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The Wanderer's Treasures #13, Hexed

The Wanderer's Treasures #13, Hexed

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Notre note

Bienvenue dans la nouvelle édition de The Wanderer’s Treasures, désormais décalée au jeudi pour d’impérieuses raisons éditoriales. Au programme cette semaine Lucifer (mais pas qui vous croyez), de la magie, des cambriolages, une course poursuite et même une peluche nommée Spot (et un bonus exceptionnel, lisez bien jusqu'à la fin) Tout ça dans Hexed, mini-série par Michael Alan Nelson (Fall Of Cthulhu) et Emma Rios (Runaways) publiée chez Boom ! en 2008.

HexedHexed est une histoire de fantasy urbaine, genre littéraire mélangeant le fantastique et un environnement urbain contemporain, comme la série de romans Les Dossiers Dresden par Jim Butcher. Mais cette mini emprunte aussi beaucoup aux heist movies (films dont l’intrigue tourne autour d’un vol comme Ocean’s 11 ou Haute Voltige). L’héroïne répond au doux nom de Lucy Jennifer Inacio Das Neves, dite Lucifer (je vous avais prévenus), cambrioleuse de haut vol spécialisée dans les objets magiques. Dès les premières pages on la voit dérober des ailes d’ange sur ordre de son employeuse, Val Brisendine, conservatrice de galerie d’art et surtout amie et mentor de notre voleuse. Mais rassurez vous, Lucifer vole ces ailes pour une bonne cause. Car bien qu’étant une hors-la-loi cynique, l’héroïne est incontestablement une gentille. C’est d’ailleurs à cause de ça qu’elle sera obligée par son ancien employeur, Dietrich Von Huessel (à qui elle a dérobé une coquette somme), de s’emparer du carasinth. Le carasinth est un objet magique qui permet de tuer n’importe qui juste en disant son nom. Mais Dietrich ne s’arrête pas là et exige de Lucifer qu’elle lui fasse rencontrer The Harlot, gardienne des secrets de l’humanité, afin d’apprendre le véritable nom de Madame Cymbaline, éminent et mystérieux personnage du monde de la magie. Je vous laisse additionner deux et deux pour deviner son objectif ultime. Ajoutez à tout cela des démons (dont un voyeur), des gros bras, une course poursuite en voiture digne d’Hollywood, mille et un rebondissements, astuces et retournement de situation et vous obtiendrez une histoire haletante et superbement écrite.

En effet qu’il s’agisse de la gestion du rythme de l’intrigue, de la construction de l’univers ou de l’écriture des personnages, le talent de Michael Alan Nelson force l’admiration. Déjà parce que les évènements s’enchainent de manière fluide, sans temps mort, et que même des éléments a priori insignifiants et liés à l’exposition (le vol du début, la fameuse peluche nommée Spot) sont judicieusement exploités au fil du récit. Bref Hexed est un exemple typique de ce qu’on peut appeler Hexed« la pièce bien faite ». Rien n’est laissé au hasard mais en même temps tout parait naturel. Du grand art. Et en plus c’est enlevé et souvent drôle. Les personnages sont bien croqués et très attachants, à commencer par Lucifer. Roublarde, pétillante, courageuse, loyale, mais pas irréprochable, on a tout de suite envie de la suivre dans ses aventures. Et les autres protagonistes sont tout aussi réussis. Du cruel Dietrich à Val Brisendine, qui se révèlera bien plus coriace que ses airs de gentille snob pouvaient laisser croire, en passant par les divers démons (mention spéciale à Rufus le voyeur) et créatures magiques. Enfin les dialogues sont excellents, et les répliques percutantes  fusent à chaque page.

