sur Michael Turner (biographie, couvertures, travaux, etc...), quelques sites existent sur la toile (en français et en anglais) :
¤ Aspen MLT : le site officiel du studio créé par Michael Turner ;
¤ Michael Turner Shrine : tout est dans le titre. C’est un sanctuaire totalement dédié au maître ;
¤ Michael Turner’s Comics : le site français sur Michael Turner avec en prime un forum sur lequel il est possible de partager des discussions concernant l’artiste.

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