L’autre force de l’écriture de Nelson c’est la richesse de l’univers qu’il arrive à créer en seulement quatre numéros. La technique qu’il utilise pour y parvenir est finalement simple mais astucieuse. Au lieu de longues et fastidieuses phases d’explications, il préfère nous larguer in medias res à coup d’allusions et références aux divers éléments. Le cas de Lucifer en est une belle illustration. L’héroïne a clairement un lourd passé, comme on le comprend à travers ses liens avec Dietrich, les allusions répétés à un incident dans le Massachusetts ou à la mainmise que The Harlot semble avoir sur elle (qui explique le titre). Mais on ne nous explique pas tout sur elle, loin de là. Certes on a droit à des révélations quand le scénario le justifie, mais il reste des zones d’ombres, donnant l’impression que le personnage existe au-delà du récit. De même on découvre le monde magique de la série sans guide, sans personnage « porte d’entrée » pour poser les questions idiotes et justifier des monologues explicatifs. Ici tous les acteurs savent ce qu’ils font et de quoi ils parlent. Le risque aurait pu être de perdre le lecteur mais le scénariste évite brillamment cet écueil en distillant les informations à bon escient. Juste assez pour qu’on ne sorte pas de l’histoire, mais sans alourdir le récit non plus. Le personnage de Madame Cymbaline est un bon exemple. On sait qu’elle est importante, mais on ne sait jamais qui elle est exactement, ni ce qu’elle est.  Idem pour les démons comme Quandrin. Bref on a à la fois l’impression de voir les personnages évoluer dans un monde complexe dans lequel on débarque juste, mais sans jamais se dire qu'on a raté un épisode. Très fort.

HexedPour ce qui est du dessin Hexed est la première œuvre d’Emma Rios, et la nouvelle venue s’en tire avec les honneurs. Son coup de crayon est leste et vif. Il y a un soupçon de Paul Pope (Batman : Year 100, et qui réalise la couverture du trade paperback) dans les visages de ses personnages et une bonne dose de manga dans le reste. Notamment dans le dynamisme des poses. Elle représente avec le même brio les scènes d’action et celles de dialogue. On notera juste quelques angles de vue parfois bizarres mais d’autres sont si inspirés qu’on passera volontiers sur quelques faux pas (et c’est déjà un bien grand mot). Les mises en page sont assez rock’n’roll, mais jamais au détriment du storytelling. Les designs des personnages sont excellents, qu’il s’agisse des humains aux looks impeccables, ou des êtres magiques en tous genres. Quandrin est répugnant à souhait et The Harlot mérite bien son nom (allez voir un dico pour la traduction, on va éviter la vulgarité ici). Et surtout les divers mondes magiques, tels que les repères des deux êtres mentionnés à l'instant sont visuellement exceptionnels. On sent bien qu’on change d’univers par rapport aux passages dans le monde « réel ». Ceci notamment grâce à l’excellent travail du coloriste Cris Peter. Il utilise toujours des couleurs vives, et sature sa palette dans ces mondes mystiques, accentuant leur aspect artificiel.

Hexed est donc une excellente histoire de braquage et d’escroquerie sur fond de magie, menée tambours battants par un Michael Alan Nelson très inspiré. Le récit remarquablement construit met en scène des personnages intéressants et attachants, à commencer par l’héroïne, qui évoluent dans un univers riche et captivant. Et c’est même drôle. Pour ses débuts Emma Rios fait déjà montre d’une grande maîtrise qu’elle confirmera d’ailleurs par la suite. Le trade paperback regroupant l’intégralité de la mini-série est sorti en 2011 et, cerise sur le gâteau, une version française est disponible sous le titre « Ensorcelée ». C’est assez rare de voir ce genre d’œuvre traduite pour qu’on s’en réjouisse. Il ne me reste donc plus qu’à vous laisser en compagnie de Mlle Lucy Jennifer Inacio Das Neves pour le casse du siècle. Et méfiez vous des peluches toutes mignonnes

Et en bonus exceptionnel cette semaine, voici les liens pour lire l'intégralité de Hexed en ligne et en toute légalité sur Myspace. Je vous conseil d'enregistrer chaque page pour mieux apprécier, les images online étant un poil étirées en hauteur.

http://www.myspace.com/comicbooks/blog/462133402

http://www.myspace.com/comicbooks/blog/470077571

http://www.myspace.com/comicbooks/blog/476008162

http://www.myspace.com/comicbooks/blog/481932456

 

This is Lucifer

Jeffzewanderer
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